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Corrèze

Musique et musiciens d’Église dans le département de la CORRÈZE autour de 1790

Sommaire

Liste des musiciens de la Corrèze

Url pérenne : http://philidor.cmbv.fr/musefrem/correze

 

Si le Limousin dans son ensemble, à travers la grande abbaye Saint-Martial de Limoges, eut du XIe au XIIIe siècle un rayonnement musical considérable allant jusqu’en Aquitaine, il semble que cette extraordinaire vitalité se soit estompée à la période qui intéresse l’enquête Muséfrem. Nous savons toutefois qu’au XVIIe siècle la musique reste bien présente dans les cérémonies religieuses, notamment à travers le livre de raison d’une famille de Tulle, les Baluze (voir bibliographie). Si des études ont été menées sur la musique populaire du Bas-Limousin, la musique religieuse au XVIIIe siècle ne semble pas avoir passionné les historiens. Il est vrai que la quasi disparition des archives modernes des chapitres bas-limousins empêche une recherche approfondie. L’article pionnier de Jean Boutier, relatif aux deux derniers siècles de l’Ancien Régime, représente toutefois une base solide et précieuse (voir bibliographie).

Lorsque la Constituante supprima chapitres et abbayes, les chantres et musiciens se manifestèrent avec empressement auprès des administrateurs pour jouir des indemnités accordées par le décret du 24 juillet 1790. Ce sont ces musiciens ordinaires que l’enquête MUSEFREM ambitionne de faire sortir de l’oubli. Une petite trentaine de musiciens ont d’abord surgi du dépouillement de la sous-série DXIX aux archives nationales par Isabelle Langlois. Puis l’exploration des séries L (maigre) et G (très lacunaire) a été menée aux archives départementales de la Corrèze par Sylvie Granger. J’ai complété ce travail, notamment grâce à l’état-civil ancien et à la bibliographie.

I - DU BAS-LIMOUSIN À LA CORRÈZE : PRÉSENTATION DU TERRITOIRE

Le Bas-Limousin, c’est-à-dire la partie sud du Limousin, faisait partie de la généralité de Limoges. À la veille de la Révolution, sa population avoisinait les 225 000 habitants.

1-Carte du département

Le département de la Corrèze et ses 4 districts créés en 1790 (carte tirée de "La République Française en 88 départements", 1793).

Quelques mois avant la création officielle du département de la Corrèze, les députés du Haut et du Bas-Limousin organisent un comité avec les députés des provinces voisines de la Marche, de l'Auvergne, du Quercy et du Périgord. Après des débats préparatoires entre les députés du Haut et du Bas-Limousin et consultation de ceux des provinces voisines, l'Assemblée nationale décide par un décret du 23 janvier 1790 que « le département du Bas-Limousin dont Tulle est le chef-lieu, est divisé en quatre districts : Tulle, Brive, Uzerche et Ussel ». Le territoire nouvellement dessiné englobe 323 communes partagées en 40 cantons. Le 4 mars 1790, le « département du Bas-Limousin » devient le département de la Corrèze. L'organisation mise en place subit des changements au cours de la décennie suivante. Les quatre districts sont supprimés le 1er vendémiaire an IV (23 septembre 1795) et remplacés le 8 pluviôse an IX (28 janvier 1801) par trois arrondissements, Tulle, Brive et Ussel. Le nombre total de communes est ramené à 292 en 1799. Les 40 cantons sont réduits à 29 le 17 brumaire an X (8 novembre 1801).

Le nouveau département reçoit le nom d’une rivière qui sillonne la partie centrale de son territoire et traverse notamment deux de ses principales villes, Tulle et Brive-la-Gaillarde. Situé à l'ouest du Massif central, il se compose de trois ensembles : la montagne, les plateaux et le bassin de Brive. La montagne culmine à près de mille mètres au Mont-Bessou. Transition entre l'Aquitaine et le Massif central, la Corrèze voit son altitude s'élever graduellement du bassin de Brive au plateau de Millevaches. Ce relief explique la grande variété des climats et des paysages corréziens.

Un terroir rural revivifié par Turgot

Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, la voirie limousine était souvent impraticable, très peu de rivières étaient navigables. Les chemins qui s'étendaient autour de Tulle étaient les plus mal entretenus de l’ancienne province.

••• La nomination de Turgot, en 1761 comme intendant de la généralité de Limoges débouche sur des modifications non négligeables des conditions de circulation dans le Limousin. Il considère que la qualité des routes et des chemins est indispensable pour favoriser les échanges et le marché. Condamnant le système de la corvée tant sur le plan moral qu’économique, Turgot fait refaire les voies de communication par des travailleurs qualifiés. Il est à l'origine de la réfection de la route de Paris à Toulouse traversant le Limousin, de la grande voie reliant Bordeaux à Lyon en passant par Brive et Tulle, ainsi que de celle allant de Limoges à Clermont-Ferrand. L’agronome anglais Arthur Young qui a traversé la province en six jours en juin 1787, du nord au sud, fut séduit par l’état des voies : « La renommée laissée ici par Turgot est considérable, les magnifiques chemins que nous avons suivis, si fort au-dessus de tout ce que j'ai vu en France, comptent parmi ses bonnes œuvres, on leur doit bien ce nom, car il n'employa pas les corvées. »

••• Turgot innove également sur le plan social dans une province notoirement pauvre, où il obtient l'appui du clergé pour la mise en place d'œuvres de charité, particulièrement lors de la grande famine de 1770. Il tente d'apporter un nouvel élan dans le secteur agricole, qui reste essentiel à l’économie de la province, en particulier l'élevage (bovins et chevaux) et la viticulture, activités auxquelles les caractéristiques climatiques et géologiques de l’essentiel du Limousin sont plus favorables qu’à la culture du blé. Le successeur de Turgot, Meulan d’Ablois, dernier des intendants de l’Ancien Régime (1784-1790), reste fidèle aux impulsions de son prédécesseur.

••• Dans ce territoire peu urbanisé, les villes principales sont Tulle, Brive, Uzerche et Ussel. Les deux premières se sont toujours disputé le titre de « capitale du Bas-Limousin ». Toujours est-il qu’à la veille de la Révolution Tulle était la ville la plus peuplée du Bas-Limousin, et qu’elle fut choisie en 1790 pour être le chef-lieu du nouveau département.

Un territoire partagé entre les diocèses de Limoges et de Tulle

Le diocèse de Limoges était à l’origine l’un des plus vastes de France puisque, jusqu’au XIVe siècle, il englobait approximativement les territoires de la Creuse, de la Corrèze et de la Haute-Vienne et débordait légèrement sur les actuels départements de la Charente, de la Vienne, de l’Indre et de la Dordogne. La création en 1317 du diocèse de Tulle, situé au sud-est du Limousin, ne lui enleva qu’une cinquantaine de paroisses sur un total de plus de neuf cents. Ce nouvel évêché, qui appartient à la province ecclésiastique de Bourges, est resté en l’état jusqu’à la Révolution.

En 1789, le pays de Brive et la Marche limousine appartenaient au diocèse de Limoges. Lorsque l’on décide de calquer le découpage des diocèses sur celui des départements, le diocèse de Tulle est étendu à toutes les paroisses du nouveau département de la Corrèze soit près de 300.

