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Musique et musiciens d’Église dans le département de MAINE-ET-LOIRE autour de 1790
La province d’Anjou, futur département de Maine-et-Loire, est enclavée entre Maine, Touraine, Poitou, Pays Nantais et Bretagne. Elle a de tout temps attiré puissants et artistes. Joachim du Bellay a loué la douceur angevine, les messes de Clément Janequin ont résonné au chœur de la cathédrale Saint-Maurice. Un passé qui laisse présager un corpus de musiciens d’Église étoffé à la fin de l’Ancien Régime.
De l’Anjou au Maine-et-Loire
• • • 1790, une année clé
L’archiviste Célestin Port relate dans son Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire (1874) la naissance du nouveau département en ces termes :
« Le décret du 15 janvier 1790 ayant donné la division de la Touraine, du Maine et de l’Anjou en quatre départements, les députés des trois provinces et de celle du Poitou se réunirent à Paris le 18 pour tracer les limites définitives du département qui sous le nom de Mayenne-et-Loire allait comprendre la plus grande partie de l’ancien Anjou ».
La nouvelle organisation est initialement rejetée par Saumur, seconde ville du département, ancien gouvernement et sénéchaussée, qui se refuse à reconnaître à Angers le titre de chef-lieu. Après tractations, la première séance du Conseil général de Maine-et-Loire peut se tenir le 28 juin 1790 à Angers.
La dénomination du département, sans originalité, fait référence au réseau hydrographique dense de l’Anjou. Ont été retenus les noms de la Loire et de son affluent angevin dit la Maine - contraction de Mayenne.
Le département est divisé en huit districts qui sont Angers, Baugé, Châteauneuf, Cholet, Saumur, Saint-Florent-le-Vieil, Segré et Vihiers.
La nouvelle entité administrative épouse globalement la morphologie de la province d’Anjou rognée sur ses pourtours afin d’équilibrer les départements limitrophes. Ainsi au nord, Château-Gontier et Craon sont abandonnés à la Mayenne tandis que Le Lude et La Flèche le sont à la Sarthe. Côté est, Château-la-Vallière, Bourgueil et Richelieu sont annexés à l’Indre-et-Loire et au sud la Vienne s’enrichit de Loudun et Mirebeau. Enfin à l’ouest, Loire-Atlantique et Deux-Sèvres glanent quelques localités.
En outre, la Constitution civile du clergé du 12 juillet 1790 corrige les limites du diocèse pour les calquer sur celles du département. Le diocèse de La Rochelle abandonne Cholet au Maine-et-Loire tandis que celui de Poitiers perd Fontevraud et Le-Puy-Notre-Dame, celui de Nantes laisse Champtoceaux. L’historien François Lebrun résume ainsi la situation : si le Maine-et-Loire « ne représente plus tout l’Anjou, par contre toutes les communes de Maine-et-Loire sont d’anciennes paroisses angevines, ce qui donne au département, dans la diversité même des pays angevins, sa profonde unité historique et humaine ».
• • • Une ville, des campagnes
La répartition démographique du département en 1790 met en avant les villes principales, Angers (31 500 habitants) et Saumur (12 500). Suivent neuf villes de plus de 3 000 habitants : Cholet (8 400), Beaufort (6 200), Chalonnes (5 200), Chemillé (4 100), Les Rosiers (3 800), Les Ponts-de-Cé (3 400), Baugé (3 100 habitants), Jallais et Longué (3 000). L’Anjou reste rural, émaillé de bourgs modestes. Près d’un quart recensent moins de 500 habitants. Lorsqu’il y a urbanisation, elle est parfois à imputer au développement d’une activité manufacturière textile comme à Beaufort ou Cholet. Dans d’autres cas, comme à Martigné-Briand, Blaison, Jarzé, les bourgades se sont agglomérées autour de collégiales dites « castrales » pour reprendre la terminologie de Jean-Michel Matz. Le nouveau département de Maine-et-Loire présente donc des situations fort contrastées.
Queruau-Lamerie retient que la Mayenne-et-Loire formée en 1790 « comprenait encore 413 paroisses hors celles d’Angers », soit environ 1 300 à 1 400 prêtres séculiers ou réguliers ainsi que 17 chapitres. En revanche abbayes et monastères se vident. La plupart des maisons régulières masculines de Maine-et-Loire sont réduites à moins d’une dizaine de membres à la fin de l’Ancien Régime. La puissante abbaye bénédictine de Fontevraud, fait figure d’exception avec 129 moniales et 39 prêtres et frères répartis en deux clôtures.
En 1790, l’évêque d’Angers est Mgr Michel de Couët du Vivier de Lorry, docteur en théologie, ancien prieur de la Sorbonne, homme « sérieux et terne » selon François Lebrun. Il s’abstient de démissionner lorsque le diocèse est confié à l’évêque constitutionnel Hugues Pelletier créant de vives tensions au sein du clergé. L’Anjou et son histoire sont également marqués par la destruction des registres d’insinuations ecclésiastiques et d’ordinations (1554-1792) dans le grand autodafé révolutionnaire de février 1794. Enfin, une autre particularité de l’Anjou tient à la terminologie utilisée concernant ses chantres qui sont nommés « psalteurs », comme dans le Maine voisin. Le terme « chantre » n’est adopté qu’après 1790.
Sur le plan économique, les revenus annuels des chapitres sont hétérogènes oscillant entre 490 livres pour le discret chapitre de Montsoreau et 33 800 livres pour celui de la cathédrale Saint-Maurice. Les quatre grandes collégiales d’Angers, Saint-Martin, Saint-Laud, Saint-Pierre et Saint-Maurille, ont des revenus moyens d’environ 3 000 livres, quand celle de La Trinité se contente de 1 200 livres. Pour ce qui est des rentes des collégiales majoritairement situées au sud, elles ne dépassent pas 1 800 livres à l’exception de Saint-Léonard de Chemillé, dans les Mauges (4 150 livres).
