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Musique et musiciens d’Église dans le département de la MAYENNE autour de 1790
La Mayenne se distinguait curieusement de sa voisine la Sarthe lors de la publication en 2005 des tout premiers résultats de l’enquête Muséfrem alors à ses débuts (« Les Musiciens d’Église en 1790. Premier état d’une enquête sur un groupe professionnel », Annales historiques de la Révolution française, p. 57-82). Fondé sur les trois cartons « Musiciens » de la sous-série D XIX aux Archives nationales (D XIX 90 à 92), ce « premier état » concernait un peu plus de 900 musiciens, répartis dans près de 200 établissements. Or, sur la carte montrant la répartition géographique des musiciens retrouvés, le département de la Sarthe était totalement blanc (« aucune donnée »), alors que celui de la Mayenne affichait un gris relativement soutenu correspondant à « 3 à 5 établissements de fonction » et 10 musiciens identifiés.
Plus de dix ans plus tard, qu’en est-il de nos connaissances sur ce sujet ?
* * *
I - Présentation du département
L’opération de chirurgie administrative entreprise par la Constituante aboutit au décret du 4 février 1790. Il partagea le Maine en deux départements, celui de « Laval ou Bas-Maine », et celui « du Mans ou Haut-Maine », ensuite très vite dénommés respectivement Mayenne et Sarthe, en référence à leur principale rivière. L’actuel département de la Mayenne correspond pour l’essentiel au Bas-Maine d’Ancien Régime, le département de la Sarthe correspondant en gros au Haut-Maine. Mais pour éviter que ces deux moitiés de l’ancienne province du Maine ne donnent naissance à des entités départementales trop petites, on leur adjoint des zones prises sur l’ancienne province d’Anjou : La Flèche, Le Lude et leurs environs pour la Sarthe, Craon et Château-Gontier pour la Mayenne.
Cet ajustement aboutit à conférer au nouveau département de la Mayenne l’allure d’un rectangle presque parfait. Son angle méridional ouest offre la particularité de toucher à trois départements à la fois : l’Ille-et-Vilaine, la Loire-Inférieure (future Loire-Atlantique) et le département de « Mayenne et Loire », qui deviendra peu après le Maine-et-Loire.
Un territoire rural ponctué de petites villes
Plantons le décor : la plus grande partie du Bas-Maine est formée de plateaux mollement ondulés dans lesquels s’encaissent plus ou moins les rivières (la Mayenne et ses affluents comme l’Ernée, la Jouanne ou le Vicoin…, ou encore au sud-est l’Erve et la Vaige qui partent se jeter dans la Sarthe). Le paysage dominant est celui de collines bocagères, quadrillées d’un dense maillage de haies arborées. Minutieusement façonné par l’homme, ce maillage est plus aéré là où les métairies sont nombreuses, plus serré là où dominent les closeries (A. Antoine, Fiefs et villages du Bas-Maine au XVIIIe siècle, p. 174). Dans le nord du département, on trouve des hauteurs plus marquées, qui prolongent les collines de Normandie (Mont des Avaloirs, 417 m, point culminant de la France de l’Ouest) et qui sont caractérisées par fraîcheur et humidité (plus de 900 mm de précipitations par an).
• • • Si polyculture et élevage (bovins, chevaux) structurent les paysages, le rédacteur de La République française en LXXXIV départemens (1793) ne manque pas de noter que la Mayenne produit aussi « des vins » (dans sa partie angevine). Un siècle auparavant, Le Clerc du Flécheray soulignait « il y a assez de pommiers pour fournir le pays de cidre », tout en précisant « qui n’est pas bon » (1698).
L’activité économique du Bas-Maine est fortement marquée par le lin que partout on cultive (dans des clos à lin attentivement soignés) et transforme (rouissage, broyage, filage, tissage). À la tête de cette activité se trouvent des marchands de toile en gros, tel Pierre Duchemin du Tertre étudié par Annie Antoine, qui achètent les toiles écrues et les commercialisent au loin, souvent après blanchiment. Ces toiles sont produites par des milliers d’ouvriers dispersés, travaillant à domicile sur un métier à tisser installé dans leur cave. Plusieurs des chantres de 1790 sont aussi tisserands, en parallèle de leur service à l’église. Enfin, ici ou là, on exploite le minerai de fer, comme à Chailland dont les forges appartiennent à la duchesse de Mazarin (enquête de 1772) ou à Port-Brillet « la plus belle forge de la province » (selon un mémoire de 1761). Contrairement à l’industrie linière profondément intégrée dans le milieu local, cette proto-sidérurgie est un monde à part qui présente la double caractéristique d’appartenir à la noblesse et de faire appel à une main d’œuvre spécialisée extérieure au monde rural environnant. Durant la Révolution, la forge de Port-Brillet sera un bastion républicain.
• • • Humains et marchandises voyagent par la rivière et par quelques routes. La rivière Mayenne a été progressivement aménagée (chaussées, barrages, portes marinières), ce qui depuis le XVIe siècle permet la navigation entre Laval et Angers, principal port fluvial de la région. Mais cette navigation reste difficile : le franchissement des portes marinières est dangereux, les conflits avec les meuniers nombreux. À la descente, de Laval à Angers, les bateaux transportent essentiellement du bois de chauffage et de charpente. À la remontée, d’Angers vers Laval, ils sont chargés de vin, d’ardoises, de charbon, de sel (J. Maillard, L’Ancien Régime et la Révolution en Anjou, p. 253).
La voie terrestre la plus importante est la route royale reliant Paris à Brest, qui traverse le département en suivant d’abord une direction grossièrement nord-sud par Villaine, Mayenne et Laval, puis qui à partir de Laval s’oriente plein ouest vers Vitré (mais une bifurcation poursuit aussi vers le sud, de Laval à Craon). Cette grande voie Paris-Brest est ralentie dans la traversée de Laval par l’obligation d’emprunter le seul pont existant « étroit, d’une construction vicieuse et d’un accès dangereux » selon l’Annuaire de la Mayenne pour l’an XII. De ce pont, le préfet écrit en 1803 que « les charges un peu fortes ne peuvent [le] monter sans secours, ni descendre sans périls ». L’autre axe important est, au sud, la route est-ouest qui relie Sablé-sur-Sarthe à Craon par Château-Gontier et se poursuit ensuite vers l’ouest par Pouancé : dans les années qui précèdent la Révolution, la voie de Craon à Nantes est achevée.
Les musiciens retrouvés en 1790 sont peu nombreux à avoir profité des possibilités de déplacement offertes par ces infrastructures : la majeure partie d’entre eux sont des hommes du cru.
• • • Le réseau urbain est peu dense, dominé par trois villes principales, toutes trois chefs-lieux d’élection : Mayenne (5 000 habitants) au nord, Laval (un peu moins de 15 000 habitants) approximativement au centre du département nouveau, et Château-Gontier (5 à 5 500 habitants), au sud. La République française en LXXXIV départemens, qui établit des distinctions fines entre les divers chefs-lieux de cantons et de districts, qualifiant les uns de « villages », les autres de « bourgs », accorde aussi le rang de « petite ville » à Ambrières (au nord), Craon (au sud-ouest), Ernée (au nord-ouest), Évron (à l’est), Lassay (au nord), Sainte-Suzanne (à l’est) et Villaine (au nord-est).
Le nouveau département est découpé en 7 districts. Outre les trois villes principales (Laval, Château-Gontier, Mayenne), quatre de ces « petites villes » accèdent au rang de chef-lieu de district : Craon (3 700 habitants), Ernée (2 900), Évron (2 800) et Lassay (2 200). Ces 7 districts comportent en tout 68 cantons en 1790.