II - TULLE : LA DOMINATION MUSICALE DE LA CATHÉDRALE

Malgré l’étroitesse de son diocèse initial, la cathédrale de Tulle présente le corps de musique le plus développé – et le mieux documenté – du corpus corrézien.

« Tulle serait une fort jolie ville… »

           « S’il ne fallait pas venir à Tulle, elle serait une fort jolie ville. Le vallon où elle est située est très beau et on trouve, au sortir des portes, des prairies, des collines couvertes de bois, des enfoncements, des ruisseaux qui sont très propres à faire rêver et qui peuvent en quelque manière consoler de la perte de ces grandes et belles vues que je viens de quitter autour de Paris. La ville est haute et basse ; il y a des quais sur la rivière bien entretenus. Les maisons sont beaucoup plus belles qu’à Limoges et qu’à Poitiers… ».
C’est en ces termes qu’écrivit Mascaron, nommé évêque de Tulle par Louis XIV en 1672, à son amie Mademoiselle de Scudéry. Il poursuit : « Mais tout cela ne me fait point oublier que les abords sont si rudes et que la descente paraît si grande qu’on croit se précipiter dans les abîmes quand on y arrive, et ainsi je ne suis point surpris que ceux qui ne font que passer par Tulle en disent du mal et que ceux qui y séjournent en disent du bien ».

2-Vue de la ville de Tulle

Vue de la ville de Tulle, reproduction d’un dessin à la plume de Martin Fénis, 1695 (Ad19/ 2 Fi 3912).

Tulle ne changea guère de physionomie de Mascaron à la Révolution. Cette petite ville encaissée s’étire le long de la Corrèze : en son centre, vieilles demeures groupées autour de la cathédrale, ruelles sinueuses et montantes, bordées de maisons hautes aux balcons de bois, toits en escalade. Au quartier médiéval se juxtaposent de superbes habitations des XVIe et XVIIIe siècles. Tels sont encore les vieux quartiers de la ville.

••• Sur le plan économique, Tulle était à la fin de l’Ancien Régime renommée pour sa dentelle, recherchée dans toute l’Europe. Cette activité, née dans l’orbite d’Aurillac, s’était développée sous l’impulsion d’Étienne Baluze (1630-1718), un Tulliste devenu homme de confiance de Colbert. Bien placé pour constater la vogue de la dentelle et comprenant le profit que pourraient en tirer « nos filles de Tulle », il se fit – avec l’évêque Mascaron – l’efficace promoteur du « poinct de Tulle » à la cour et à Paris. La traque de tout signe aristocratique pendant la période révolutionnaire provoqua une brutale éclipse de la dentelle de Tulle.

Autre activité prospère, la manufacture d’armes de Tulle. Au XVIIe siècle, sous l’impulsion de deux Tullistes, les ateliers qui avaient pris naissance au siècle précédent le long des cours d’eau se regroupèrent pour former une manufacture de canons de fusil qui devint en 1777 « Manufacture royale ». Enfin, en cette fin du XVIIIe siècle, Tulle était équipée de multiples moulins dont neuf étaient des moulins à papier, les autres étant à drap ou à farine, l’un appartenait au Chapitre de la cathédrale.

••• Des institutions renforçant les fonctions urbaines

La ville était parsemée de bâtiments érigés par divers ordres et congrégations, tels que Récollets, Feuillants, Carmes, Clarisses, Bernardines, Visitandines, Sœurs de Nevers auxquelles fut confié l’hôpital et qui créèrent un pensionnat, Théatins puis Jésuites qui tenaient un collège, et enfin un séminaire confié aux disciples de M. Olier, créateur du premier séminaire français et fondateur de la compagnie des prêtres de Saint-Sulpice. Ainsi que le relève le chanoine Poulbrière (1842-1917), dans son Dictionnaire du diocèse de Tulle, toutes ces institutions furent fermées à la Révolution et le bâtiment des Récollets transformé en prison.

Cette petite ville pouvait s’enorgueillir en 1793 d’être la plus peuplée du département avec 9 600 habitants.

La cathédrale de Tulle et son bas chœur

Depuis le Moyen-Âge, une importante abbaye était implantée à Tulle. Lorsqu’en 1317 fut érigé le nouveau diocèse, l’église abbatiale devint église cathédrale sous le vocable de Saint-Martin, et l’abbé du monastère le premier évêque. Le chapitre fut finalement sécularisé en 1514, et les moines cédèrent la place à seize chanoines séculiers. Une partie des bâtiments monastiques fut ensuite affectée à des fonctions civiles : le grand réfectoire devint tribunal en 1575 et siège du présidial en 1637. Entre temps, les guerres de religion firent des ravages : en 1585, la cathédrale fut mise à sac, les stalles du chœur brûlées…
Comme beaucoup d’évêques aux faibles revenus, celui de Tulle ne manquait pas de se lamenter sur sa situation : « Pour le revenu de l’évêché, il est si petit que si le roy n’a pas la bonté de m’aider il me sera absolument impossible de vivre avec quelque sorte de décence », se plaignait déjà Mascaron.

••• L’érection d’un bas chœur au sein de la cathédrale Saint-Martin est permise par un arrêt du Conseil d’État du 14 janvier 1730 qui alloue une somme annuelle de 1 500 livres à l’entretien d’un « maître de musique et enfans de chœur, d’un organiste et d’un joueur de serpent et à leur défaut pour d’autres musiciens ou chantres gagés ». Le même arrêt dessine avec précision la tenue de ce personnel :
« les musiciens porteront dès lors le surplis et le camail en hiver, le bonnet carré en été ; le maître de musique se reconnaitra en été à une aumusse noire doublée de blanc, en hiver au camail allongé en pointe par derrière avec boutons et garnitures de soie rouge sous le manteau ; les enfants de chœur, quant à eux seront revêtus d’une soutane rouge avec aube, ceinture, calotte et bonnet carré rouge, avec une petite dalmatique sur leur aube aux grandes cérémonies ».

Les musiciens et chantres ont été passablement négligés par l’historiographie locale. Le constat vaut particulièrement pour la situation à la veille de la suppression des institutions religieuses d’Ancien Régime, période placée au cœur de l’enquête Muséfrem. En l’absence des registres de délibérations capitulaires (disparus), les dossiers du Comité ecclésiastique se sont révélés précieux, notamment en donnant accès aux suppliques qui, envoyées par les musiciens aux administrateurs, ont permis de suivre la carrière antérieure des pétitionnaires. À partir de là, les actes d’état civil et les sites de généalogie aidant, nous pouvons quelque peu retracer leur parcours et savoir ce qu’ils sont devenus.

3-Cloître de la cathédrale de Tulle

Le cloître de la cathédrale de Tulle (photo office du tourisme du pays de Tulle).

••• En 1790, le bas chœur de Tulle est composé de onze membres (sacristain et diacres exclus), un organiste, un maître de musique, deux serpents et musiciens, un « chantre » qui se distingue de deux « choristes » et enfin quatre enfants de chœur. La France ecclésiastique de 1790 précise qu’ils sont « tous amovibles ».