Le lustre de la capitale angevine
• • • Une ville à l’ancienne dominée par son château et sa cathédrale
La physionomie d’Angers à la fin du XVIIIe siècle reste celle des siècles passés, un piton défensif ancré au bord de la Maine. La ville est dominée par sa forteresse royale monumentale, ancien siège des ducs d’Anjou, fief du Roi René au XVe siècle. En septembre 1785, Mme Cradock décrit le château comme une construction « située au sommet d’un rocher. Maintenant en ruines, il n’en subsiste plus que les murs et les tours inhabitables ». Contrairement à sa voisine tourangelle, Angers n’a pas connu les grands travaux d’urbanisation de la fin de l’Ancien Régime. Les témoignages, tel celui du « prêtre en révolution » François-Yves Besnard, relatent des rues étroites que les étages débordant sur les rez-de-chaussée « rendaient tristes et obscures » et justifient de la sorte qu’Angers soit qualifiée de ville noire indépendamment de la présence de schiste dans ses constructions.
François Lebrun segmente la ville du XVIIIe siècle en trois secteurs : centre ville, faubourgs et campagne qui regroupent une population composite « réunissant en un véritable microcosme tous les groupes entre lesquels se répartit la société d’Ancien Régime ». Le clergé régulier et séculier est en bon nombre dans la cité, comme les magistrats, marchands, rentiers, artisans – ceux du textile en particulier –, jardiniers, domestiques, « gagne-petit » et mendiants. Les faubourgs populeux de Bressigny et la Doutre abritent un quart de la population. La Maine est jalonnée par le port au bois de Port-Ligny, celui aux marchandises de la Poissonnerie et le port Ayrault. Bateliers, tonneliers s’affairent autour des bateaux qui transportent les marchandises vers Tours, Nantes ou Orléans. Par voie de terre, Angers est également reliée à Tours, Rennes, Nantes et Poitiers ainsi qu’au Mans bien que les routes soient réputées mal entretenues.
Angers, ville épiscopale de 31 500 habitants impose sans conteste sur la région sa puissance, qu’elle soit temporelle, spirituelle ou musicale.
Hors la musique d’Église, les Angevins sont friands de théâtre, dont les représentations sont attestées dès le XIVe siècle, ainsi que d’opéra. À la fin de l’Ancien Régime, le théâtre est installé dans un jeu de paume délabré, proche de la place des Halles. La salle est longue, étroite, inconfortable et dangereuse. Elle va cependant être utilisée jusqu’en 1794. À partir de 1768, Angers a accueilli des troupes importantes, notamment celle de Mademoiselle Montansier. Les Affiches ne manquent pas d’en rapporter les représentations avec les meilleurs acteurs ou chanteurs comme il se doit. Des bals s’y tiennent également, Angers s’étant illustré dans le domaine de la danse par la présence du sieur Pierre-Olivier JOSSON, dit JOSSON l’aîné, qui enseigne à l’Académie, publie un traité de danse en 1763 et achète au roi des violons une lieutenance pour l’Anjou et le Maine en 1772.
Consécutivement à l’échec du projet d’Académie de musique, une société de musique privée a été instaurée en 1766, suivie en 1771 d’une société d’amateurs. Les concerts étaient donnés dans une grande salle de la mairie. Le maître de musique de la cathédrale Pierre VOILLEMONT s’impliqua activement dans ces concerts, favorisant les porosités entre musique d’Église et musique de ville. Selon Célestin Port, au début de la Révolution il « parvint [également] à rallier un orchestre officiel de 60 instrumentistes, dont un détachement parmi les élèves formait la musique de la garde nationale ». Le maître s’entourait de musiciens expérimentés, dont certains exerçaient à la cathédrale tels René FÉTU, Jean BEURIER ou Frédéric PAIMPARÉ.
La musique d’Église est d’abord représentée par l’illustre cathédrale. Saint-Maurice éclipse cinq collégiales actives, cinq abbayes, un séminaire, sans compter les communautés religieuses. « Jamais Dominus Vobiscum n’a manqué de pain », écrivait imprudemment François Yves Besnard dans ses Mémoires.
La cité angevine est également réputée pour sa procession dite du « Grand-Sacre », le jour de la Fête-Dieu. Cette procession fastueuse dont l’origine remonte au XIe siècle réunit sociétés civile et religieuse autour d’un défilé de chars nommés « torches », décorés sur des thèmes bibliques. Tout le clergé – séculier et régulier –, les corps de métiers, la municipalité, les institutions de la ville, se réunissaient en cette occasion accompagnés de leurs musiques respectives. La manifestation aussi religieuse que profane attirait les foules venues de loin. Trois lieux principaux la ponctuaient : la cathédrale Saint-Maurice, point de départ et d’arrivée du cortège qui se dirigeait ensuite outre-Maine, quartier de la Doutre, vers l’abbaye du Ronceray, pour rejoindre le Tertre Saint-Laurent, lieu « sacralisé » selon Guy Massin Le Goff, où était exposé le Saint-Sacrement (Dies Solemnis, 2012).
• • • Saint-Maurice : un maître éminent, des effectifs musicaux puissants, une psallette étoffée
La cathédrale Saint-Maurice domine l’espace angevin. La métaphore de John Mac Manners donne la mesure de ces deux mondes où, au regard de la cathédrale, « les autres chapitres font figure de planètes secondaires autour du soleil ».