Les anciens cadres religieux
La Constitution civile du Clergé choisit de faire coïncider circonscriptions religieuses et circonscriptions administratives. Comme l’a été l’ancienne province du Maine, le vaste diocèse du Mans, qui embrassait antérieurement tout le Maine ancien et débordait même sur la Normandie, est lui aussi scindé en deux. De ses paroisses, 227 sont données au nouveau diocèse créé pour le département de la Mayenne, dont le siège est fixé à Laval. À ce nouveau diocèse de Laval sont attribuées également 51 paroisses de la zone méridionale du département, de Saint-Denis d’Anjou à La Roë, qui appartenaient antérieurement au diocèse d’Angers. Le premier évêque de la Mayenne vient lui aussi d’Anjou : Villar avait été principal du collège de La Flèche.
La Mayenne est donc un département au sein duquel on ne trouve aucune cathédrale d’Ancien Régime. Plusieurs collégiales y existaient en revanche : Saint-Tugal et Saint-Michel à Laval même, Saint-Just-Saint-Étienne à Château-Gontier, Saint-Nicolas à Craon. À la veille de la Révolution, le pays est encore parsemé de quelques importants établissements de réguliers. Les uns sont hérités de l’époque médiévale : au premier rang de ceux-ci figurent l’abbaye mauriste d’Évron, mais aussi les abbayes de la Roë, de Fontaine-Daniel, de Clermont (qui selon l’expression de l’abbé Gaugain « achèvent de mourir sous le régime de la commende » [Gaugain, t.1, p. 47]) ou encore le couvent des Cordeliers de Laval. Les autres ont été fondés aux XVIe et XVIIe siècles (parmi eux : les monastères des Ursulines de Laval et d’Azé, près de Château-Gontier, ceux des « Dames Cordelières » du Buron d’Azé et des Calvairiennes de Mayenne, ainsi que le couvent des Dominicains de Craon). Enfin, quelques paroisses puissantes existaient, comme Notre-Dame de Mayenne, Saint-Jean-Baptiste à Château-Gontier, Saint-Vénérand ou La Trinité à Laval.
On ne peut omettre de brièvement dire ici que si la vie musicale n’y a guère laissé de noms célèbres, en revanche il est un domaine de la création artistique dans lequel les églises du Bas-Maine brillent particulièrement : celui des retables (dits « retables lavallois »), étudiés par Jacques Salbert puis Michèle Ménard, et dominés par le talent de l’architecte Pierre Corbineau (XVIIe siècle). Reflets du triomphalisme post-tridentin, ces grands décors auxquels s’adossent les autels sont des architectures luxuriantes de tuffeau et de marbre, soulignées d’or, garnies de statues et de tableaux. Si le tuffeau est amené d’Anjou par la Mayenne canalisée, le marbre est extrait localement (Saint-Berthevin, Argentré). Chaque église rurale possédait au moins un retable, souvent trois. À Laval, on en comptait treize dans la seule église de la Trinité, et dans la ville entière une soixantaine ! Cela va dans le sens de la remarque faite au milieu du XVIIe siècle par l’avocat Leblanc de La Vignolle, qui concluait sa description de Laval en évoquant la magnificence de son clergé : « Il n’y a point de ville où il y ait de plus beaux couvents et de plus belles églises qui embellissent grandement la cité en laquelle le clergé est nombreux et magnifique » (BM Laval, ms 217).
Il conviendra d’examiner pour chacun de ces lieux ce que l’on peut apercevoir de leur activité musicale et cantorale à la veille de la Révolution.
La situation archivistique est très inégale suivant les localités : 23 cantons sur 68 seulement ont conservé des documents des années 1790 (série L). Les dégâts commis en 1793 par « les brigands de la Vendée » ont été réels, aggravés par divers autres accidents ou négligences. Ainsi les archives communales anciennes de Laval ont-elles totalement disparu au cours du XIXe siècle (J. Salbert et J. Surcouf, 1988, p. 121).
II - La vie musicale à Laval à la fin de l’Ancien Régime
Malgré ces pertes documentaires, la ville de Laval au milieu du XVIIIe siècle est bien connue par un plan dressé en 1753 dont une copie est conservée au Musée de Laval, et par un manuscrit de 118 feuillets, copie d’un « État et dénombrement des habitants… pour servir au logement des gens de guerre » la même année 1753 (F-Ad53/ 17 J 94).
Une ville moyenne où l’activité textile règne
Cet état de 1753 permet d’estimer qu’environ 13 000 personnes habitaient alors Laval. Le même document recense 250 appellations professionnelles différentes, parmi lesquelles dominent les métiers du textile (42 % des chefs de famille). La fonction administrative de la ville se traduit par environ 7 % des chefs de feux occupant des offices ou charges diverses. Le clergé est important. Au milieu du siècle suivant, l’abbé Isidore Boullier (1791-1844) écrivait : « En 1789, Laval renfermait un clergé fort nombreux ; on peut en évaluer le personnel à plus de quatre-vingts prêtres tant séculiers que réguliers ». Il soulignait que ce clergé était « vraiment indigène » : « Presque tous ces ecclésiastiques étaient nés à Laval, et y avaient leurs familles » (I. Boullier, 1841, voir bibliographie). En était-il de même pour le personnel musical ?
Les très riches documents de 1753 ont permis la restitution en 3D de la physionomie de la ville au milieu du XVIIIe siècle : http://www.patrimoine.laval.fr/
On trouvera aussi une description concrète de la ville, agrémentée de nombreux plans et croquis, dans l’ouvrage de Frédérique Pitou (Laval au XVIIIe siècle, p. 19-85). Les milieux aisés se concentrent plutôt dans le cœur historique de la cité, installé sur une hauteur, corseté dans son enceinte, dominant la rive droite de la Mayenne. Les tissiers sont innombrables dans les faubourgs, lesquels occupent des zones plus basses, tant rive droite (Saint-Martin) que rive gauche (Saint-Vénérand). Ça et là, de grands établissements religieux marquent le paysage urbain et constituent une sorte de seconde barrière enserrant la ville : les Bénédictines et les Ursulines au sud et au sud-ouest, les Cordeliers à l’ouest, les Capucins au nord, et sur la rive gauche les Jacobins et le chapitre Saint-Michel.
Chaque année, les Lavallois s’offrent en spectacle à eux-mêmes lors de la procession de la Fête-Dieu : « L’ordre de marche des participants est l’image réduite et spectaculaire d’une société urbaine hiérarchisée… » (F. Pitou, p. 11). Les rivalités qui opposent en particulier le chapitre de Saint-Tugal au clergé de la Trinité viennent parfois perturber l’harmonie. Pourtant « le pas y était donné au doyen [du chapitre] sur le curé [de la paroisse] », mais le chapitre aurait voulu aussi « que la direction du chant appartint uniquement à ses choristes » et que le curé de la Trinité « n’eut fait chanter ni hymnes ni répons dans son église en présence du chapitre » (I. Boullier, 1845, p. 250).
À la veille de la Révolution, on compte à Laval 14 800 habitants, dont environ 5 000 travailleurs du textile. La physionomie de la ville est restée à peu près la même qu’au milieu du siècle, si ce n’est que des demeures cossues avec jardins à la française et balcons en fer forgé se sont installées à la périphérie de la ville, à l’initiative des familles bourgeoises enrichies par la toile, les offices ou les forges, avides d’imiter le genre de vie noble.
Des parodies de chants liturgiques aux ballets de collège : aperçus sur la vie culturelle lavalloise
L’activité musicale profane dans la ville se laisse apercevoir sous divers angles.
Les archives de police, scrutées par Frédérique Pitou, ont livré entre 1737 et 1785 une cinquantaine de procédures contre des « coureurs de nuit ». Ces jeunes gens parcourent la ville nuitamment en faisant « mille indignités », parmi lesquelles chanter à pleins poumons « des chansons les plus profanes tant contre la pudeur que contre la religion et sur des chants d’église, entre autres sur celui du Kyrie Eleison et répété même par le violon, ce qui cause un scandale énorme aux habitants…». D’autres « chantaient le gloria patris d’un air de dérision et d’une voix contrefaite ».