La provenance de ces musiciens est diversifiée. Le joueur de serpent, Marin BARON quitta le Nivernais où il avait été enfant de chœur puis chantre et joueur de serpent, pour se retrouver en Limousin, à Saint-Germain-les-Belles d’abord, puis à Tulle. François HAMO, natif d’Orléans, n’a pas vingt ans quand il franchit la Loire pour devenir musicien et serpent à Tulle, ville qu’il ne quittera plus. Dieudonné GAUBERT, maître de musique, originaire de Cahors, est venu en voisin, à l’âge de 23 ans, mais nous ne savons pas quel fut son parcours jusqu’à son arrivée à Tulle. Alexis COMBES, né à un jet de pierre de Tulle, y devient chantre après y avoir été enfant de chœur. Quant à la famille GUILHEMY, c’est une famille de musiciens du cru et qui reste fidèle à ses attaches : chez les GUILHEMY, on naît et meurt à Tulle. Quant aux enfants de chœur, l’on sait que Jérôme BORIE est natif de Tulle, et il est probable que les trois autres le soient également ou sinon de villages proches.

En dehors du maître de musique qui est clerc tonsuré, la totalité des musiciens adultes sont laïcs et mariés. La moyenne d’âge calculée au milieu de l’année 1790 est de 25 ans, ce qui forme un chœur jeune avec des contrastes allant de 10 ans, pour le plus jeune, l’enfant de chœur BROUSCHE, à 51 ans pour le plus âgé, l’organiste Simon GUILHEMY.

En 1790, la somme allouée au bas chœur est supérieure à celle qui avait été prévue par l’arrêt de 1730 : en effet, en nous appuyant sur les pétitions des musiciens, nous constatons que la somme consacrée est au total, pour les salaires seuls, d’environ 2000 livres. En tant que maître de musique, Dieudonné GAUBERT perçoit 500 livres de gages annuels tandis que l’organiste Simon GUILHEMY en reçoit 312. Les musiciens et serpents BARON et HAMO reçoivent 300 livres. Les « choristes » Bernard et Antoine GUILHEMY perçoivent respectivement 300 livres et 250 livres, le jeune chantre Alexis COMBES 144 livres. On voit à travers ces niveaux de gages différenciés se dessiner la hiérarchie interne du bas chœur de Tulle. Ces rétributions, dans l’ensemble modestes, poussent les musiciens à exercer en parallèle une autre activité rémunératrice. Ainsi, Jean-Antoine GUILHEMY, mort en 1789, mentionné sur son acte de décès comme « chantre à la cathédrale » fut le premier facteur des messageries royales de la ville de Tulle. François HAMO est régisseur du chapitre. Marin BARON est qualifié d’instituteur dès 1789.

Quant aux quatre enfants de chœur, ils recevaient une rémunération annuelle, calculée suivant le nombre d’années passées au service du chapitre, ce qui semble être une originalité tulloise : 4 livres par mois jusqu’à 4 ans de service, 5 livres à partir de 5 ans, 6 livres à partir de 7 ans. Bien sûr, comme dans toutes les autres cathédrales, ils bénéficiaient également d’avantages en nature (nourriture, habillement). Pierre GUITARD, âgé de 16 ans, reçoit 60 livres par an, Jérôme BORIE, âgé de 13 ans, 72 livres, Antoine-Guillaume LESTRADE et BROUSCHE, 48 livres chacun. La comparaison de leurs rémunérations permet d’affirmer que le garçon le plus âgé en 1790 n’était pas celui qui avait la plus forte ancienneté : à 16 ans, Pierre GUITARD a entre cinq et sept ans de service seulement, ce qui laisse supposer qu’il avait intégré la maîtrise à l’âge de presque 10 ans (et non pas autour de 7 ans, âge le plus communément observé). Signalons, parmi les anciens enfants de chœur formés à la psallette de la cathédrale Saint-Martin, les membres de la famille Crémont qui exercèrent ensuite leurs talents à Aurillac (Joseph et Antoine CRÉMONT) ou à Limoges (Jean CRÉMONT).

••• Dès la fin de 1790 les membres du bas chœur réclamèrent leur dû auprès du directoire du département de la Corrèze pour aller ensuite affronter de nouveaux horizons. Dieudonné GAUBERT, encore tout jeune homme lorsque la Révolution vint briser ses perspectives de carrière au sein de l’Église, sut rebondir avec brio puisque nous le retrouvons à l’opéra de Bordeaux puis à Paris, dans la chapelle impériale puis royale et enfin à l’Opéra en qualité de haute contre, coryphée et chœur. Il fut le seul à persévérer dans la profession musicale. Les autres musiciens du ci-devant bas chœur de Tulle déclinent un éventail de reconversions diversifiées. Marin BARON devient d’abord secrétaire au département de la Corrèze, puis il quitte Tulle en 1818 pour Clermont-Ferrand où il devient commissaire-priseur et finit ses jours. François HAMO ne quitte pas sa ville adoptive et devient secrétaire de la préfecture. Malgré les maux multiples qui semblaient l’affliger lors de ses suppliques au directoire du district en 1790-1791, il mourut à l’âge de 89 ans, aimé et regretté. Simon GUILHEMY devient « secrétaire de l’ingénieur en chef », très certainement à la manufacture d’armes de Tulle, son fils Bernard devient boulanger, et son autre fils, Antoine, relieur. Alexis COMBES retourne dans son village natal de Favars (à deux heures de marche à l’ouest de Tulle), où il exerce la profession de cordonnier et de cultivateur. Quant aux enfants de chœur, le directoire du département leur avait octroyé une gratification de 60 livres chacun pour qu’ils apprennent un métier. Si nous savons ce qu’est devenu le jeune BORIE, platineur puis armurier, le sort des trois autres demeure, pour l’instant, inconnu.

Quelle conclusion peut-on tirer sur la reconversion des musiciens du chapitre de Tulle ? Au XVIIIe siècle, le statut social des musiciens, malgré leur professionnalisme, s’apparente davantage au monde de l’artisanat dont ils sont souvent issus. Peut-être est-ce pour cela que, excepté GAUBERT qui persiste et devient artiste, les autres deviennent artisans ou, mettant à profit les compétences acquises à la psallette en matière de culture écrite, trouvent de l’emploi dans les administrations nouvelles.

Après la suppression du chapitre à la fin de l’année 1790, le culte continue dans la cathédrale sous l’égide de l’évêque constitutionnel, Mgr Brival, ancien jésuite, et les musiciens semblent avoir dans un premier temps continué leur service comme si de rien n’était. Un Te Deum y fut encore chanté, par exemple, le 17 septembre 1791. Les évènements se précipitèrent sous la Convention. Puis, comme ailleurs, le culte fut proscrit et la cathédrale fermée dès la fin novembre 1792, selon Jacques Saquer. Courant 1793, l’édifice fut saccagé, son dôme détruit ainsi que le chevet, les absidioles et le transept. Transformé tout d’abord en magasin à fourrage et marchandises, il devint une fabrique de canons à fusil.

Malgré l’ordre donné et non suivi de le détruire, son clocher de granit se dresse toujours fièrement au cœur de la ville ; réparée en 1805, la cathédrale fut rendue au culte sous le vocable de Notre Dame. Le diocèse de Tulle, supprimé en 1801 par le Concordat, fut rétabli en 1822.