Clément Janequin, connu pour ses chansons, a séjourné en Anjou à partir de 1531, avant d’y être maître de musique entre 1534 et 1537. La messe « La Bataille » (1532) est contemporaine de cette période qui « est peut-être la plus féconde de sa production musicale » selon François Lesure. C’est probablement avec Janequin que le corps de musique gagne une notoriété qui ne se démentira plus jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. En 1718, Le Brun des Marettes rapporte « que la musique de Saint-Maurice est une des plus amples et des meilleures de France ». Puis se succèdent des maîtres renommés, tels Louis VIGNÉ, Urbain GRONDEAU, Louis BACHELIER – dont les motets restent sous-estimés –, Nicolas ROZE et, pour la période directement concernée par l’enquête Muséfrem, Pierre VOILLEMONT.
Le haut chœur de la cathédrale Saint-Maurice est constitué de trente chanoines dont huit dignitaires. Le bas chœur compte douze officiers ecclésiastiques et 24 musiciens : un maître de musique et de psallette, un organiste, douze musiciens de chœur, dix pueri chori.
• Un maître de musique de haute volée.
En 1775 le chapitre fait preuve de perspicacité dans son recrutement, car l’abbé VOILLEMONT, élève de GIROUST, recommandé par Nicolas ROZE démissionnaire, associe des compétences de musicien d’Église et de compositeur à des qualités humaines qui marqueront la vie culturelle angevine durant plusieurs décennies. L’aura de VOILLEMONT dépasse rapidement le parvis de la cathédrale. Le Concert d’Angers déclinant reprend vie, mêlant les musiciens de toutes origines. Ils jouent au Concert tout comme aux grandes cérémonies de la cathédrale. Les Affiches d’Angers en font des comptes-rendus élogieux. Pierre VOILLEMONT fait partie de cette génération charnière de musiciens qui s’émancipent progressivement d’un cadre traditionnel strict, avec l’assentiment du chapitre qui, prenant « en considération les talents, la conduite sage, les bonnes mœurs et le bon caractère du sieur VOILLEMONT », l’autorise à se produire en ville. En 1788, ses talents de compositeur, si loués par les Angevins, sont reconnus à Paris. Après avoir postulé au prestigieux poste de maître de Notre-Dame – en composant un Domine Salvum fac des plus brillants – VOILLEMONT renonce à sa nomination compte tenu « des marques de bonté qu’il vient de recevoir du chapitre » d’Angers. Ses revenus, toutes sources confondues, sont alors estimés à plus de 1 400 livres.
Franc-maçon depuis 1774, acquis aux idées nouvelles, l’abbé VOILLEMONT met ensuite ses talents au service de la Révolution, renonce à la prêtrise et se marie. Le musicologue Bruno Brévan écrit : « La musique de la Révolution n’est pas seulement une musique de divertissement. Une autre fin lui a été assignée : celle de concourir à l’éducation des citoyens, à former un citoyen nouveau ». Le maître semble avoir rallié ce paradigme et c’est à ce musicien et pédagogue estimé de longue date qu’est naturellement confiée l’organisation des fêtes révolutionnaires. Gabriel Omnes, référence de la vie musicale angevine du XXe siècle, a rapporté dans ses notes inédites l’organisation des cérémonies civiques et décadaires sous l’égide du maître. Si le nouvel espace musical privilégie les lieux de plein air, l’ancien chœur de la cathédrale, devenue « Temple Maurice », n’en est pas moins réinvesti. Après le Concordat, le musicien poursuit son dessein, fonde la Société du concert des Amateurs où ses anciens élèves et amis le rejoignent. VOILLEMONT incarne une musique fédératrice à l’église comme à la ville. Un cénacle s’est constitué autour de lui, fidèle jusqu’à son décès en 1814.
• Deux personnalités dominent la musique de la cathédrale : l’orgue et son organiste.
L’instrument fait la fierté d’Angers. Si la présence d’un orgue est attestée depuis le XIVe siècle, il a connu des transformations. Reconstruit en 1742-1748 par le facteur angevin Jean DANGEVILLE, il comporte alors 47 jeux sur quatre claviers.
Pierre Joseph COLLETTE, originaire de Calais, est l’organiste de Saint-Maurice en 1790. Clerc, compositeur, il a succédé en 1782 à François BAINVILLE retourné à Chartres. Sa rémunération est de 850 livres, plus du double de celle des autres « organistes de la ville ».
Le chapitre recrute maître de musique et organiste en mobilisant ses réseaux. Ils constituent l’un et l’autre les pièces maîtresses d’un dispositif musical que le chapitre veut à l’aune des plus grandes cathédrales.
• Les douze musiciens de chœur sont représentés par deux serpents bassons, Louis DORIGNY dit LEBLANC (également psalteur) et Jean François Joseph Pierre BÉRARD, ainsi que par le basson Gabriel Vincent POCHARD. L’effectif des psalteurs, majoritairement laïcs, venus de tous horizons, se répartit comme suit : une haute-contre, Pierre Frédéric PAIMPARÉ dit de Tours, deux hautes-tailles, Étienne BARDOU d’Agen et Armand-Fidèle LE GAY de Nantes, deux basses-tailles, Pierre Antoine POIDEVIN d’Angers et Guillaume François ROSÉ de Paris, ainsi que trois basses-contre, Pierre Antoine PARMENTIER de Verdun, Louis François QUILLET d’Amiens et Jean François SOUPLY de Beauvais. Le psalteur René POHU, originaire des Mauges, qui chante « tant en plain-chant qu’en musique », jouissait vraisemblablement d’une voix de basse.