Une étroite élite urbaine goûtait occasionnellement aux joies du théâtre, comme en ce jour du 17 décembre 1745 où, dans la salle du Jeu de Paume, on joua Zaïre de Voltaire. De 1722 à 1787, les archives de police livrent 38 requêtes de troupes ou d’artistes demandant l’autorisation de jouer à Laval, soit à peine plus d’une tous les deux ans (mais certaines ont peut-être disparu). Près de la moitié de ces spectacles sont des comédies (F. Pitou, Laval au XVIIIe siècle…, p. 500). Il arrive que certaines requêtes se soldent par un refus des autorités, telle celle présentée par la demoiselle de Saint-Marcel, qui se dit pourtant « de la musique du Prince de Condé » et qui souhaitait donner « quelques concerts spirituels ou autres de musique vocale et instrumentale, dont elle fait profession pour gagner sa vie avec décence » (29 août 1769). Le même public pouvait se retrouver dans divers cercles comme la Société du Jardin Berset, créée à Laval en 1763, où régnaient art de la conversation et lecture des Gazettes, particulièrement celles "d'Hollande", bien entendu.
Des représentations théâtrales entrecoupées d’intermèdes chantés et dansés sont attestées au sein du collège lavallois, dont l’administration relève conjointement de l’Hôtel de Ville et du chapitre Saint-Tugal, à l’occasion de la distribution des prix financés par le chapitre. Le programme de celle du 6 septembre 1753 a été conservé (F-Ad53/ 1Mi 144/8). Les danses « sont de la composition de M. JOSSON le cadet, maître à danser du collège et de la ville de Laval ». La représentation est rehaussée par la venue d’un invité de marque, le frère aîné du maître, Pierre-Olivier JOSSON, maître à danser de l’académie d’Angers, par ailleurs connu pour avoir publié un traité de danse en 1763 et pour être devenu en 1772 lieutenant particulier du roi des violons pour l’Anjou et le Maine… Les deux frères dansent deux duos, puis l’aîné, peut-être masqué, désigné comme « M*** d’Angers » danse en solo le Pierrot de la dernière entrée. La musique entendue lors de cette représentation « est de la composition de M. Frary » : Louis-Joachim FRARY est alors, depuis 1742, le maître de musique de la collégiale Saint-Tugal (il meurt en 1776).
À la collégiale Saint-Tugal
La collégiale Saint-Tugal (parfois appelée Saint-Thugal, voire Saint-Tugdual) est l’église la plus puissante localement. Au milieu du XIXe siècle, Isidore Boullier, la plume trempée dans la nostalgie alors de règle pour évoquer la situation d’avant la Révolution, affirme : « l’office divin s’y célébrait avec beaucoup de dignité ; les cérémonies y étaient brillantes, le chant très soigné » (I. Boulier, 1845).
La réalité est difficile à étudier en profondeur : pas de délibérations capitulaires conservées, des comptes qui s’arrêtent en 1721… Toutefois un manuscrit de la bibliothèque municipale de Laval (ms 347) vient éclairer avec précision la situation de 1790. Plus tôt dans le siècle, on sait aussi qu’un maître de musique de Saint-Tugal, Jean-Baptiste PAPIN, avait remporté deux années consécutives (1731 et 1732) le concours de composition de motets en l’honneur de sainte Cécile institué à la cathédrale du Mans depuis 1633.
Les revenus de Saint-Tugal ne s’élevaient qu’à 9 300 livres par an, selon le pouillé de 1760. Il s’agit d’un chapitre modeste, ne comptant que 13 chanoines, dirigés par un Doyen et un chantre en dignité. Une 14ème prébende est affectée à l’évêque du Mans, « premier chanoine de droit », une autre enfin sert à rémunérer le principal du collège et le maître de musique (BM Laval, ms 347). Sur le plan des effectifs musicaux, Saint-Tugal pèse exactement moitié moins que la cathédrale de son diocèse, Saint-Julien du Mans : 6 musiciens adultes et 4 enfants de chœur, soit un total de 10 personnes (contre 20 au Mans).
• • • Les principales fonctions musicales y sont néanmoins assurées puisque l’on trouve à Saint-Tugal un maître de musique (François BOURDAIS), un organiste (François Pierre COLLET) et quatre chanteurs (François CLÉMENT, Mathurin GRIVEAU, Mathurin LEPRÊTRE et Julien-Grégoire TURMEAU). Ils sont alternativement dits psalteurs, ou chantres, sans jamais plus de précision, l’alternance constante des deux termes montrant qu’ils sont ici tenus pour synonymes. François Clément, le premier chantre, reçoit en plus 60 livres « pour la place de sous-sacristain », ce qui lui fait 420 livres en tout. Les 4 enfants de chœur « étaient logés, nourris, habillés et fournis absolument de toutes choses » et devaient en principe rester dix ans au terme desquels ils recevaient 60 livres de récompense « plus 24 livres pour habillements à leur sortie » (BM Laval, ms 347).
En 1790, le chapitre lavallois entretient deux autres musiciens, qui ne remplissent plus alors totalement les charges de leur emploi. Le système est bien expliqué par le chantre Mathurin Leprêtre dans sa requête autographe : « Le chapitre avoit depuis un certain tems cinq psalteurs, quatre de plain exercice et l’ancien étoit tranquille dans sa place, plus sujet au piquet, venoit à l’office à sa volonté ». Cet « ancien », en 1790, c’est Jean JOSSET, qui à cause de son grand âge n’est plus « sujet au piquet » (c’est-à-dire menacé de retenues sur salaire en cas d’absences). Leprêtre poursuit : « sil étoit trop vieux ou infirme, le chapitre ne tenoit [pas] des gages ordinaires, mais lui donnoit ou lui faisoit donner le necessaire pendant le reste de sa vie ». Tel est également le cas de René MORZEL, non à cause de son âge, lui, mais pour une raison d'ordre psychiatrique : « l’aliénation de son esprit » l’empêche d’exercer ses fonctions, au point même que l’on estime que ses « accès de folie peuvent devenir dangereux ». Ces deux hommes font néanmoins toujours partie des effectifs de la collégiale, et sont mentionnés dans les documents de 1790. Au personnel musical s’ajoutent enfin deux bedeaux et un sonneur.
• • • Au milieu de 1790, le chœur de Saint-Tugal est jeune : 31 ans et demi en moyenne. L’organiste, il est vrai, est âgé de seulement 17 ans et deux mois : après dix ans passés à la psallette, François Pierre COLLET vient d’être reçu comme organiste par le chapitre, le 29 mai 1789. En plus de ce grand enfant de chœur promu organiste, deux jeunes hommes ont été recrutés récemment pour pallier le déclin de Josset et la folie de Morzel, l’un, Julien-Grégoire TURMEAU, en septembre 1788, l’autre, Mathurin GRIVEAU, à Noël 1789. Très logiquement, la durée moyenne d’ancienneté en juillet 1790 n’atteint pas dix ans (exactement 9 ans 7 mois). Toutefois, si l’observation s’était placée un ou deux ans plus tôt, elle aurait abouti à une remarque inverse : avant le changement d’organiste et la retraite de Josset, la collégiale lavalloise alignait un chœur vieillissant, dont la moyenne d’âge approchait de cinquante ans et dont l’ancienneté moyenne dépassait les vingt ans.