III - BRIVE ET UZERCHE : DEUX ACTIFS LIEUX DE MUSIQUE

Si, comme il est fréquent, c’est la cathédrale qui regroupe le plus important corps de musique à la fin de l’Ancien Régime, le reste de la future Corrèze n’est pas pour autant un désert musical, comme le prouvent les collégiales de Brive et d’Uzerche.

Brive-la-Gaillarde à la fin de l’Ancien Régime

Brive, dont le qualificatif « la Gaillarde » apparaît dans un document officiel dès le XIVe siècle et signifie la forte, la fortifiée, est en effet protégée par une enceinte hérissée de tours. Lorsqu’en 1787 Arthur Young traverse le Limousin à cheval, c’est en des termes guère flatteurs qu’il fait part de sa découverte de la ville :
       « Du haut de la colline, la vue de Brive est si belle que l’on s’attend à trouver une charmante petite ville, et le charme des environs vous confirme dans cet espoir ; mais, quand on y entre, la déception est de nature à vous inspirer un complet dégoût. Des rues étroites, mal bâties, sales, puantes, privent de soleil et presque d’air les maisons ; il n’y a pas d’exception à faire pour quelques-unes d’entre elles sur la promenade qui sont passables ».

Il faut sans doute relativiser cette description pour le moins sévère, mais il est certain que la vieille cité a gardé son aspect médiéval jusqu’au début du XIXe siècle, lorsque des travaux d’urbanisme modifièrent son aspect. Plusieurs fois remis en état au cours des siècles, le mur d’enceinte disparut complètement après la Révolution. Toutefois, la collégiale Saint-Martin et les quelques vieilles demeures rescapées qui l’entourent donnent encore une petite idée de ce qu’était Brive à la fin de l’Ancien Régime.

••• Sur le plan économique, Brive doit beaucoup aux intendants Pajot et Turgot. Le premier prit l’initiative, en 1759, de créer en Limousin une Société d’agriculture, et c’est grâce au second qu’un arrêt du Conseil du Roi reconnut son existence légale, la divisant en trois bureaux dont l’un résidait à Brive. Ainsi fut favorisée l’introduction de la pomme de terre et du maïs. Des magnaneries furent créées, dont une à l’hôpital, pour développer l’élevage du ver à soie. L’influence heureuse de cette Société favorisa un renouveau de l’économie rurale ; en particulier les cultures de fruits et de primeurs donnèrent à Brive un rôle, de plus en plus important, de marché agricole. La Société fut également très active dans le domaine social et médical, si bien qu’à la veille de la Révolution son influence allait bien au-delà de la région, selon le géographe Pierre Rascol. C’est en 1764 que fut créée la « Manufacture royale de tissage », en réponse à la demande d’un Irlandais émigré en France, d’établir une « fabrique d’étoffes à la façon anglaise ». Turgot décida que l’installation se ferait à Brive, notamment à cause de la proximité de la rivière d’où les marchandises pouvaient être acheminées jusqu’à Bordeaux. Cette manufacture eut une importance considérable jusqu’à la Révolution.

4-Ancienne maison St-Martin

Ancienne maison du prieur adossée au vieux porche de la collégiale St-Martin (carte postale ancienne).

••• Brive-la-Gaillarde comptait en son sein de nombreuses communautés religieuses : Cordeliers, Jacobins remplacés par les Doctrinaires, Récollets, Clarisses, Carmélites, Ursulines. Certaines de ces communautés s’éteignirent d’elles-mêmes. À la veille de la Révolution, il demeurait très peu de Récollets, mais en revanche encore de nombreuses Ursulines. Les Sœurs de Nevers traversèrent la période révolutionnaire tout en prodiguant des soins à l’hôpital. Le couvent des Récollets fut vendu, celui des Ursulines transformé en prison.

À la fin de l’Ancien Régime, toujours selon Rascol, Brive ne comptait que 800 maisons et 5000 habitants.

La collégiale Saint-Martin et son bas chœur

La ville de Brive s’est construite autour de sa collégiale. Née autour du culte d’un saint du Ve siècle, Martin dit « de Brive », cette église importante fut plusieurs fois détruite et reconstruite. C’est en 1574 qu’une bulle pontificale décida de la sécularisation du chapitre, jusqu’alors régulier. Le prieur conserva toutefois les anciens attributs de la fonction, comme en témoigne l’abbé Legros, historien du diocèse de Limoges dont dépend Brive, lors d’un séjour de trois semaines dans cette ville, en 1786 :

"

Le prieur est chef et président né du chapitre, il assemble d’autorité et fait avertir les chanoines de s’y trouver, par le plus jeune d’entre eux. Il a, au chœur, un trône garni de damas cramoisy. Il porte les jours ordinaires, un rochet à manches, au lieu de surplis, avec l’aumusse aux grandes fêtes ; quand il fait l’office, il y ajoute le camail noir, l’étole et la chape de la couleur du jour. Alors il porte des gands et un bâton d’argent, dont la pomme est carrée et surmontée d’une image de St-Martin, aussi d’argent. Il a aussi alors un aumônier, qui est un des vicaires, qui porte son livre et son bougeoir ; un autre porte son bâton. Il a sa mense à part et ne perçoit rien dans celle du chapitre. Son revenu est d’environ 5000 écus ».

"

Le chapitre compte, au début du XVIIIe siècle, 24 chanoines. Les ressources étant faibles, le roi permit, en mars 1746, d’unir à sa mense celle du prieuré de Port-Dieu (ancien monastère bénédictin dépendant de La Chaise-Dieu, situé à une journée de marche au nord-est de Brive, qui n’avait plus qu’un moine). À la veille de la Révolution, selon Poulbrière, le chapitre de Brive était composé de la façon suivante :

"

« Le prieur, le curé de Dampniat, archiprêtre, (simple place au chœur), le chantre, 10 chanoines, 6 vicaires de bas chœur semi prébendiers, 4 enfants de chœur et un maître de psallette. Les enfants de chœur devaient être instruits dans les lettres aux frais du chapitre ».

"

À travers les dossiers du Comité ecclésiastique, nous pouvons dire qu’en 1790 la réalité est sensiblement différente. Le bas chœur compte alors en effet deux musiciens adultes ignorés par Poulbrière ; quant aux enfants de chœur, ils sont au nombre de trois et non de quatre.

••• À Brive, le recrutement est local. Excepté Jacques TOURON, qui est natif de Tulle où il a été enfant de chœur puis musicien, et qui arrive à Brive à l’âge de 19 ans, les trois autres laïcs du bas chœur briviste, Jean-Baptiste GIRON, musicien, les enfants de chœur LAVILLE et LAFON, âgés d’à peine 11 ans, sont tous trois originaires de Brive. Quant au dénommé SALLÉ qui figure en tant qu’enfant de chœur sur « le tableau des pensionnaires ecclésiastiques de Brive » daté de 1791-1792, nous n’avons pas trouvé sa filiation, ni aucune espèce de documents le concernant autre que son nom et sa fonction. Il n’est donc pas certain qu’il ait antérieurement exercé à la collégiale de Brive (peut-être était-il en poste ailleurs ?).