Saint-Maurice est le seul des chapitres angevins à préciser les tessitures vocales de ses chanteurs. Les chanoines entendent s’attacher les meilleures voix, recrutent loin et gèrent les personnalités avec bienveillance. La basse-taille Philippe VAN ARKEN, originaire des Provinces-Unies, passe deux fois par Angers, en 1773 et 1785. Étienne BARDOU, « venu du pays des mousquetaires » comme l’écrit Poirier, a quant à lui un fort tempérament. Il peut « refuser de faire sa partie », soulever les musiciens contre le chapitre, etc. Ces messieurs font preuve de patience, se limitant généralement à de simples remontrances.
Parallèlement à ce corps constitué, des symphonistes sont gagés par le chapitre pour la Saint-Maurice, Pâques ou lors des grandes solennités. Lors du « Grand-Sacre » sont également recrutés des cuivres, musiciens de régiments.
• Dix pueri chori constituent la psallette. Le chanoine chantre Germain Poulain de la Guerche est régisseur de la psallette et Pierre VOILLEMONT maître de psallette. Interviennent aussi un maître de grammaire, Pierre Tessier, clerc tonsuré, ainsi qu’un maître d’écriture.
Les « pueri symphoniaci » ainsi qu’ils sont appelés au XVIIIe siècle sont « reçus sur concours selon l’usage ». Ils sont originaires d’Angers, Château-Gontier, Blois, et vivent en internat. Leur recrutement se fait entre six et huit ans et ils reçoivent une formation qui dure une douzaine d’années. Ils sont initiés à la musique par le maître et par leur participation quotidienne au chant des offices du chœur. Le chanoine Poirier estime à « trois heures par jour minimum le temps de présence des enfants » au chœur. Les études musicales se concentrent tout d’abord sur le plain-chant et le chant sur le livre. Le maître de musique peut être amené à leur enseigner la pratique d’un instrument ou à faire appel pour cela aux services d’un musicien extérieur.
Par ailleurs le chapitre se réserve le droit de confier à l’organiste un enfant de chœur. En 1787, Pierre Joseph COLLETTE a ainsi à charge d’enseigner l’orgue et le clavecin à un grand enfant qui selon toute vraisemblance n’est autre que Jean Clément POIDEVIN (que l’on retrouvera plus loin). En 1790, les instruments pratiqués à la psallette sont les cordes, l’orgue, le clavecin, le basson et le serpent.
La cathédrale Saint-Maurice est un lieu d’exception en Anjou à la fin de l’Ancien Régime, le seul disposant d’une psallette constituée – avec maître de musique et maître de grammaire – et de musiciens en nombre, et cela depuis plusieurs siècles. Elle entend bien soutenir la comparaison avec ses voisines, Tours ou Le Mans. Elle a le regard rivé vers Paris où elle multiplie les contacts lors de ses recrutements. Un de ses enfants, Pierre Antoine POIDEVIN, sera à partir de 1809 maître de chapelle à Rouen, GOLVIN, issu de la psallette, deviendra chanteur d’opéra, René FÉTU sera musicien de régiment… Cependant il faut garder en mémoire que la musique de la cathédrale pour étoffée et brillante qu’elle soit est fondée sur la pratique du plain-chant.
• • • Cinq collégiales actives…
Alors que des porosités existent entre musiciens de la cathédrale et musiciens de ville, les collégiales semblent vivre en retrait, à quelques exceptions près. Les chapitres se montrent exigeants quant à la qualité, à l’assiduité et à la constance de la louange divine dont le plain-chant ou le chant au lutrin sont le medium. Les « sous-chantreries » éventuelles – en tant que lieux – ont été supprimées avant 1770 et louées. Aucune mention d’un « maître des enfants » n’a été relevée entre 1780 et 1790 dans les registres capitulaires. Les enfants de chœur semblent formés par les sous-chantres ou les psalteurs et reçoivent des gages symboliques. Alors que la fonction de sous-chantre reste dévolue prioritairement à des clercs, le recrutement des psalteurs s’est infléchi et se fait auprès de laïcs. Les rémunérations, sans commune mesure avec celles de la cathédrale, sont équivalentes d’une collégiale à l’autre, limitant ainsi tensions et rivalités. Par exemple, un organiste est rémunéré entre 300 et 400 livres alors que, à la cathédrale, Pierre Joseph COLLETTE reçoit 850 livres. Étienne BARDOU est appointé 900 livres, lorsque les psalteurs des collégiales sont gagés 300 livres. Afin d’abonder leurs modestes rétributions, les psalteurs exercent parallèlement une activité artisanale de tisserands, faiseurs de bas, cordonniers… Les chapitres sont conscients des ressources limitées de leur bas chœur, tout comme ils se préoccupent de l’avenir de leurs grands enfants de chœur. Leur participation au financement de l’apprentissage d’un métier est fréquent.
• La collégiale Saint-Martin, première collégiale d’Angers
En 1783, le chapitre royal Saint-Martin est le plus important après celui de la cathédrale Saint-Maurice. La documentation le concernant est riche puisque les registres capitulaires de 1753 à 1790 sont consultables, tout comme les comptes de 1774 à 1789. L’historien Jacques Maillard lui a consacré un article dans les Archives d’Anjou en 2006. Le Pouillé du diocèse d’Angers de 1760 reconnaît à Saint-Martin 3 000 livres de revenus annuels quand celui de 1783 précise sa structure à la fin de l’Ancien Régime. Il est composé d’un doyen, d’un chantre et de neuf chanoines.
Édifié sur les vestiges d’une église antique, Saint-Martin a eu comme illustres bienfaiteurs Foulques Nerra, fondateur du chapitre au XIe siècle, puis le Roi René.