• • • Sur le plan des salaires, on observe de grandes disparités. François BOURDAIS, le maître de musique, reçoit 850 livres – charge à lui d’entretenir les 4 enfants de chœur –, tandis que l’organiste ne touche que 200 livres. Il est vrai que l’orgue n’est touché ni pendant l’Avent ni pendant le Carême, et que « le reste de l’année, on ne le touchait qu’aux fêtes chômées et aux premières vêpres des fêtes solennelles », écrit Morin de La Beauluère (1891). Le jeune organiste n’exerce donc pas à plein temps, loin s’en faut, et on peut supposer qu’à 17 ans il poursuivait en même temps des études, peut-être au collège de la ville. Quant aux quatre chanteurs, dont les tessitures ne sont pas précisées dans les sources, ils reçoivent de 300 à 360 livres et complètent leurs revenus en étant tissiers de toile, à l’instar du bien documenté Mathurin LEPRÊTRE (voir bibliographie).
• • • À Saint-Tugal, celui qui vient du plus loin est le psalteur Julien-Grégoire TURMEAU, né à... 30 kilomètres au nord de Laval ! La collégiale vit en autarcie sur les ressources musicales locales, au point que l’on n’observe même aucun chantre venu du Haut Maine, zone appartenant pourtant au même diocèse. Cependant, au sein de cet étroit bassin, deux filières distinctes peuvent être discernées. En 1790, le maître de musique de la collégiale, son jeune organiste, tout comme le vieux chantre retraité Jean Josset, sont tous trois dits « cy-devant enfant de chœur », ce qui indique une formation au sein de la psallette collégiale elle-même. En revanche, aucun des quatre psalteurs de 1790 n’est ainsi qualifié, ce qui laisse supposer plutôt un apprentissage sur le tas, une fois recruté à l’âge adulte sur la qualité de leur voix. Et ce qui ouvre bien des questions sur la solidité de leur bagage et conséquemment sur la qualité des exécutions musicales qu’on pouvait entendre au chœur de Saint-Tugal.
À la Trinité de Laval
Une fois Laval érigé en siège d’évêché, c’est l’église paroissiale de La Trinité qui, à la fin de 1790, est choisie pour devenir cathédrale : Villar, l’évêque constitutionnel s’y installe le 31 mai 1791. L’ancienne collégiale Saint-Tugal devient alors, brièvement, église paroissiale, avant d’être démolie. Une partie de son personnel se replia sur la nouvelle cathédrale. Ainsi un document de ventôse an II qualifiera-t-il « le républicain Lebourdais » [c'est-à-dire François (LE)BOURDAIS, précédemment maître de Saint-Tugal] de « maître de l’absallette [sic] de la ci-devant cathédrale ».
Sous l’Ancien Régime, La Trinité était la principale paroisse de la ville (6 900 habitants de plus de 7 ans recensés en 1753). Au moment de la Révolution, la structure de son corps de musique n’est pas connue avec précision : le chant semble avoir été assuré essentiellement par de nombreux prêtres habitués (une bonne vingtaine selon Louis Saget). La bibliographie ancienne met en exergue deux de ces prêtres portant, l’un, Joseph PÉAN, le titre de chantre, et l’autre, Jean-Marie GALLOT, celui de sous-chantre. Ce dernier, par ailleurs chapelain des Bénédictines, est guillotiné en 1794. La Trinité étant une église paroissiale et non capitulaire, on peut penser qu’il ne s’agit pas de titres affectés à des dignitaires mais bien de chantres actifs. Étaient-ils assistés de psalteurs laïcs ?
Le seul musicien réellement documenté comme tel dans les sources est l’organiste Pierre-Jean RIBALLIER, qui touchait également l’orgue des Cordeliers. Il est d’autant mieux connu que l’on dispose d’une lettre de candidature qu’il envoya, au moment de sa sortie de la psallette en 1772 à la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon [actuel Finistère]. Dans cette lettre, publiée par Marie-Claire Mussat en 2012, il détaille ses talents et met davantage l’accent sur la voix, le violon et la basse que sur l’orgue (« je touche un peu l’orgue »…). Il restera pourtant organiste toute sa vie à Laval, retrouvant la tribune de La Trinité après le Concordat. La tribune, mais pas l’orgue, car le bel orgue de 1770 attribué à Clicquot « qui était, dit-on, magnifique et coûta une somme considérable » (I. Boullier, 1845) avait été détruit en novembre 1793.
À la collégiale Saint-Michel
Seule des églises lavalloises à bénéficier d’une bonne conservation de ses archives anciennes, et en particulier de ses registres capitulaires (F-Ad53/ 24G 21, 1755-1790), la petite collégiale Saint-Michel (encore appelée Saint-Michel-du-Cimetière-Dieu, ou Saint-Michel du Tertre) est de ce fait mieux connue que Saint-Tugal.
Bien qu’il s’agisse d’une compagnie de petite taille (huit chanoines), elle dispose d’une structure musicale modeste, mais solide. C’est là qu’avait débuté Mathurin LEPRÊTRE, en 1767, à l’âge de 22 ans, avant d’être en 1775 capté par la plus puissante collégiale Saint-Tugal, capable de lui offrir 300 livres au lieu des 200 versées par Saint-Michel. Deux ans plus tard, Saint-Michel lui fait dire que s’il revient, ses gages s’aligneront sur ce qu’il touche à Saint-Tugal, et lui seront promis à vie. Le chantre exprime a posteriori ses cuisants regrets d’avoir rejeté l’offre : « si j’avois sçu les états-généraux…». À sa place chantent en 1790 deux chantres mal documentés, Julien René LOUIN et le sieur MARCADÉ, plus peut-être un troisième qui reste à identifier. La collégiale formait 4 enfants de chœur, rémunérés les deux aînés 36 livres, les deux plus jeunes 24 livres par an (cette indemnisation semble uniformisée à 36 livres pour tous à la fin de la période étudiée). Certains parviennent ensuite à valoriser leur qualification musicale en se plaçant dans des églises extérieures, ainsi René POISSON qui en 1790 chante à la collégiale Saint-Pierre d’Angers.
L’un de ces anciens enfants de chœur est en 1790 l’organiste de Saint-Michel : Jean [Charles] DUCLOS, dont la famille a donné au moins 4 organistes appartenant à la génération 1790. L’une de ses sœurs Marie-Anne, exerce chez les bénédictines de La Fontaine-Saint-Martin [Sarthe]. Elle déclare en octobre 1790 exercer son état d’organiste « depuis vingt ans, tant en ladite maison qu’au chapitre de St-Michel du Tertre de Laval ». Cela laisse supposer – sans qu’on en trouve trace dans le registre capitulaire – qu’elle a pu commencer à toucher l’orgue de Saint-Michel au début des années 1770, lorsqu’elle avait une douzaine d’années, probablement sous la direction de ses frères aînés François et Jean. C’est ce dernier, Jean [Charles], qui est officiellement reçu organiste de la collégiale en janvier 1771, succédant à leur oncle Jean-Marie DUCLOS au lendemain de son décès. Mais lorsque François DUCLOS meurt à son tour, fin 1772, à moins de 24 ans, son acte de décès le dit en toutes lettres « organiste de Saint-Michel ». Tout se passe comme si l’orgue de Saint-Michel était aux mains de la famille Duclos, dont les divers membres se relayaient, hommes ou femmes.
Après avoir servi d’écurie, de grenier, de caserne, de prison, les bâtiments de la collégiale sont investis par les Jésuites à partir de 1816, restaurés, agrandis… pour être finalement démolis en juillet 1968 et laisser place à un supermarché.
Dans les autres églises lavalloises
Hors les murs se dressaient deux autres églises, Saint-Vénérand et Avénières, toutes deux dotées d’orgues depuis au moins le XVIe siècle, et toutes deux lieux de musique, orgue et chant à la veille de la Révolution.
• • • L’église Saint-Vénérand a été édifiée à la charnière des XVe et XVIe siècles, pour la population d’artisans du textile qui se développait rive gauche. Dès 1557 un jeu d’orgues y est mentionné. À la fin de l’Ancien Régime on y trouve aussi un jubé, de nombreux retables, des stalles et un lutrin en forme d’aigle.