Lorsqu’éclate la Révolution, seul TOURON, âgé de 42 ans, est marié et père de famille. Jean-Baptiste GIRON, de dix ans son cadet, se marie tardivement, en 1794. L’on peut s’attarder sur le cas de GIRON, dont le patronyme oscille entre deux formes radicalement différentes COESSE/COIFFE et GIRON, la seconde forme, qui semble au départ un surnom, tendant à être de plus en plus utilisée à la place du nom. De ce fait l’enquête a été quelque peu compliquée pour cet homme, issu d’une lignée de musiciens, qui succéda à son père maître de psallette, sûrement celui auquel Poulbrière fait référence. Toutefois, elle a permis de retrouver d’intéressantes données biographiques. À la veille de la Révolution, il semble cumuler la fonction de maître de psallette avec celle d’organiste. Notons toutefois que l’orgue semble déficient, du moins en 1787, si l’on en croit l’abbé Legros : « il y a un orgue mais qui ne va pas parce qu’il est dérangé ».

Les « six vicaires de bas chœur semi prébendiers » mentionnés par Poulbrière participent au plain-chant, mais aucun indice ne permet de savoir s’ils prenaient part à la musique. Quatre d’entre eux ont été identifiés, « savoir MM. Lacroix, prêtre, Vicant sous diacre, Laroque & Doneville [Donneville] ». Officiellement semi-prébendés, ils sont parfois appelés « petits vicaires ».

••• Après la fermeture du chapitre, quelle fut la destinée de chacun des membres du bas chœur ? Dans un premier temps ils continuent leur service au sein de l’église devenue paroissiale. En 1791-1792, un tableau donne avec précision les effectifs de la paroisse constitutionnelle. Les semi prébendés disparus, le chant est assuré par deux chantres, LAUMON et LIDON, qui touchent chacun 200 livres. GIRON, l’organiste, et TOURON, maintenant chargé de la fonction de maître de musique, sont toujours en place et reçoivent 300 livres chacun. Quant aux deux enfants de chœur, ils sont rémunérés 80 livres chacun. Jacques TOURON, l’ancien musicien et serpent, devient en 1791 propriétaire d’une partie du site de Saint-Antoine (un ancien ermitage, comprenant une grotte-chapelle, deux petites chapelles et un jardinet), puis exerce la fonction de receveur communal dans la même ville qu’il ne quittera pas jusqu’à sa mort, à l’âge de 80 ans. GIRON, l’organiste, reste fidèle à la vocation familiale de musicien et devient maître ou instituteur de musique, selon les documents. Quant aux deux enfants de chœur, LAFON et LAVILLE, si le premier devient tanneur, nous perdons la trace du second.

La Révolution n’épargna pas Brive-la-Gaillarde. Dès le début de l’année 1790, le premier club du département, « Les Amis de la Constitution », y vit le jour. Il était présidé par l’avocat Lidon, lequel, élu député en 1792, siégea parmi les Girondins. Condamné à mort en 1793, il fuit Bordeaux et se sachant poursuivi, se suicida non loin de Brive. Les prêtres de la commune, étant tous réfractaires, s’étaient défaits de leur fonction. Selon Pierre Pérol, c’est un membre du conseil de la commune qui, « revêtu de ses insignes et coiffé d’un bonnet rouge, symbole de la liberté, accompagnait les morts jusqu’au cimetière ».

Le 1er messidor an II (19 juin 1794), la collégiale Saint-Martin devient le « Temple de l’Être Suprême » et sert de lieu de réunion pour les assemblées de la commune.

Uzerche : un bas chœur étoffé à la collégiale Saint-Pierre

5-Vue d'Uzerche

Vue aérienne de la ville d’Uzerche avec sa collégiale St-Pierre (photo office de tourisme du pays d’Uzerche).

Parmi les multiples descriptions d’Uzerche au fil des siècles, nous retiendrons celles qui correspondent le plus à ce que nous voyons aujourd’hui de cette petite ville. Si Belleforest au XVIe siècle la trouve « belle, plaisante et bien aérée », Saugrain au XVIIIe siècle remarque « sa situation toute particulière sur un rocher élevé et escarpé du côté de la Vézère qui passe au pied […], et affirme « qu’il n’y a point d’habitants qui ne voye la rivière au pied de sa maison ou de son jardin, qu’il n’y a point de maisons, à les regarder par derrière, qui n’ayent l’air d’un petit château à l’antique, avec des pavillons et des tournelles couvertes d’ardoises », et c’est ainsi que l’on a pu dire « Qui a maison à Uzerche a château en Limousin ». Telle se présente encore aujourd’hui la ville d’Uzerche.

Si Uzerche avait été illustrée par un troubadour réputé au XIIe siècle, Gaucelm Feydit, et si elle est remarquée pour son architecture, elle n’a pas sous l’Ancien Régime une vitalité économique particulière. Se situant sur la route de Paris à Toulouse, on y trouve des relais de poste et des cabaretiers et, dès le XVIIIe siècle, on dénombre au moins onze tanneries installées au bord de la Vézère. Un hospice, devenu hôpital général en 1747, est situé vers le bas de la ville. À la veille de la Révolution, résume Corinne Michel (voir bibliographie), Uzerche est une ville peuplée d’hommes de loi, d’artisans et de religieux.

Uzerche possède trois églises à la fin de l’Ancien Régime. L’abbatiale Saint-Pierre domine la ville, non loin se trouve l’église Saint-Nicolas. L’église Notre-Dame dite de la Bécharie est bâtie sur un rocher, dans la boucle de la Vézère.
L’église Saint-Pierre, aujourd'hui au centre du bourg, était l’abbatiale d’un monastère bénédictin fondé en 987. L'établissement, en déclin depuis longtemps, s’affilia dans la seconde moitié du XVIIe siècle à la congrégation de Saint-Maur. Le désordre s’étant installé durablement au sein du monastère, Louis XIV permit aux religieux de poursuivre en cour de Rome la sécularisation de l’abbaye. C’est finalement par une bulle du 18 août 1745 que l’abbaye fut transformée en chapitre séculier.

••• En 1790, le bas chœur de l’église est composé de huit membres : un serpent, un musicien, trois choristes et trois enfants de chœur, auxquels s’ajoutent le bedeau et le sonneur de cloches. Tous n’étaient pas du pays, ce qui contribue à différencier assez nettement le profil du bas chœur d’Uzerche de celui de Brive, où les natifs du lieu dominent. L’attractivité et l’ouverture d’Uzerche à l’extérieur semblent avoir été nettement supérieures. Le serpent puis musicien Charles HOURY eut un parcours chaotique : natif de Paris, il y est enfant de chœur puis serpent ; à vingt ans, il se trouve à Orléans pour un an (le temps de se marier) puis gagne Châtillon-sur-Indre ; de là, il rejoint le chapitre d’Eymoutiers dans le Haut-Limousin pour enfin se retrouver à Uzerche où il se fixera. Le serpent Jean-Claude BARTHÉLÉMY est issu d’une famille de Saint-Dié dans les Vosges, où il est éduqué en tant qu’enfant de chœur au chapitre de la collégiale. Âgé de 19 ans, il quitte sa terre natale pour faire un aller simple et, semble-t-il, direct à Uzerche (soit 600 km) où il devient serpent du chapitre. D’origine plus proche, Pierre DUMONT, natif d’Eymoutiers, quitte le Haut-Limousin à 24 ans pour Tulle où il est choriste, puis arrive six ans plus tard à Uzerche où il est chantre avec Pierre BOUILHAC qui, lui, ne quitte pas sa ville natale. Le choriste Jean-Baptiste JODEAU vient de Bordeaux, à 210 km de là, où il était choriste, puis intègre le chapitre en tant que choriste basse taille. Quant aux enfants de chœur, Joseph FAUGERAS, Jean FAYAT et Pierre SOULET, ils sont tous trois natifs d’Uzerche.