Si orgue et organiste sont présents en 1790, l’instrument reste mal documenté. Il semble cependant avoir été restauré par le facteur Jean LUCK,« allemand de nation », qui lui donne « trente-deux jeux et trois claviers, avec un buffet orné de fleurs de lys dorées sur fond bleu ».
Nicolas BAUDOUIN, organiste en titre, tient l’orgue de 1763 à 1790. Originaire de la paroisse, il a vraisemblablement servi comme enfant de chœur avant d’être reçu organiste. BAUDOUIN est régulièrement sollicité pour faire des remplacements tant à la cathédrale qu’à la collégiale Saint-Laud, ce qui est la marque d’un professionnalisme reconnu. Pensionné après 1790, il poursuivra son activité à l’église paroissiale Saint-Pierre. Après le Concordat en 1802, c’est à lui que le chapitre cathédral fera appel en tant qu’organier afin de remettre l’orgue en état de sonner, puis en tant qu’organiste jusqu’en 1809, date de sa mise à la retraite à 76 ans. Étienne BOYER, ex-organiste de la cathédrale de Tours, lui succèdera.
Le bas chœur est constitué d’abord de deux « maires chapelains » ainsi que de deux sous-chantres prêtres ou clercs tonsurés. Cependant la règle ne cesse de s’assouplir puisque le sous-chantre et psalteur Jean BOUSSION est marié et père de famille. Le parcours de Thomas CESBRON est tout autre. Jeune acolyte du diocèse d’Angers, on le voit organiser sa carrière en faisant jouer la concurrence entre les chapitres Saint-Laud et Saint-Martin où il a été reçu sous-sacriste en 1761. Il fait alors plusieurs va-et-vient avec Saint-Laud jusqu’à ce qu’il soit admis, enfin, sous-chantre et sacriste à vie en 1769. « Messire » Thomas CESBRON reste en fonction jusqu’à la fermeture du chapitre, jouissant en ville d’une position de petit notable.
Le bas chœur se compose en outre de quatre psalteurs. Leur position au sein de la collégiale évolue à la fin de l’Ancien Régime. En effet, initialement, de jeunes ecclésiastiques faisant leurs études au séminaire s’acquittaient de la fonction. Ils se succédaient à un rythme soutenu au gré de leurs études. La qualité vocale du bas chœur a certainement interrogé le chapitre qui a diversifié ses recrutements en faisant appel à des laïcs plus stables.
L’administration attribuera une pension à Jean BOUSSION, Jacques LALLEMAND, Étienne GRISON et René FÉTU.
René FÉTU s’inscrit au rang des personnalités musicales angevines. Engagé comme petit enfant de chœur à Saint-Martin en 1780, il est recruté par la psallette de la cathédrale en 1782 où il termine sa formation. Reçu psalteur au chapitre de Saint-Martin en 1787, il y reste jusqu’en 1790. La période révolutionnaire révèle alors un instrumentiste engagé politiquement : René FÉTU participe successivement à la garde nationale d’Angers en 1789, puis en 1798 est chef de musique au 64e régiment d’infanterie de ligne. Il suit le général Championnet pendant la campagne d’Italie où il participe à Naples à l’éphémère République parthénopéenne, moments de lyrisme tout autant républicains que musicaux. Il a vraisemblablement joué les grands hymnes l’Inno de CIMAROSA ou la Libertà de Monti et PAISIELLO composés en l’honneur de Championnet. À son retour en Anjou, FÉTU contribuera avec des musiciens et poètes à la création du Concert d’étude (1817-1839) où sa clarinette, son basson et sa cordialité donneront le ton. FÉTU est un intime de VOILLEMONT.
Le statut des enfants de chœur de Saint-Martin a évolué au cours du XVIIIe siècle. Initialement, les enfants placés sous l’autorité du sacriste, étaient en internat. Cependant faute de ressources suffisantes, le chapitre supprime la « sous-chantrerie » en mars 1769. À partir de cette date les quatre enfants de chœur sont répartis entre grands et petits et relèvent de l’autorité du sous-chantre Jean BOUSSION.
Le chapitre s’appuie sur deux grands enfants de chœur déjà formés à la musique et aux usages de l’église. Entre 1780 et 1790, les recrutements se font parmi les enfants de musiciens ou de familles à secourir. Aux fils de l’organiste BAUDOUIN, succèdent François Étienne GRISON, fils du psalteur Étienne GRISON, et René LEFORT, neveu de BOUSSION. Leurs gages annuels sont de 100 livres, équivalents à ceux versés par la cathédrale. En contrepartie de leurs émoluments, les grands assistent à tous les offices. Charge à eux également de participer aux fêtes et aux processions, notamment celle du « Grand-Sacre ». Au moment de leur sortie, le chapitre prend en charge leur apprentissage professionnel.
Les limites sont posées tout comme l’avenir : être grand enfant de chœur constitue un complément de revenus pour les familles, un tremplin vers les métiers de l’artisanat à moins d’être recruté par la cathédrale.
Les deux jeunes enfants présents en 1789 sont Jean CHAILLERIE et François MURZEAU. Ils n’interviennent que les dimanches et fêtes. Leur rétribution est de 12 livres par an.
La description de l’effectif met en évidence le rôle de psalteur exercé aussi bien par les sous-chantres que par le serpent. Cette polyvalence répond à une volonté de disposer au quotidien d’un bas chœur à même de psalmodier, quelles que soient les absences. Il s’agit de Saint-Martin, première collégiale de la province, où le service divin est un enjeu majeur.
L’imposante collégiale, supprimée comme toutes les autres à la fin de 1790, a subi diverses transformations avant d’être laissée à l’état de ruines. Elle devra attendre la fin du XXe siècle pour être restaurée et retrouver une place désormais dédiée à la culture au cœur d’Angers.