Cette église paroissiale met au service du culte un personnel diversifié : deux bedeaux, un sonneur, un souffleur d’orgue. Un chantre, LE PEC ou LEPECQ, et un sous-chantre, DUPATIS ou DUPATY, tous deux prêtres, sont bien attestés dans les derniers comptes d’Ancien Régime, et l’étaient déjà dans ceux de 1775. Le premier touche 250 livres en 1789-1790 « pour ses honoraires de chantre », et le second une somme de 243 livres « pour ses honoraires de sous chantre et pour supplément aux premières messes ». Les nombreux prêtres qui figurent aussi dans ces comptes participent sans doute au chant avec eux, de même que Suzan, le porte-croix. Quant à l’organiste, c’est « monsieur DUCLOS », qui reçoit des quartiers de 100 livres, soit 400 livres par an : il s’agit à nouveau de Jean [Charles] DUCLOS, qui se partage donc entre la paroisse Saint-Vénérand et la collégiale Saint-Michel, ses deux postes principaux. Il touchait également les orgues « des Jacobins [c'est-à-dire des Dominicains] aux gages de 72 livres et de Ste Catherine aux gages de 100 livres », explique-t-il dans une requête début 1791 (Sainte-Catherine de Laval étant un prieuré de chanoines réguliers de Saint-Augustin).
Pour tenir son rang lors de la procession de la Fête-Dieu, la fabrique de Saint-Vénérand fait appel à des forces supplémentaires : BOURDAIS, sans doute le maître de musique de Saint-Tugal, mais aussi « Julien Dubois et autres violons ».
Notons enfin que l’orgue actuellement installé dans l’église Saint-Vénérand n’est pas celui que touchait Jean Duclos, mais l'orgue de l'abbaye de Ligugé, à côté de Poitiers, acheté en 1901.
• • • Avénières, aujourd'hui quartier de la ville de Laval, était sous l'Ancien Régime une paroisse indépendante, comptant 2 000 communiants en 1780. Située rive droite, l’église Notre-Dame d’Avénières (aujourd’hui basilique) avait été édifiée au XIIe siècle, puis surmontée d’une flèche au XVIe siècle. Ses orgues, antérieures au XVIe siècle puis refaites au tout début du XVIIe siècle, selon l’abbé Angot, étaient installées contre le mur sud de la nef, sur une petite tribune en nid d’hirondelle à trois pans (J.-Y. Rublon, 1986). Elles ont acquis une certaine célébrité à cause du Papot, ou papotier, figure grotesque en bois fruitier polychrome fixée au bas du buffet d’orgue dont l’organiste pouvait faire s’ouvrir la mâchoire et rouler les yeux. L’objet, mesurant 26 cm sur 16, est aujourd’hui exposé au musée de Laval.
L’organiste d’Avénières à la veille de la Révolution se nomme Julien LABÉ. Qualifié de tisserand lors de son mariage en 1785, il a succédé à l’organiste François PINARD (ou PANARD) en 1786 et apparait ensuite comme « organiste de cette paroisse » lors du baptême de ses enfants, tout en continuant probablement à tisser, l’activité textile étant dominante dans la paroisse comme dans tout l’environnement familial de Julien LABÉ. À son décès en 1813, il est dit « marchand ».
Laval avait donc au total 7 orgues en activité à la veille de la Révolution (Saint-Tugal, Saint-Michel, La Trinité, Saint-Vénérand, Avénières, ainsi que le couvent des Dominicains et le prieuré Sainte-Catherine), dont 4 étaient aux mains de Jean Charles DUCLOS. Si le personnel musical et cantoral des paroisses reste incomplètement connu, celui des deux collégiales l’est suffisamment pour qu’on puisse affirmer en additionnant tous les adultes et enfants de chœur émergés des sources que près d’une trentaine de personnes participaient activement aux aspects musicaux de la liturgie dans la seule ville de Laval.
III - La vie musicale dans le reste du département : chantres et organistes de collégiales, d’abbayes… et de villages
Comme il est fréquent, la ville principale est mieux éclairée par les sources que le reste du territoire. Néanmoins plusieurs autres foyers musicaux ont pu être discernés, en particulier grâce aux travaux menés par les historiens des orgues.
Un court article de synthèse consacré aux « Orgues et organistes en Mayenne, XIVe-XXe siècles » (J.-Y. Rublon, 1988) permet d’établir une liste des orgues existant sur le futur territoire mayennais à la veille de la Révolution. Outre les tribunes de Laval déjà mentionnées, on trouve trace d’orgues à Évron, mais aussi à Sainte-Suzanne, à la collégiale Saint-Nicolas de Craon, à Notre-Dame de Mayenne, à l’abbaye de Fontaine-Daniel (un grand 16 pieds, construit en 1784 par PARIZOT), à Cossé-le-Vivien et à Courcité. À quoi s’ajoutent plusieurs orgues non mentionnés dans cet article, comme ceux de Château-Gontier et de sa voisine la paroisse d’Azé. Soit finalement un assez dense réseau d’organistes dispersés à travers la province.
En dehors d’eux, le reste du personnel musical est difficile à repérer. Les curés du Bas-Maine n’ont pas, à la différence de leurs homologues bourguignons par exemple (voir la présentation Muséfrem de l'Yonne), l’habitude de mentionner la qualité de chantres des hommes qui les assistent lors des sépultures ou d’autres cérémonies, et l’on sait que les chantres ou serpents de paroisse, non concernés par les procédures de secours des années 1790-1792, n’ont en principe pas produit les documents qui y sont afférents et qui forment le matériau de base de l’enquête Muséfrem. De ces deux facteurs découle une invisibilité du tissu musical et cantoral général.
À Château-Gontier, active petite ville du Maine angevin
Relevant du diocèse d’Angers, Château-Gontier est une petite ville du haut Anjou, implantée sur la rive droite de la Mayenne autour de son château, puis développée grâce à la vitalité apportée par la rivière (transport des marchandises, tanneries, toiles de lin) et grâce à l’implantation d’institutions royales (Présidial, Élection, Grenier à sel). Signalons que Château-Gontier fut brièvement rebaptisé Mont-Hardi durant la période révolutionnaire.
• • • Immédiatement en face de Château-Gontier, sur la rive gauche de la Mayenne, la paroisse d’Azé possédait un opulent monastère de franciscaines, les « Dames Cordelières » du Buron d’Azé, doté d’un orgue.
Parmi les pensionnés de la Nation bien documentés régulièrement retrouvés dans les archives relatives à Château-Gontier figure l’organiste Jeanne-Marie BERTRAND (voir bibliographie). Elle avait été l’organiste du Buron d’Azé dans les années 1760-1770. Puis elle était partie à l’abbaye du Perray, un établissement cistercien parfois appelé Le Perray-aux-Nonnains, situé à 45 km au sud, sur l’actuelle commune d’Écouflant, donc dans le Maine-et-Loire, où elle était en poste en 1790. En novembre 1793, elle revient vivre à Château-Gontier, où elle va dorénavant toucher sa pension de 200 livres. Elle est alors veuve de l’organiste Louis JANNOT « mort dans la Vendée » en septembre 1793.
Cet homme appartient pleinement, lui, au corpus mayennais : né dans le Berry, probablement formé à la collégiale de Vatan, il était en 1790 organiste de l’église Saint-Jean-Baptiste de Château-Gontier, aussi appelée « le grand Saint-Jean », à la fois église priorale de Bénédictins (prieuré dépendant de l’abbaye Saint-Aubin d’Angers), et église paroissiale. Les orgues de Saint-Jean n’ont guère survécu à leur organiste : « Les Brigands de la Vendée lors de leur passage dans notre commune brisèrent les orgues de la cy devant église de St-Jean-Baptiste, les seules qui étoient en notre commune », écrit la Municipalité en l’an IV.
