CAVERIVIERE, Bernard (1745-1784)

Bien qu'il soit né dans le diocèse de Montauban, à Castelsarrasin, et qu'il ait ensuite passé toute sa vie d'adulte à Moissac dans le diocèse de Cahors, le musicien Bernard CAVERIVIERE ne quitta jamais la plaine centrale du futur département du Tarn-et-Garonne, puisque ces deux villes sont distantes d'à peine dix kilomètres. Cependant, des inconnues demeurent dans sa vie professionnelle.

• 23 mai 1745, Castelsarrasin [Tarn-et-Garonne] : Bernard CAVERIVIERE reçoit le baptême à l'église Saint-Jean, là où ses parents se sont épousés en 1737. Jean, son père, un marchand de cette paroisse, avait déjà 45 ans. Quant à sa mère, Domenjo [une forme occitane de Dominique] Moureau, de vingt ans sa cadette, avait quitté Moissac où habitaient ses parents. Quand Bernard est porté sur les fonts baptismaux, son parrain est l'oncle Bernard Pouget, un maître menuisier installé à Moissac et mari de Anne Moureau, la sœur de Domenjo. Le nouveau-né, lui, est le quatrième d'une fratrie qui en comptera six en 1749.

• ?  : Où cet enfant a-t-il été instruit et formé à l'art musical ? Nous l'ignorons. À l'église de sa paroisse Saint-Jean de Castelsarrasin, celle de la commanderie qui y fut installée dès le XIII^e siècle par les chevaliers de Saint-Jean ? L'église Saint Sauveur, avec son organisation autour de l'orgue, présentait une meilleure solution. Mais la proximité de la ville attractive de Moissac rendait accessible à un fils de marchand la maîtrise des chanoines de Saint-Pierre. Ce ne sont, bien entendu, que des possibilités.

• 1762, Moissac [Tarn-et-Garonne] : Bernard CAVERIVIÉRE est à Moissac. Il assiste au baptême de sa cousine Catherine Moreau, la fille de Jean Moreau et de sa tante Antoinette Pouget qui tiennent une auberge. La marraine est son autre tante, Catherine Pouget, l'épouse du musicien Pierre-Joseph SAUZET. Nous ignorons si Bernard réside déjà à Moissac ou s'il est venu de Castelsarrasin pour retrouver sa famille.

• 24 octobre 1769, Moissac [Tarn-et-Garonne] : Bernard CAVERIVIERE, devenu musicien et habitant de Moissac depuis "quelques années", prend pour épouse, à l'église Saint-Michel, une Moissagaise de 27 ans nommée Marie Passelaigue. Comme celle-ci est orpheline de son père depuis l'âge de deux ans et que sa mère, Jeanne Fabre, est décédée en 1767, sans doute vit-elle chez son frère Jean, devenu marchand comme l'était jadis leur défunt père. Le marié et son beau-frère apposent leur signature tandis que l'oncle Pouget ne le peut toujours pas.

• 28 mai 1770, Moissac : Le jeune couple accueille son premier enfant qui est baptisé par Étienne DECOMPS, le maître de musique du chapitre Saint-Pierre. Rien d'étonnant à ce que le nouveau-né soit prénommé Jean et qu'il soit accompagné jusqu'aux fonts baptismaux par son oncle Caverivière et sa grand-tante Anne Mourau [Moreau]. Marie Passelaigue mettra au monde huit autres enfants en douze années. Anne naît deux ans plus tard et Bernard en février 1773, André en juin 1774, Jean à la mi-août 1776, Marie-Anne en octobre 1778, Jean le 2 janvier 1780, Élisabeth le 19 janvier 1782, et Jean-Benoît le 29 mars 1783. Le choix des parrains et marraines présente le profil ramifié des deux branches familiales, mais toutes deux fixées à Moissac. Ainsi, l'oncle Bernard Pouget avait pris pour femme Anne Moureau, et sa sœur Antoinette avait  épousé Jean Moureau, le frère de sa femme et de Domenjo, ce qui les rend oncles tous et tantes du musicien Bernard CAVERIVIERE. Seule, Catherine, la troisième sœur de Bernard Pouget, après un long veuvage, s'était remariée en 1760 avec le musicien Pierre-Joseph SAUZET.

• 21 février 1773 : CAVERIVIERE est-il encore musicien? Sur l'acte de baptême de son fils Bernard, le prêtre de l'église Saint-Michel le qualifie uniquement de maître perruquier. Est-ce une seconde activité qu'il exerce auprès de Jean-Pierre Delpech, un maître-perruquier de Moissac avec qui il est "parent" et qui est aussi le parrain de l'un de ses enfants? Mais à la naissance suivante, celle d'André, le père de famille a repris son activité de musicien, et même de maître musicien.

• 2 janvier 1780 : Il est "régent de l'école de la ville". Nous nous posons la même question. Est-ce une activité complémentaire, un service rémunéré indispensable pour l'entretien de sa famille? Il est vrai que deux garçons sont scolarisés puisqu'ils sont dits "étudiants" en 1780 et 1782. Néanmoins, la mortalité ne cessait de limiter l'élargissement de cette fratrie, et six enfants, en tout, seront morts au cours des leurs deux  premières année de vie, parfois même au bout de quelques jours.

•29 janvier 1784 : Bernard CAVERIVIERE, "régent abécédère", meurt à l'âge officiel de 42 ans. S'il est réellement né, comme l'atteste son acte de baptême, le 23 mai 1745, il s'éteint alors qu'il n'a pas encore 39 ans. Nous constatons que c'est l'âge de son frère Antoine qui correspond le mieux, ce dernier ayant été baptisé le 5 mars 1742. Toujours est-il qu'en 1784 il laisse à sa veuve trois enfants, dont Jean-Benoît qui est âgé de dix mois. Mais là encore, la mort emportera le petit garçon quelques mois après son père.

Où Bernard CAVERIVIERE exerçait-il son métier de musicien? Intervenait-il en l'église Saint-Michel, celle de sa paroisse ? En tant que voisin de l'abbaye Saint-Pierre, il pouvait être engagé par le chapitre qui avait l'habitude de recourir à des musiciens extérieurs quand les services l'exigeaient. Mais aucun indice n'a pour l'instant été retrouvé. Et la diversité des métiers qu'il a sans doute exercés laisse supposer une instabilité professionnelle et, sans doute, des revenus modestes. La musique avait-elle été uniquement un métier de jeunesse? Il semble l'avoir peu à peu délaissée. Et vingt ans après sa mort, quand sa veuve  décède à son tour, le rédacteur de l'acte confirme que CAVERIVIERE était, de son vivant, maître d'école.

           Mise à jour le 1er août 2021.