• La collégiale Saint-Laud, royale mais secondaire
« Si quelque église du diocèse peut prétendre au titre de Sainte-Chapelle, c’est sans contredit celle de Saint-Laud », qui possédait un morceau de la « vraie Croix ». Ainsi est-elle présentée dans le Pouillé de 1783. Fondée au XIe siècle, elle a été établie comme collégiale par Louis XI en 1471.
Le Pouillé de 1760 attribue 3 000 livres de revenus au chapitre, soit une somme identique à celle du chapitre Saint-Martin. Le chapitre est composé d’un doyen et de sept chanoines.
La situation des organistes du chapitre de Saint-Laud est instable. La modicité des rémunérations (250-300 livres) et le mauvais état de l’instrument ne les incitent pas à rester. Ainsi se succèdent à la tribune GABORY en 1782, puis BAUDOUIN, LORIN de 1783 à 1786, un certain COLLET qui fait une brève incursion, enfin Anselme GIRAULT, reçu en mai 1786. Le nouvel organiste qui vient de l’abbaye de Toussaint se heurte rapidement au chapitre auquel il démontre que l’orgue « n’était plus d’accord ». Ses arguments sont suffisamment convaincants pour que dès juillet 1786 il soit convenu, sur recommandation du facteur LUCK, de changer l’orgue pour un instrument d’occasion de DANGEVILLE. GIRAULT, décédé prématurément, aura comme successeur jusqu’en 1790 « Demoiselle » Rose Françoise VERGER qui touchait précédemment l’orgue de l’abbaye du Ronceray.
Le bas chœur est constitué de deux « maires chapelains » prêtres, de deux sous-chantres, Julien DAUVESSE et René FERRON, de deux psalteurs, Jean-Baptiste TERRIEN et Pierre LOFFICIAL, ainsi que d’un épistolier psalteur, Pierre BERRANGER. Les enfants de chœur sont quant à eux rarement mentionnés dans les registres capitulaires.
Des similitudes existent avec Saint-Martin, telle la laïcisation progressive du bas chœur, le montant des gages qui oscillent entre 200 et 360 livres annuelles, ainsi que la pratique d’un second métier. FERRON, par exemple, dont l’épouse est également au service de la collégiale comme « officière souffleuse d’orgue », est sabotier et cabaretier. LOFFICIAL est tisserand quand TERRIEN est dit « faiseur de bas » dans son acte de décès.
Si en 1790 les officiers de Saint-Laud espèrent recevoir une pension, tous ne sont pas éligibles, trop jeunes ou n’ayant pas totalisé les annuités de service nécessaires. Seul BERRANGER, grâce à ses cinquante ans d’âge et vingt-quatre de service, obtient une pension de 100 livres représentant la moitié de ses appointements. Il est repris dans la nouvelle structure de la paroisse Saint-Laud (1792) avec des musiciens issus d’autres bas chœurs.
Pendant la Révolution, la collégiale est pillée, le reliquaire brisé, signant ainsi la fin d’un monde. Elle sera rasée au XIXe siècle laissant place à un nouvel édifice de style néo-roman consacré en 1876.
• La collégiale Saint-Pierre, l’église des Grandes Écoles
Le plan des Échevins de 1736 brossait la place Saint-Maurille et ses trois collégiales : Saint-Maimbeuf – simple église paroissiale depuis 1702 –, Saint-Maurille et Saint-Pierre. Rachetées toutes trois par la Ville en 1791, elles furent détruites permettant la création de la vaste place du Ralliement où a été édifié le nouveau théâtre.
La renommée de la collégiale Saint-Pierre tient autant à son histoire, qu’à sa proximité avec l’Université.
Les revenus annuels du chapitre sont de 3 500 livres. Il est composé d’un doyen, d’un chantre et de huit chanoines, parmi lesquels Louis BACHELIER, ancien maître de musique de la cathédrale Saint-Maurice. Il a été pourvu à sa retraite en 1769 d’une stalle à Saint-Pierre où il est aussi secrétaire et procureur. Il reste au chapitre jusqu’à son décès en 1782. Peu sollicité musicalement – il aurait seulement participé au recrutement d’un organiste – BACHELIER continue de composer des motets pour son précédent employeur.
La réfection de l’orgue de Saint-Pierre est confiée en 1777 au facteur Jean DANGEVILLE, moyennant 3 400 livres. Si l’orgue sonne, les organistes déclinent la tribune compte tenu d’appointements trop modestes (300-400 livres). Le chapitre rappelle donc Mathieu Maurice GABORY déjà employé en 1759. Ses émoluments passent alors de 200 à 400 livres par an.
L’effectif du bas chœur est quant à lui réduit, organisé en 1790 autour d’un « maire chapelain » prêtre et de quatre psalteurs laïcs : Pierre GEINDREAU, François MOUSSEAU, René POISSON et Jean VERGER ainsi que du sacriste et serpent René DOHIN. Sous-chantre et organiste ont été congédiés dès le 25 novembre 1789. En effet, le chapitre réuni est obligé de considérer que « que dans les circonstances il est nécessaire de réduire les dépenses autant que possible [et ont] conclu de congédier l’organiste [GABORY] et BIGOT psalteur le dernier de ce mois et de donner à ce dernier 12 livres de gratification, et le sous-chantre le dernier du mois prochain ».
En dépit de sa réputation d’aisance, le chapitre fait face à de réelles difficultés financières. La situation s’est dégradée progressivement depuis 1750. Les sommes qu’il consacre à son bas chœur sont peu élevées, il n’y a plus de sous-chantre, la rémunération des psalteurs – 342 livres par an – leur permet difficilement d’entretenir une famille, le recrutement d’un organiste est problématique, les enfants de chœur sont réduits au minimum. Depuis 1758, ils ne sont plus que deux présents uniquement « les dimanches et fêtes » en contrepartie de 18 livres par an et « d’une paire de souliers ».