9-Aigle d'Uzerche

 Uzerche : l'aigle autour duquel se groupaient les chantres de Saint-Pierre (cl. M. Meunier, août 2010).

En 1790, sur ces huit membres dépendants du chapitre, on note que quatre sont mariés et pères de famille, un est sûrement célibataire, les trois autres étant les enfants de chœur. La moyenne d’âge calculée au cours de cette année 1790 est de 34 ans, allant de 16 ans pour le plus jeune (Jean FAYAT, enfant de chœur) à 62 ans pour le plus âgé (Pierre DUMONT, choriste).
La somme allouée par le chapitre au bas chœur est de 1370 livres, dont 140 pour le bedeau et le sonneur de cloches. Si le musicien-serpent BARTHÉLÉMY perçoit 328 livres, son homologue Charles HOURY n’en perçoit que 292. Différence de traitement également entre les choristes JODEAU, BOUILHAC et DUMONT qui reçoivent respectivement 250, 200 et 160 livres. Les enfants de chœur, contrairement à ceux de Tulle, ne reçoivent aucun appointement.

••• Après avoir réclamé pension ou gratification au Comité ecclésiastique, que sont devenus les membres du bas chœur d’Uzerche ?

HOURY, bien que parfois mentionné « maître de musique », devient instituteur. BARTHÉLÉMY, quant à lui, a peu survécu à la Révolution puisqu’en 1797 il n’est plus de ce monde. A-t-il eu le temps d’exercer un autre métier ? DUMONT, bien que toujours vivant en 1803, « n’y voie presque plus » avant même 1790. Quant à BOUILHAC, il est devenu charpentier. FAUGERAS est devenu gendarme ; FAYAT, fidèle à la tradition familiale, se fait tailleur d’habits. La reconversion professionnelle de ces musiciens est pour le moins très diversifiée. Toujours est-il qu’ils sont restés à Uzerche ou dans des villages alentour. Qu’est devenu JODEAU ? Avec sa voix de basse, peut-être a-t-il persévéré dans la musique ? Nous ne pouvons rien affirmer à son sujet, de même que pour SOULET sur lequel nous n’avons trouvé aucun renseignement postérieur aux documents des années 1790.

Sous la Révolution, après la suppression de son siège sénéchal et de son chapitre en 1790, Uzerche devient chef-lieu de district. Les bâtiments de l’abbaye sont vendus comme bien national, toutefois l’église ne subit pas de dommages. En revanche, l’église Saint-Nicolas fut complètement démolie et l’église Notre-Dame, desservie jusque vers 1792, « ne vit consommer à peu près sa démolition que vers le milieu du XIXe siècle », selon le chanoine Poulbrière.

IV - D’AUTRES LIEUX DE MUSIQUE DISSÉMINÉS À TRAVERS LE BAS-LIMOUSIN

Trois autres établissements, de statuts divers et d’inégale importance, ont émergé des sources dépouillées comme indiscutables lieux de musique d’Église à la fin de l’Ancien Régime.

Noailles : un petit chapitre qui rémunère un maître de psallette

Le bourg de Noailles, situé à environ deux heures de marche au sud de Brive-la-Gaillarde, fut le berceau d’une lignée illustre d’hommes d’Église et d’État, et c’est ce qui en fait aujourd’hui la notoriété. Les Noailles ont évidemment laissé leur empreinte sur l’église, où ils étaient enterrés, comme l’atteste le caveau situé dans le chœur. Les chapelles ajoutées à la fin du Moyen-Âge servaient au culte privé des châtelains. C’est un Noailles qui, député aux États généraux de 1789, proposa dans la nuit du 4 août l’abolition des privilèges. Ce qui n’empêcha pas sa femme d’être exécutée ; lui-même fut obligé de s’exiler !

6-Château et église de Noailles

Château et église de Noailles (cl. Fred Yvonne, photographie aérienne par cerf-volant, déc. 2015).

••• L’église de Noailles jouxte le château. C’est donc vraisemblablement autour de la chapelle castrale que s’est constituée la paroisse, dont nous connaissons l’existence en 934 par le Cartulaire de Tulle. Les quatorze stalles du chœur témoignent quant à elles de l’existence d’un collège de chanoines, fondé au XVIe siècle. Selon Poulbrière, « l’église paroissiale fut remplacée par une église séculière et collégiale, composée d’un doyenné-cure auquel était annexé un canonicat, et de six autres canonicats réduits plus tard à quatre ». Il donne quelques précisions quant aux nominations : « Le prieur de Brive nommait au premier (ou dans le principe aux deux premiers) de ceux-ci ; la maison de Noailles nommait aux autres, ainsi qu’au doyenné ; l’évêque de Limoges conférait tout ». La tour Est du château devient la résidence des chanoines du chapitre.

••• On manque d’éléments sur le chapitre de Noailles à l’extrême fin de l’Ancien Régime. Jean Baptiste LAUMOND, natif de Brive, reçoit la tonsure cléricale en 1763. Établi comme semi-prébendé au chapitre de Brive en 1766, il est admis maître de psallette au chapitre de Noailles en 1781. Il y est toujours en 1790. Il perçoit 225 livres de gages annuels. Qui dit « maître de psallette » dit nécessairement enfants de chœur, et peut-être à leurs côtés quelques chantres, mais aucun n’a actuellement émergé des dépouillements effectués. Qu’est devenu ensuite le clerc tonsuré ? Nous n’avons pas de traces certaines si ce n’est un passeport pour Paris, daté de 1797, établi aux mêmes prénom et nom, en qualité d’« instructeur ». Mais le nom de famille Laumond est très répandu dans cette région.
L’église de Noailles ne subit aucun préjudice à la Révolution et se dresse toujours fièrement dans son paysage vallonné et verdoyant.

Beaulieu : « pompe et éclat » du culte à l’abbaye Saint-Pierre

7-Abbaye St-Pierre de Beaulieu

De l’abbaye Saint-Pierre de Beaulieu, seule demeure l’abbatiale dont les premières pierres avaient été posées dès le IXe siècle (cl.: https://www.limousin-medieval.com/beaulieu-sur-dordogne).

Beaulieu, sur un méandre de la Dordogne, est implantée au cœur de la Vicomté de Turenne qui, rappelons-le, avait ses propres lois et battait monnaie jusqu’en 1738, date à laquelle la vicomté fut vendue à Louis XV par son dernier détenteur.

C’est vers l’an 843 que Rodolphe de Turenne, alors archevêque de Bourges, séduit par les lieux, décida la construction d’une abbaye bénédictine autour de laquelle, tout naturellement, un bourg se forme.