• • • Le chapitre Saint-Just-Saint-Étienne de Château-Gontier ne comptait que sept chanoines en 1790 dont trois étaient dits chanoines honoraires. Le Pouillé de 1760 lui attribuait des revenus de 600 livres, ce qui est dérisoire. Ses moyens musicaux devaient être si faibles qu’aucune trace n’en a été détectée lors de l’enquête Muséfrem. Les deux paroisses de la ville en revanche étaient plus actives et comportaient forcément des chantres. Seul, à l’heure actuelle, Maurice GASTINEAU, clerc, chantre de celle de Saint-Rémy, est nominativement connu.
Pour rendre justice à la petite ville active qu’était Château-Gontier, il manque à l’évidence plusieurs hommes et femmes de la musique qui y exerçaient à la veille de la Révolution. Ne serait-ce que parce que l’organiste qui avait logiquement succédé à Jeanne-Marie BERTRAND aux claviers du Buron d’Azé n’a pas (encore ?) surgi des sources…
À Craon et aux environs
• • • À 20 km à l’ouest de Château-Gontier, sur les bords de l’Oudon, Craon relevait également du diocèse d’Angers. Active plaque tournante du commerce du fil de lin blanchi, la petite ville (3 700 habitants en 1790) abrite le siège d’une baronnie, un grenier à sel, et divers négociants et notables, ce qui se traduit dans son patrimoine actuel par quelques beaux hôtels particuliers. Sans oublier le magnifique château de Craon, construit durant les années 1780, son parc, son potager récemment reconstitué…
Au Moyen-Âge, les barons de Craon avaient voulu avoir une collégiale de séculiers près de leur château et dès la fin du XIe siècle fondèrent un chapitre de 6 prébendes pour le service de la cité castrale (J.-M. Matz). Gratifié d’un revenu de 2 000 livres par le Pouillé de 1760, le chapitre collégial Saint-Nicolas de Craon comporte alors huit prébendes. La France ecclésiastique de 1790 précise que sur ces huit canonicats sept sont « à la collation du seigneur et un à celle de l’évêque ». Le bas chœur compte quatre chapelains. Une seule voix a été repérée dans les sources : celle du sieur ROBINEAU clerc tonsuré et « officier de chœur ». Cela correspond à ce qu’explique le secrétaire du chapitre, le 29 juillet 1773, répondant à l‘administration qui lui reproche de ne pas avoir renvoyé les registres de sépultures des années précédentes : « nous ne sommes que huit chanoines, nous n’avons qu’un officier ». Non sans humour, il ajoute : « et heureusement nous ne mourons pas tous les ans » (sépultures du chapitre Saint-Nicolas de Craon, 1690-1789, vue 21/27).
Néanmoins, le chapitre employait aussi du personnel laïc, qui n’accédait pas au droit d’être inhumé dans l’église et ressortissait donc de la paroisse Saint-Clément de Craon. Au premier chef pour ce qui occupe Muséfrem : un organiste ! Celui de 1790 était Pierre-François LIZÉ, en poste depuis 1771 environ, venu de Vitré en Bretagne, à 40 km de là, où son frère François LIZÉ est lui aussi organiste. Tous deux sont fils d’un menuisier et ce métier est également exercé par l’organiste de la collégiale craonnaise, parfois qualifié de « maître menuisier ».
L’orgue actuellement existant dans l’église Saint-Nicolas de Craon n’est plus celui touché par Pierre-François Lizé, qui a été détruit pendant la Révolution, mais un orgue reconstruit à neuf au milieu du XIXe siècle et plusieurs fois restauré depuis.
• • • À 12 km en droite ligne au nord de Craon, mais relevant du diocèse du Mans, Cossé [aujourd’hui : Cossé-le-Vivien] est un bourg important animé par des marchés et des foires qui utilisent les « halles assez commodes » (écrit le naturaliste Pierre-François Davelu, 1719-1802) et par le tissage des toiles. La population en 1793 dépasse les 3 500 habitants. L’église paroissiale Saint-Gervais et Saint-Protais est jugée « petite mais assez belle » par Davelu en 1780. Et surtout, fait intéressant pour l’enquête Muséfrem, elle possède des orgues, dont l’organiste de 1790 reste (actuellement) inconnu. De l’an II à l’an IV, le canton de Cossé a été une zone de troubles intenses mettant aux prises bandes de Chouans et détachements bleus. Durant cette période, l’église fut très éprouvée, ses ornements et statues détruits, et selon l’ancien curé de Cossé, Louis-Julien Létard, devenu commissaire du directoire du canton, qui a laissé de nombreuses lettres rendant compte de son mandat, « le buffet a été dévalisé par les soldats de l'armée révolutionnaire » (2 juin 1796). J.-Y. Rublon (1988) date cette destruction de 1793.
À Évron et aux environs
• • • Au centre d’une plaine où l’on enregistre les plus faibles précipitations de la région, la petite ville d’Évron (2 800 habitants en 1790) est dominée par la tour donjon du XIe siècle intégrée à la grande église abbatiale. Outre
cette évidente fonction religieuse, sont également à mentionner les fonctions commerciales (« commodité d’une halle la plus vaste de la province », dit-on en 1789, où se tiennent un marché tous les jeudis et 11 foires par an) ainsi que les fonctions éducatives de la ville (collège, petites écoles, pensionnat de jeunes filles tenues par les bénédictines).
En 1989, Jean-Yves Rublon, alors organiste d’Évron, a consacré une étude approfondie à l’histoire des orgues de cette grande abbaye mauriste, étude appuyée sur les rares documents conservés. Un premier instrument à tuyaux attesté dès la fin du XVIe siècle fut entièrement reconstruit en 1666 par un facteur d’origine anglaise, Thomas ALPORT, aidé du Flamand Jean BROCARD, mort à Évron en 1709.
Après la courte dynastie des NERBRUN, père et fils, le second succédant au premier en 1737, quelques autres organistes sont repérables au fil du siècle. Celui qui exerçait en 1790 se nomme Pierre-René THOMAS. En poste depuis 1785, il gagne 400 livres en tant qu’organiste, et est en même temps apothicaire. Il s’engage résolument en faveur de la Révolution. Sont également attestés comme hommes de la musique exerçant à l'abbaye en 1790 le serpent PONS et le chantre Jean-Baptiste THAIRE. Toutefois dans l’inventaire de 1790 « quatre escabeaux de bois pour le célébrant et les chantres » pourrait suggérer qu'il y avait en réalité 3 chantres. Un lutrin de bronze, daté de 1780, haut de 2,06 mètres, et comportant un aigle aux ailes déployées de 0,90 m de large, est toujours conservé. Il en va de même du buffet d’orgue, caractéristique du XVIIe siècle, avec caryatides, feuillages, vases et têtes d’anges…
• • • À quelque 25 km au nord-nord-est d’Évron, le bourg de Courcité (1 900 habitants environ à la fin de l’Ancien Régime) est situé au milieu d’un terroir qui selon le chanoine Le Paige (t.1, p.249-250) « produit du seigle, de l'avoine et du carabin ». Rien ne le distingue donc particulièrement, si ce n’est que son église paroissiale possède des orgues. On les connaît de manière indirecte par le biais des traces laissées par leur facteur, un Lorrain installé au Mans, Nicolas PARIZOT. En 1777, il y avait travaillé : son dernier fils avait été baptisé à Courcité, et le parrain était l’organiste du lieu, Pierre TULLARD. En 1790, Nicolas Parizot revient y opérer d’importantes réparations. Le 6 juillet 1792, à l’article de la mort, le facteur manceau conclut un accord devant notaire avec le curé de Courcité, pour organiser le règlement échelonné des 2 000 livres qui lui sont toujours dues par la paroisse. Depuis fin 1778, l’organiste est René François TULLARD, qui n’est pas le fils de son prédécesseur. Alternativement qualifié d’organiste, de marchand et de tisserand il est aussi pendant quelque temps en 1790, « secrétaire greffier de la municipalité de céans ».