• La collégiale Saint-Maurille, la pratique d’un chant divin décent
Construite à quelques pas de celle de Saint-Pierre sur d’antiques fondations, la collégiale Saint-Maurille abrite également un chapitre de huit prébendes avec des revenus globaux de 3 500 livres selon le Pouillé (1760).
Saint-Maurille n’en possède pas moins sa structure cantorale. Elle est composée du sous-chantre Pierre FORESTIER, de quatre psalteurs, Honoré BELLANGER, François GUIMONT, Jean MASSON, Jean SOULARD, également serpent, ainsi que du sacriste François René BRIBARD. Leur rémunération est de 300 livres. BRIBARD, recruté pour « aider à sonner », participe vraisemblablement au chant de l’office car, après 1790, il sera « chantre » au sein de la paroisse Saint-Pierre.
Bien que la collégiale Saint-Maurille ait ou ait eu un orgue, le dernier organiste connu remonte à 1773. Jean TASSIN était recherché pour sa polyvalence d’organiste et d’organier ainsi que l’indiquent son contrat et ses interventions ponctuelles sur l’orgue de Saint-Laud. Il sera reçu à Baugé – vers 1789 –, ce qui laisse dans l’ombre une période de quinze longues années.
• La Trinité, chapitre dépendant de l’abbaye de femmes du Ronceray
À suivre le Pouillé de 1783, « Chapitre et communauté de l’Église de la Trinité d’Angers » sont mêlés l’un à l’autre. La communauté est située quartier de la Doutre, c’est-à-dire rive droite de la Maine, tout en étant intra-muros. La Trinité est la seule collégiale de ce vaste faubourg peuplé de douze à quinze mille habitants. Y sont également installés l’hôpital Saint-Jean – l’Hôtel-Dieu –, l’hôpital général, ainsi que plusieurs communautés religieuses. L’église de la Trinité est à la fois collégiale et paroissiale. Le libellé donne la préséance au « Chapitre » dont le collège a été fondé au XVIIe siècle afin de servir abbaye et paroisse.
La destinée de la collégiale est indissociable de celle de l’abbaye du Ronceray. L’Anjou historique (juillet 1917) précise que « l’église de La Trinité communique intérieurement à celle du Ronceray, en sorte que les deux ne forment réellement qu’une seule et même église divisée en deux parties ».
En février 1701, Mgr Le Pelletier a modifié l’organisation du clergé de la Trinité et du Ronceray avec le consentement de l’abbesse. Il est alors constitué de quatre chanoines, du curé ou vicaire perpétuel ayant charge d’âmes dans la paroisse de la Trinité, de trois anciens vicaires perpétuels devenus « maires chapelains », ainsi que de nombreux chapelains et officiers.
Le corps des officiers qui était composé en 1701 d’un diacre, d’un sacriste prêtre, d’un chantre et de quatre psalteurs s'est réduit au fil du temps. En 1790, la communauté Trinité-Ronceray ne rémunère plus qu’un sous-chantre, André COCHET, ainsi que le psalteur Mathurin Louis RENIER, tous deux clercs tonsurés. RENIER, jureur zélé, futur vicaire constitutionnel, sera nommé curé du Louroux-Béconnais où il terminera tragiquement sa vie, fusillé par les Vendéens en 1795. L’avenir de COCHET n’est guère plus enviable, puisque détenu pour refus de serment, il trouvera la mort dans les prisons de Doué à la fin de 1793.
• • • Cinq abbayes renommées…
En 1790, les effectifs des abbayes masculines sont clairsemés. Cependant, l’abbaye féminine bénédictine du Ronceray semble mieux résister à la baisse des vocations.
• L’abbaye du Ronceray, abbaye bénédictine de femmes
L’abbaye du Ronceray a été fondée au XIe siècle sur l’initiative de Foulques Nerra. Opulente abbaye bénédictine, elle ne recevait que des filles de haute noblesse. Elles n’étaient pas tenues à une clôture stricte. En 1790, l’abbaye est gouvernée par Madame d’Aubeterre, abbesse toute puissante qui veille sur 22 moniales dont plusieurs sont fort âgées.
Les membres de la communauté Trinité-Ronceray prêtaient serment de fidélité à l’abbesse du Ronceray. « Même pour la communion pascale l’officiant était tenu de prendre de la main de l’abbesse la clé du tabernacle » (C. Port, Dictionnaire…, « Angers-Trinité »).
Si l’abbesse régit la communauté, des ambiguïtés de préséance ou de fonctionnement soulèvent épisodiquement des tensions avec les chanoines voisins. L’imbrication des deux églises contribue à complexifier les relations et les rôles. « Les chanoines sont en même temps chanoines de l’abbaye et de la Trinité ; ils sont établis pour le service de l’abbaye et de la paroisse ; il n’y a qu’eux qui aient droit d’officier dans l’abbaye » (Anjou historique, novembre 1917).
L’abbaye joue un rôle clé dans la célèbre procession du « Grand-Sacre » qui, partie de la cathédrale, traverse exceptionnellement le chœur de son église abbatiale avec orgue et chants le jour de la Fête-Dieu, alors que les religieuses se sont retirées.
Le Ronceray et la Trinité disposent d’une seule musique mais de deux orgues. Eugène Lefèvre-Pontalis a laissé une étude détaillée de l’abbatiale du Ronceray (1912) où il précise que de nouvelles orgues ont été installées au début du XVIIIe siècle dans la tribune occidentale, succédant probablement à des orgues du XVIIe siècle. Lorsque le facteur d’orgues Christien NYSSEN, installé à Angers en 1788, intervient sur l’orgue, il procède vraisemblablement à des travaux de réparation.