Sur le chemin entre Limoges et Aurillac, les lieux attirent toute une population d’artisans et de commerçants, ainsi que de nombreux pèlerins venus vénérer les reliques des saints Prime et Félicien, martyrisés en même temps que sainte Foy de Conques. À la fin de l’Ancien Régime la population est estimée à environ 3 000 habitants. Malgré les multiples vicissitudes que Beaulieu eut à subir à travers les siècles, notamment pendant les guerres de religion, elle nous livre encore aujourd’hui par son architecture civile et religieuse un témoignage de ce que fut cette très belle cité.

••• L’abbaye Saint-Pierre avait conservé longtemps les stigmates des guerres de religion durant lesquelles elle avait été par deux fois mise à sac. L’abbatiale, devenue temple réformé pendant plus de quinze ans, avait été entourée de constructions afin de la masquer. C’est à partir du milieu du XVIIe siècle seulement, avec la reprise en mains par les bénédictins de Saint-Maur, que le redressement s’est opéré : rétablissement de la discipline monastique, reconstruction des bâtiments claustraux, installation d’un collège. L’on peut toujours lire sur la façade mutilée de celui-ci, une inscription grecque que Poulbrière traduit ainsi : « Tu cherches le miel des muses ? Arrête-toi ici et bois : je te donnerai un nectar plus doux que tous les miels ». F. Le Hech (Histoire de Beaulieu, 2010) rappelle par ailleurs la présence de Jésuites, détachés de Tulle à Beaulieu, jusqu’à leur expulsion en 1762. Un couvent d’Ursulines voit le jour au cours du XVIIe siècle.

8-Tympan Beaulieu-sur-Dordogne

Tympan de la Parousie, portail sud de l'abbatiale Saint-Pierre de Beaulieu-sur-Dordogne, sculpté vers 1135 (cl. office de tourisme de la vallée de la Dordogne).

••• En 1790, l’abbaye est occupée par seulement six moines, aidés pour les offices par un musicien, Hugues LABROUSSE. Originaire de Sarlat, sa route le mène à Tulle puis à Beaulieu. Âgé de 47 ans en 1791, il est le seul homme de la musique figurant sur la liste des pétitionnaires de l’abbaye de Beaulieu. Ses appointements sont de 300 livres. Bien qu’il soit le seul musicien mentionné, avec deux enfants de chœur non identifiés, les administrateurs du directoire du district argumentent vers 1791 sur le fait « que les offices qui s’y faisoient étoient célébrés avec une espèce de pompe et d’éclat que l’on croyait et que l’on croit encore nécessaire au culte catholique ». Reconverti en instituteur à la fermeture de l’abbaye, Labrousse finit ses jours à Beaulieu en 1819, toujours qualifié de « musicien ».

Le 7 mai 1790, les officiers municipaux dressent l’inventaire du monastère, vendu ensuite comme bien national. L'église devient église paroissiale. Quant à l’abbaye, elle n'échappe pas à la démolition, de même que la chapelle des Jésuites et celle des Ursulines.

Ussel : un organiste chantre à l’église Saint-Martin

Dans le langage courant en Limousin, l'appellation « Montagne limousine » – ou simplement « Montagne » – fait allusion à la partie la plus élevée de la région d’Ussel. Située sur les derniers contreforts du plateau de Millevaches, et plus précisément dans la partie septentrionale du Bas-Limousin, à 100 km à l’est de Limoges, Ussel occupe à une altitude de 630 m un plateau découvert limité par deux rivières réunies.

••• Cet ancien camp romain est devenu une ville avec murs, fossés, portes et faubourgs. Ussel, capitale du duché de Ventadour, est dotée d’une sénéchaussée, d’un hôpital, de couvents et d’un collège fondé par le duc de Ventadour et dont l’enseignement fut confié à des ecclésiastiques séculiers. La ville n’a pas été épargnée par le cortège d’épidémies et de famines des XVIIe et XVIIIe siècles. Sa situation dans la montagne et l’absence de grandes voies de communication nuisent à son développement. Nicole Lemaître n’hésite pas à écrire que « deux mots peuvent caractériser le pays d’Ussel au XVIIIe siècle : médiocrité et stagnation. Une stagnation qui se marque dans le refus de la courbe des baptêmes à s’élever plus haut... Une médiocrité que crient dots et inventaires ». Selon le chanoine Poulbrière, Ussel « comptait à la fin du XVIIIe siècle 2000 paroissiens » seulement. Néanmoins, quelques activités sont très bien représentées, notamment la boucherie et ses dérivés, parmi lesquels la tannerie, ce qui vaudra plus tard le surnom de « Pelauds » aux habitants. L’on peut voir encore aujourd’hui quelques belles et vieilles demeures qui témoignent de la richesse passée de la ville.

••• Ussel appartient au diocèse de Limoges. À la veille de la Révolution subsistent quelques Récollets et des Ursulines. Au cœur de la petite ville se trouvent l’église Saint-Martin et, à proximité, la maison des prêtres communalistes, bâtie au XVIIe siècle. Quant à l’église Saint-Martial, elle est située dans le faubourg appelé alors « Bourbounou » près de l’hospice. Celui-ci, créé en 1269, est occupé dès le XVIIe siècle par les Filles de la charité qui restèrent présentes au-delà de la Révolution.

C’est en 1452 que Charles de Ventadour obtint de l’évêque de Limoges l’institution d’un chapitre collégial dans l’église paroissiale « qui devait se composer de 12 chanoines et de six semi-prébendés. Le premier dignitaire en était même nommé mais par suite de l’opposition faite, l’église revint à son premier état », explique le chanoine Poulbrière. « Le duc de Ventadour, en 1630, reprit l’affaire en mains : le chapitre ne fut pas rétabli ». Saint-Martin d’Ussel conserve donc un statut d’église paroissiale dotée d’une communauté de prêtres. Si Ussel comptait 63 prêtres communalistes en 1546, elle n’en a plus que cinq en 1749 puis un seul en 1768. En 1789, selon Poulbrière, l’église Saint Martin ne compte que trois prêtres.

••• L’église possède un orgue qui fonctionne tout au long du XVIIIe siècle (les vestiges du buffet ont été conservés et sont toujours visibles dans l’église). Grâce aux recherches de Jean Boutier, nous savons que dès 1706 un maître chantre et organiste, Guillaume DUPOUX, est nommé dans l’église paroissiale et qu’à son décès, en 1749, sa fille Jeanne lui succède à l’orgue alors que son gendre Martin PROUSERGUES devient chantre. Après le décès de son épouse en 1766, PROUSERGUES la remplace à l’orgue et se maintient peut-être à ce poste jusqu’en 1783.

C’est cette année-là qu’Augustin BOULLET, natif de Mende dans le Gévaudan, est reçu chantre et organiste à vie. Ses gages sont fixés à 300 livres annuellement, 160 livres payés par la municipalité d'Ussel et 140 livres par les prêtres communalistes de la même ville. Il doit chanter tous les jours les messes de fondation et assister à tous les offices de paroisse. Il exerce jusqu’à la Révolution et devient par la suite professeur de latin, de musique vocale et instrumentale au collège d’Ussel, lorsqu’il est rétabli en 1802 dans l’ancien couvent des Récollets.