À Mayenne, une église paroissiale importante
Terminons ce tour du département par le nord, dans la ville de Mayenne elle-même.
• • • Les comptes 1789 de la fabrique livrent la structure musicale en activité au chœur de l’église paroissiale Notre-Dame : deux chantres nommés BERNARD et JACOB, un organiste et son souffleur, un serpent. Ils ne font pas mention d'enfants de chœur (mais leur présence est attestée par ailleurs), ni de maître de musique... L'orgue est entretenu pour la somme forfaitaire annuelle de 48 livres par l'un des frères PARISOT, du Mans, sans doute Nicolas qui est actif durant ces années-là dans le Bas-Maine (chantier de Courcité). La fabrique rémunère également un diacre et un sous-diacre, des chapiers en nombre non précisé, deux bedeaux, et un sergent, Fléchard, « qui garde l'entrée de la tribune et empêche d'y monter les personnes qui n'y ont pas loué de places ».
Cette structure musicale, sans doute en partie préexistante, avait été renforcée par une fondation qui, en 1784, avait institué de quoi rémunérer deux chantres aux « mœurs irréprochables, sachant le plain-chant, ayant des voix sonores et agréables » et un serpent « pour soutenir le chant ». La fabrique avait alors investi 126 livres dans l'envoi d'un sieur CHABRUN au Mans, « apprendre à en jouer avec plus de perfection ».
• • • Curieusement l’église Notre-Dame de Mayenne recrute certains de ses musiciens ou chanteurs relativement loin. Ainsi, du chantre Pierre Nicolas JACOB, natif du diocèse de Besançon, marié près de Mayenne en février 1787, en présence d’un enfant de chœur de Notre-Dame, Louis Tibère Isaïe FLÉCHARD. Ainsi des organistes successifs, Joseph MALBRANCHE venu de Sens (1776-1777), ou Laurent VOHLGEMUTH né près de Strasbourg. C’est ce dernier qui est en poste lorsque débute la Révolution à laquelle il participe activement en devenant président du Comité révolutionnaire de Mayenne (1794). Cela ne protège pas les orgues, tout au contraire : les tuyaux sont démontés, le plomb et l’étain envoyés à Paris.
Les autres orgues mentionnées par J.-Y. Rublon n’ont hélas pas tous laissé de trace dans les documents de l’enquête Muséfrem : l’organiste de Sainte-Suzanne en particulier, pas plus que celui de Cossé, ne sont (encore) parvenus à notre connaissance. Les orgues de Fontaine-Daniel sont bien attestées lors de l’inventaire dressé en octobre 1790 (« l’orgue entière avec 4 soufflets », dont l’appréciatrice réquisitionnée pour évaluer les meubles de l’abbaye refuse de faire l’estimation, « n’ayant pas de connoissance pour un pareil objet »). Son organiste, peut-être l’un des moines, reste inconnu.
* * *
Au terme de cette présentation, on retiendra que de la situation émergée en 2005 (« 3 à 5 établissements de fonction » et 10 musiciens nominalement connus comme actifs en 1790) on est actuellement parvenu à 17 lieux de musique (Saint-Jean de Château-Gontier étant en même temps abbatiale et église paroissiale) et une trentaine d’organistes et de chantres identifiés, auxquels s’ajoutent dix à douze enfants de chœur au moins. La progression est donc nette, d’autant que certains de ces musiciens sont maintenant connus de manière précise et que quelques belles biographies ont pu être établies. Bien sûr, il manque encore de nombreux hommes – et peut-être quelques femmes – de la musique. Diverses orgues attestées (au Buron d’Azé, à Fontaine-Daniel, à Cossé ou à Sainte-Suzanne) demeurent encore sans organiste identifié.e.
Ce bilan ne demande donc qu’à s’enrichir, peut-être avec votre aide ?
Sylvie GRANGER,
CERHIO-UMR 6258, Université du Maine (mars 2016)
Le travail sur les musiciens de ce département a bénéficié des apports de, notamment :
David Audibert, Jean Del Pozo, Bernard Dompnier, Isabelle Langlois, Florence Le Roux, Christophe Maillard, Édith Marois, Michel Meunier, Frédérique Pitou, Jean-Yves Rublon… Merci à tous.
Merci par ailleurs à Xavier Villebrun, au service Patrimoine et au Musée de la Ville de Laval
pour les images aimablement fournies.
Mise en page et en ligne : Sylvie Lonchampt et Agnès Delalondre (CMBV)
Cartographie : Isabelle Langlois (CHEC, Université Clermont-Auvergne)
>>> Si vous disposez de documents ou d’informations permettant de compléter la connaissance des musiciens anciens de ce département, vous pouvez signaler tout élément intéressant ICI. Nous vous en remercions chaleureusement à l’avance.
L’amélioration permanente de cette base de données bénéficiera à tous.
Les lieux de musique d'Église actifs en 1790 dans la Mayenne
Liste des lieux de musique en 1790 dans le département de la Mayenne
Les lieux de musique documentés pour 1790 dans le département sont présentés par diocèses et par catégories d’établissements : cathédrale, collégiales, abbayes, monastères et couvents, autres établissements (par exemple d’enseignement, de charité…), paroisses (ces dernières selon l’ordre alphabétique de la localité au sein de chaque diocèse).
Diocèse du Mans
- Collégiales
- Abbayes, monastères et couvents
- ÉVRON, Abbaye mauriste Notre-Dame (hommes)
- LAVAL, Couvent des Dominicains
- LAVAL, prieuré Sainte-Catherine, chanoines réguliers de Saint-Augustin
- SAINT-GEORGES-BUTTAVENT, Abbaye cistercienne Notre-Dame de Fontaine-Daniel (hommes)
- Églises paroissiales
- COSSÉ-LE-VIVIEN, Église paroissiale Saint-Gervais et Saint-Protais
- COURCITÉ, Église paroissiale
- LAVAL, Église paroissiale de La Trinité (ou de la Sainte-Trinité)
- LAVAL, Église paroissiale Saint-Vénérand
- LAVAL, Église paroissiale Notre-Dame d’Avénières
- MAYENNE, Église paroissiale Notre-Dame
- PARNÉ-SUR-ROC, Église paroissiale Saint-Pierre
- SAINTE-SUZANNE, Église paroissiale Sainte-Suzanne
Diocèse d’Angers
- Collégiales
- Abbayes, monastères et couvents
- Églises paroissiales
- CHÂTEAU-GONTIER, Église paroissiale Saint-Jean-Baptiste (alias le grand Saint-Jean)
- CHÂTEAU-GONTIER, Église paroissiale Saint-Rémy
Pour en savoir plus : indications bibliographiques
François LESURE, Dictionnaire musical des villes de province, Paris, Klinksieck, 1999, 367 p. [sur Laval, p. 163-165, essentiellement XIXe siècle].
Deux dictionnaires :
- André-René LE PAIGE, Dictionnaire géographique et topographique, historique, généalogique et bibliographique de la province et du diocèse du Maine, Le Mans, Toutain, Paris, Saugrain, 1777, 2 vol., 544 et 602 pages.
- Abbé Alphonse ANGOT, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, 3 tomes + 1 volume de supplément, Laval, 1900-1903 ; réédité chez Floch, Mayenne, 1962.
Diverses études, généralistes ou spécialisées :
- Abbé Alphonse ANGOT, « Les Bénédictines du couvent de Sainte-Scholastique de Laval (1621-1795), Revue historique et archéologique du Maine, 1885, 44 pages.
- Abbé Alphonse ANGOT, La Révolution et l’instruction populaire dans le département de la Mayenne, Laval, A. Goupil, 1891.
- Abbé Alphonse ANGOT, Sites, monuments et souvenirs du département de la Mayenne, 1907, reprint Res Universis, 1992, 171 pages.
