JUFFAULT, Mathurin, à Champeaux (1720-1744 ap.)

Selon Jean Quéniart, Mathurin JUFFAULT aurait été organiste de la collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux – non loin de Vitré, en Bretagne – du 25 septembre 1741 au 18 novembre 1744. La dernière date semble avérée. En revanche, la première pose problème puisque la signature de Mathurin JUFFAULT se voit dans les registres paroissiaux dès juillet 1737.
Autre mystère : quel est le lien de ce Mathurin JUFFAULT avec l'organiste homonyme mort à Vitré en 1741 ? Il est vraisemblablement son fils, mais cela reste à démontrer plus solidement.

• 4 août 1720, Angers : Si Mathurin JUFFAULT ultérieurement rencontré à Champeaux est bien fils du Mathurin JUFFAULT observé à Angers et à Vitré, alors il pourrait être cet enfant baptisé le jour de sa naissance à La Trinité, le 4 août 1720. Son père, alors "marchand drapier" [il est attesté comme organiste à partir de 1724], et sa mère, Jeanne Deniau, s'étaient mariés le 2 octobre 1719 à La Trinité d'Angers. Son parrain est François Juffault, "aïeul de l’enfant" et marchand drapier comme son fils. Le père de l'enfant et le grand-père parrain signent tous les deux, ainsi qu'un autre François Juffault. En revanche, sa marraine Perrine-Denise Ragot, "femme de René Juffault aussi marchand drapier", ne sait pas signer. Il s'agit probablement d'une tante par alliance.

• 9 juin 1737, Champeaux : Denis CRETTÉ, sieur CLICOT, meurt "au bourg de Champeaux" à l'âge de "42 ans et demy". Le recteur qui, le lendemain, rédige l'acte de sépulture, précise qu'il était "facteur d'orgue et organiste icy depuis quelques mois", et originaire du diocèse de Meaux.
En juillet, un marché est passé par le chapitre de la collégiale avec Jean BERTRAND, facteur de Vitré, pour achever le travail commencé par le défunt du 9 juin. Selon Marcel Degrutère, les travaux ne sont terminés qu'en septembre 1739. Quel peut alors être le rôle de Mathurin JUFFAULT ? Serait-il arrivé à Champeaux d'abord comme compagnon du facteur d'orgues Jean BERTRAND ? S'il s'agit bien du Mathurin JUFFAULT né à Angers en 1720, il n'aurait alors que 17 ans.
• 7 juillet 1737, Champeaux : La sépulture d'une petite fille de trois mois se fait "en présence des soussignés", parmi lesquels "Mathurin Juffaut". D'autres signatures équivalentes figurent la même année dans le registre paroissial, les 27 octobre, 11 et 23 novembre 1737.
Il en va de même les années suivantes, avec une intensité d'apparition croissante. Notons qu'au fil des années qui suivent, la signature de l'organiste prend davantage d'assurance, son paraphe se complexifie, et peu à peu c'est la graphie "Juffault" qui l'emporte (c'est pourquoi elle a été ici adoptée en 'autorité').
• 26 juillet 1737, Champeaux : Le secrétaire capitulaire note que le chapitre a approuvé le marché passé entre le doyen et Mathurin 'JUFAUD' pour toucher l'orgue. On sait par ce qui est proposé à son successeur, que Mathurin JUFFAULT recevait du chapitre la somme de 40 écus, soit 120 livres par an, outre le logement et les autres émoluments et rétributions attachés à la place.

• 12 mai 1740 : Guy Beslon et Margueritte Ozanne, "demeurant ensemble en ce bourg", choisissent pour parrain de leur fils, Mathurin JUFFAULT, "organiste", et pour marraine la "demoiselle Gillette Guyhard". Tous deux signent : "laguihard" et "Mathurin Juffault". Cet acte confirme donc la fonction d'organiste exercée par Mathurin JUFFAULT, en amont de la date du 25 septembre 1741 publiée par Jean Quéniart.

• 22 décembre 1741, Champeaux : Le secrétaire capitulaire enregistre une démarche de Mathurin-René JUFFAULT "organiste actuel" auprès du chapitre. En effet, l'organiste demande la permission de sous-louer une partie du "louage que le chapitre lui donne", ce qui semble lui être accordé.

• 8 juin 1742 : Mathurin JUFFAULT est à nouveau choisi pour parrain par un couple du village, sans que l'acte apporte de précision supplémentaire.  Mais en novembre 1742, deux actes successifs (une sépulture et un mariage) sont signés "Mathurin Juffault organitre" [sic].
Cette affirmation de sa fonction à travers sa signature se répète ensuite de loin en loin dans le registre, au long des années 1743 et 1744 (par exemple lors de baptêmes les 18 juin 1743 et 11 mars 1744, ou lors de mariages les 21 avril et 19 mai 1744…).

• 6 octobre 1744, Champeaux : À cette date figure la dernière signature de Mathurin JUFFAULT repérée dans le registre paroissial, en bas d'un acte de baptême.
• 18 novembre 1744 : Selon Jean Quéniart, les chanoines de la collégiale de Champeaux licencient JUFFAULT, qui avait "indignement enfoncé de nuit et pris de l'argent dans les archives du château d'Épinay".

• En 1745, le chapitre de Champeaux recrute Jacques GUERRY, après qu'il ait touché l'orgue durant une messe chantée. Le 15 août 1745, pour la première fois, la petite signature "Guerry" apparaît dans le registre paroissial de Champeaux, à l'occasion d'un baptême célébré par le Doyen et Recteur M. de Gennes.

Qu'est devenu alors Mathurin JUFFAULT ? Il n'aurait – en toute logique – que 24 ans. Sa trace se perd après novembre 1744. Merci à qui la retrouvera.

• • • BIBLIOGRAPHIE :
 Jean Quéniart, "De modestes institutions : les Psallettes de collégiales dans le diocèse de Rennes au XVIII^e siècle", Musique en Bretagne, Images et Pratiques, Hommage à Marie-Claire Mussat, PUR, 2003, p.43-56

Mise à jour : 20 mars 2020