• • •

Si l’on constate d’énormes disparités dans les villes évoquées, entre celles qui ont un bas chœur bien doté et celles qui n’ont qu’un organiste ou un musicien unique, il n’en reste pas moins vrai que la musique d’Église est active dans le Bas-Limousin et qu’elle parvient même à y attirer quelques musiciens venus de loin. Comme le souligne Jean Boutier, « du XVIIe au XVIIIe siècle, la musique d’église devient affaire de laïcs ». Dans certains cas, nous constatons que la famille est « lieu de transmission du savoir musical », avec une très grande longévité professionnelle pour ceux qui débutent enfants de chœur et accèdent à la qualité de choristes, mais cela n’empêche pas la mobilité géographique liée à la profession.

À la Révolution, si certains chantres et musiciens se sont tournés vers des professions artisanales, d’autres ont poursuivi leur chemin dans l’enseignement ou les nouvelles administrations. Peu ont poursuivi une carrière musicale.

L’activité musicale et cantorale dans les églises du Bas-Limousin était probablement plus forte dans la réalité que ce que les sources en ont laissé voir jusqu’à présent : d’autres paroisses sans doute rémunéraient là un ou deux chantres, ailleurs un ou une organiste. Nous remercions par avance les lecteurs et lectrices qui auront la générosité de partager leurs découvertes en la matière…

Maÿlis BEAUVAIS
(Master 1, Le Mans Université), octobre 2017
Le travail sur les musiciens de ce département a bénéficié des apports de, notamment :
François Caillou, Bernard Dompnier, Mathieu Gaillard, Sylvie Granger, Isabelle Langlois, Christophe Maillard…

 Mise en page et en ligne : Sylvie Lonchampt et Agnès Delalondre (CMBV)
Cartographie : Isabelle Langlois (CHEC, Université Clermont-Auvergne)

>>> Si vous disposez de documents ou d’informations permettant de compléter la connaissance des musiciens anciens de ce département, vous pouvez signaler tout élément intéressant ICI. Nous vous en remercions à l’avance.
L’amélioration permanente de cette base de données bénéficiera à tous.

 

Les lieux de musique en 1790 en Corrèze

Les lieux de musique documentés pour 1790 dans le département sont présentés par diocèses et par catégories d’établissements : cathédrale, collégiales, abbayes, monastères et couvents, paroisses (ces dernières selon l’ordre alphabétique de la localité au sein de chaque diocèse).

Carte des lieux de musique de la Corrèze en 1790

Les lieux de musique d'Église documentés en 1790 dans le département de la Corrèze

Diocèse De Tulle

Diocèse de Limoges

  

Pour en savoir plus : pistes bibliographiques

Un article fondamental : Jean BOUTIER, « Les musiciens d’église en Bas Limousin aux XVIIe et XVIIIe siècle », Bulletin de la Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze, Tome LXXXVI, année 1983, 83 pages, p.54-61.

  • Georges BOURDEAU, L’abbatiale de Beaulieu sur Dordogne la spiritualité de l’art roman, Office du tourisme de Beaulieu, 2013, 91 pages.
  • Olivier CULLIN, « La musique à Saint-Martial, conclusion provisoire », Saint-Martial de Limoges : ambition politique et production culturelle, publié par Claude Andrault-Schmitt, Université de Tours, CESM, 545 pages, p.521-524.
  • Jean-Pierre DELHOUME, Les campagnes limousines au XVIIIe siècle. Une spécialisation bovine en pays de petite culture, Presses universitaires de Limoges, 2009, 455 pages.
  • Bernard DOMPNIER (dir.), Les bas chœurs d'Auvergne et du Velay. Le métier de musicien d'Église aux XVIIe et XVIIIe siècles, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2010, 404 pages.
  • Francis DUCREUX, Le chapitre cathédral de Tulle de ses origines à la Révolution française, Thèse histoire, P. Chevalier (dir.), Poitiers, 1983, 2 vol dactylographiés, 647 pages.
  • René FAGE, Deux lettres de Mascaron à Mlle de Scudéry, Tulle, Mazeyrie, 1885, 22 pages.
  • René FAGE, « La société des maitres violons de Tulle en 1644 », Bulletin de la société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, T.XLVII, 1925, 220 pages, p.24-36.
  • Louis GIBERT, Le livre de raison des Baluze : registre domestique et chronique tulloise (1566-1641), Tulle, Grauffon, 1888, 92 pages.
  • Stéphane GOMIS, Les Enfants prêtres de paroisses d’Auvergne (XVI-XVIIIe siècle), Presses universitaires de Clermont Ferrand, coll. « Études sur le Massif central », 2006, 546 pages.
  • Frédéric LE HECH, Histoire de Beaulieu sur Dordogne et de son pays, Les Ardents, 2010, 180 pages.
  • Nicole LEMAITRE, Un horizon bloqué : Ussel et la montagne limousine au XVIIe et XVIIIe siècle, Musée du pays d’Ussel, Mémoires et documents sur le Bas-Limousin, 1978, 224 pages.
  • Nicole LEMAITRE, « La communauté des prêtres filleuls d’Ussel à la fin de l’Ancien Régime », Actes du 102e congrès national des sociétés savantes (1977), Histoire moderne, Paris, 1978, 336 pages, p.295-309.
  • Abbé LEYMONERIE, Histoire de Brive la Gaillarde et de ses environs, Brive, Grauffon, 1810, 266 pages.
  • Bastien MAILHOT, Les enfants de chœur des maîtrises du Centre de la France. Les institutions capitulaires d’éducation et leurs élèves aux XVIIe et XVIIIe siècles, thèse de doctorat d'histoire, B. Dompnier (dir.), Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand, 2014, 105 pages.
  • Benoît MALBRANQUE, Le libéralisme à l’essai, Turgot intendant du Limousin (1661-1774), Paris, 2015, 132 pages.
  • Corinne MICHEL, Pays d’Uzerche, Les Ardents, 2008, 155 pages.
  • Joseph NOUAILLAC, « Réfection des routes au XVIIIe siècle », Le Limousin et la monarchie 987- 1987, Lemouzi, n°104, octobre 1987, 116 pages, p.87-90.
  • Pierre PEROL, La très ancienne et belle histoire de Brive-la-Gaillarde, Brive, Chastrusse, 1957, 149 pages.
  • Chanoine POULBRIÈRE (1842-1917), Dictionnaire historique et archéologique des paroisses du diocèse de Tulle, Brive, Chastrusse, 1964, t.1, 507 p, t.2, 557 p, t.3, 523 pages.
  • Évelyne PROUST, « Beaulieu-sur-Dordogne en Bas-Limousin », Dossiers d'Archéologie, no 275, ‎ juillet 2002, 140 pages, p.16-17.
  • Pierre RASCOL, « Brive-la-Gaillarde. Esquisse de géographie urbaine », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, Année 1934, Vol.5, n°3. 364 pages, p.304-310.
  • Jacques SAQUER, La Cathédrale de Tulle, Lemouzi, Tulle, 1970, 95 pages.
  • Jean TRICARD, Le Limousin, pays et identités : enquêtes d’histoire de l’antiquité au XXIe siècle, Pulim, 2006, 577 pages.
  • Arthur YOUNG, Voyage en France pendant les années 1787, 1788, 1789, Vol.1, Paris, Guillaumin, 1860, 424 pages.

Bibliographie élaborée par Maÿlis Beauvais 
(octobre 2017)

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