- Annie ANTOINE, Fiefs et villages du Bas-Maine au XVIIIe siècle, Étude de la seigneurie et de la vie rurale, Éditions régionales de l’Ouest, Mayenne, 1994, 540 pages.
- Annie ANTOINE, « Les Comptes ordinaires de Pierre Duchemin du Tertre, marchand de toile et seigneur dans la première moitié du XVIIIe siècle », La Mayenne Archéologie et histoire, supplément n°8, 1998, 248 pages.
- Jean-Pierre BAUCHET, « Les dames cordelières du Buron, de leur fondation à leur dispersion », La Mayenne Archéologie Histoire, n°18, 1995, p. 205-241.
- Abbé Isidore BOULLIER, Mémoires ecclésiastiques concernant Laval et ses environs pendant la Révolution (de 1789 à 1802) par un prêtre de Laval, Laval, P.-A. Genesley-Portier, 1841, réédition H. Godbert, 1846, 523 pages [Gallica].
- Isidore BOULLIER, Recherches historiques sur l’église et la paroisse de la Trinité de Laval, sur le prieuré de Prix et sur le chapitre de Saint-Tugal, Laval, H. Godbert, 1845, 364 pages.
- Évelyne ERNOUL, « La Cathédrale de Monsieur Saint Nicolas » ou la longue histoire d’une collégiale [Saint-Nicolas de Craon], Craon, 2002, 180 pages.
- Sylvie GARNAVAULT, « L’Ancien orgue de Notre-Dame d’Avénières (16ème siècle), La Mayenne Archéologie-Histoire, n°31, 2008, p. 234-239.
- Abbé Ferdinand GAUGAIN, Histoire de la Révolution dans la Mayenne, 1917, réédition Mayenne, La Manutention, 1989, avec un avant-propos de Joël Surcouf, directeur des Ad de la Mayenne, 4 vol.
- Sylvie GRANGER, « Trois chœurs de l’Ouest à la veille de la Révolution (Le Mans, Sées, Laval) », La Foi dans le Siècle, Mélanges offerts à Brigitte Waché, ouvrage collectif coordonné par H. Guillemain, S. Tison et N. Vivier, PUR, 2009, 398 pages, p. 53-64.
- Sylvie GRANGER, « Un chantre borgne à la voix forte. Mathurin Leprêtre, psalteur dans deux collégiales de Laval au XVIIIe siècle », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, tome 116, n°4, décembre 2009, p. 73-90.
- Sylvie GRANGER, « Deux Organistes aux destins voisins : Marie-Claude Renault-Bainville (1724-1803) & Jeanne-Marie Bertrand-Jannot (1738-1804) », Annales Historiques de la Révolution française, 2011, n°4, pages 3 à 27. En ligne : https://ahrf.revues.org/12203/
- Frédéric LEMEUNIER, « Le couvent des Dominicains de Craon, 1627-1857 », La Province du Maine, 1970, p. 172-190 et p. 291-306.
- André LÉVY (dir.), L’Abbaye Notre-Dame d’Évron, une grande abbaye du Maine, colloque à Évron le 23 octobre 2010, N°spécial, La Province du Maine, 2013, 192 pages.
- Jacques MAILLARD, L’Ancien Régime et la Révolution en Anjou, Picard, 2011, 360 pages [utile pour la partie angevine de la Mayenne].
- Charles MAIGNAN, Notice historique sur Saint-Michel de Laval, Laval, Feillé-Grandpré, 1856, 80 pages [Gallica].
- Jean-Michel MATZ, « Collégiales urbaines et collégiales castrales dans le diocèse d’Angers au Moyen Âge », ABPO, 2001, p.5-33
- Michèle MÉNARD, Mille retables de l’ancien diocèse du Mans, Paris, Beauchesne, 1980, 467 pages.
- Louis-Julien MORIN de La BEAULUÈRE, Études sur les communautés et chapitres de Laval, Laval, Moreau et Goupil, 1891, 391 pages.
- Marie-Claire MUSSAT, « L’Itinérance dans la carrière des musiciens d’Église », Histoires individuelles, histoires collectives. Sources et approches nouvelles, Chr. Demeulenaere-Douyère et A. Le Goff (dir.), CTHS, 2012, p. 237-247 [voir notamment la lettre de Riballier, premier enfant de chœur de la collégiale de Laval en 1772, p. 243].
- Frédérique PITOU, Laval au XVIIIe siècle, Marchands, artisans, ouvriers dans une ville textile, Société d’Archéologie et d’Histoire de la Mayenne, supplément n°6, 1995, 606 pages.
- Frédérique PITOU, « Jeunesse et désordre social : Les coureurs de nuit à Laval au XVIIIe siècle », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, 47-1, janvier-mars 2000, p. 69-92.
- Frédérique PITOU, « Les pratiques de divertissement à Laval au XVIIIe siècle », Histoire Urbaine, n°1, 2000, p. 87-104.
- Jean-Marie POIRIER, Musique & Joüeurs d'Instrumens, Musique et société à Laval sous l'Ancien Régime, Laval, Société d'Archéologie et d'Histoire de la Mayenne, 1994, 217 pages.
- Jules-Marie RICHARD, La Vie privée dans une province de l’Ouest, Laval aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Champion, 1922, 397 pages.
- Jean-Yves RUBLON, « Orgues et organistes en Mayenne, XIVe-XXe siècles », La Mayenne : archéologie et histoire, n° 9, Laval, Société d’Archéologie et d’Histoire de la Mayenne, 1986, p. 109-123.
- Jean-Yves RUBLON, « Orgues d'Évron », La Province du Maine, Le Mans, 1989, p. 279-305, et 1990, p. 55-62.
- Louis SAGET, Saint Vénérand de Laval. Histoire de l'église et de la paroisse, 1979.
- Louis SAGET, La maîtrise de la Cathédrale de Laval, Essai d’histoire et souvenirs, Laval, Siloé, 1984, 164 pages.
- Louis SAGET, « La Psallette Saint-Tugal (1444-1790) », La Province du Maine, Le Mans, 1986, p. 7-24.
- Jacques SALBERT, Les ateliers des retabliers lavallois aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Klincksieck, 1976, 540 pages.
- Jacques SALBERT (dir), La Mayenne des origines à nos jours, St-Jean d’Angély, Bordessoules, St-Jean d’Angély, 1984, 430 pages.
- Jacques SALBERT et Joël SURCOUF, « Démographie et société à Laval au XVIIIe siècle », La Mayenne, Archéologie, Histoire, n°11, 1988, p. 121-146.
- Jean STEUNOU, 1790-1795, Laval, Mémoires de la ville et de sa municipalité, Laval BM et Siloë, 1990, 326 pages.
- Xavier VILLEBRUN et Laurent CHRÉTIEN, « Réalité virtuelle et médiation du patrimoine, La démarche de Laval », Espaces 314, septembre-octobre 2013, p. 41-45.
À signaler :
- La reconstitution de Laval au milieu du XVIIIe siècle par le Service Patrimoine de la ville de Laval et la Société Nautilus : http://www.patrimoine.laval.fr/ (déroulez l’onglet « documentation », cliquez sur « vidéos » et choisissez « Laval en 1750 », parties 1 et 2. À noter : dans la partie 2, une visite virtuelle de la collégiale Saint-Tugal, aujourd’hui disparue…)
- La plupart des textes de l’abbé Angot sont disponibles sur le site des Archives départementales de la Mayenne : http://www.lamayenne.fr/.
- Un site met à disposition de tous d’innombrables transcriptions de documents anciens (XVIe-XVIIe surtout, les abords de 1790 y sont peu représentés) relatifs au Haut-Anjou : http://www.odile-halbert.com/.
Bibliographie élaborée par Sylvie Granger
(mars 2016)