L’organiste Jeanne DUCLOS tient la tribune en 1790. Elle a été reçue par l’abbaye en 1784 alors qu’elle n’avait que vingt ans. Elle succède à Françoise Rose VERGER partie à Saint-Laud. Jeanne DUCLOS demeure à l’abbaye où elle est nourrie et dont elle reçoit 150 livres par an. Après avoir adressé une requête à l’administration, elle reçoit une gratification de 450 livres puis s’en retournera dans sa famille à Laval [Mayenne]. Compte tenu de la situation ambivalente de la « communauté » et de sa rémunération il est vraisemblable qu’elle joue sur l’orgue de l’abbatiale et sur celui de la Trinité.
• Quatre abbayes d’hommes sans grand éclat
L’abbaye bénédictine Saint-Aubin qui date du VIe siècle est la plus importante avec droit de préséance sur tout le clergé dans les cérémonies. Elle est devenue mauriste en 1660. Si elle fut dite La Riche, sa situation à la fin du XVIIIe siècle est plus précaire. En 1790 il s’y trouve dix-sept religieux. L’ancienne église abbatiale est dotée d’orgues « magnifiquement sculptées » décrites dans l’inventaire de 1790 avec « 16 pieds ordinaires, belle boisure, placé[es] sur une voûte ». L’abbaye entretient un organiste, René Pierre LE GENTIL, originaire de Laval dans le Bas-Maine, ainsi qu’un serpent, François PAUTRAS, ecclésiastique.
L’abbaye bénédictine Saint-Serge fondée au VIIe siècle est située hors enceinte à l’est de la ville. Son chapitre date du XIe siècle, sa prospérité des XIIe et XIIIe siècles. Réformée par la congrégation de Saint-Maur au XVIIe siècle, elle ne compte plus en 1790 que douze moines à demeure. Si la présence d’un orgue est attestée depuis 1626, aucun organiste n’est mentionné en 1790. L’Inventaire des orgues de Maine-et-Loire (1993) précise qu’était installé dans la chapelle « un orgue petit et harmonieux ». Seul le serpent-psalteur Mathurin GARREAU soutient le chant divin.
L’abbaye de Toussaint fondée au XIe siècle, augustinienne à partir du XIIe siècle, a été réunie à la Congrégation de France en 1635. Le XVIIe siècle voit la reconstruction des bâtiments, « grandioses » selon Célestin Port, entourés de vastes jardins. André Mussat, historien d’art, qualifiait Toussaint « de chef d’œuvre exceptionnel ». En 1790, douze chanoines y résident qui accordent à l’organiste Pierre FERON un subside de 176 livres, bien insuffisant pour faire vivre une famille. Aussi FERON exerce-t-il par ailleurs le métier de « maître peignaire ».
L’abbaye Saint-Nicolas dit « Le Pauvre » se situe extra-muros outre-Maine. Après diverses vicissitudes, elle est confiée au XVIIe siècle aux Bénédictins de Saint-Maur, qui entreprennent des travaux. En 1790, restent à l’abbaye le prieur et neuf religieux sans qu’aucun musicien ne puisse actuellement y être rattaché.
• • • Présence de quelques autres orgues à Angers ou ses alentours…
En croisant les sources, des orgues – points de repère tant visuels que sonores – ont été identifiés l’un à l’église des Cordeliers (1709), l’autre chez les Jacobins qui versent 200 livres au facteur Christian NYSSEN pour des réparations en 1788.
Le séminaire d’Angers – dit Saint-Julien – emploie le même « organiste et fabricant de bas » depuis trente ans. Concrètement le sieur Pierre CHATELAIN, rémunéré par le séminaire, exerce en l’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste-Saint-Julien moyennant 400 livres, ce qui est supérieur à ce que touchent la plupart de ses homologues angevins.
Quelques églises paroissiales étaient également pourvues d’orgues : Saint-Maimbeuf, Saint-Michel du Tertre… dont les noms des titulaires restent à découvrir.
L’abbaye bénédictine du Perray-aux-Nonnains, à Écouflant, sur les bords de la Maine, à proximité immédiate d’Angers, mérite d’être citée pour son organiste. Alors qu’en 1790 la maison tombe en ruines et que n’y résident plus que huit religieuses professes, l’orgue est toujours en fonctionnement. Jeanne-Marie BERTRAND se proclame « officière organiste ». Succédant à François HURSON, puis à Anselme Rosalie GIRAULT, elle avait été « reçue pendant sa vie [c’est-à-dire à titre viager] dans la maison conventuelle des dames religieuses du Perray en qualité d’organiste, métraisse de chant et pour servir au chœur ». Originaire de Vitré en Bretagne, séparée de son mari Louis JANNOT organiste à Château-Gontier, sa biographie est bien documentée par une enquête récente (Sylvie Granger, 2011).
Ailleurs en Anjou : des territoires différenciés
La Loire, épine dorsale du département, structure le département. D’est en ouest, son cours est jalonné de ports qui s’égrènent : Saumur, Chalonnes, Ingrandes... Le commerce du sel, de l’ardoise, du tuffeau ou des vins du Saumurois emprunte le fleuve. Entre nord et sud – haut et bas Anjou – elle constitue une barrière naturelle délimitant des territoires composites où les idées nouvelles sont diversement accueillies.
François Lebrun (Le diocèse d’Angers, 2001) a souligné la fracture religieuse opérée par la Révolution en Anjou : « Elle a révélé l’opposition entre l’est du département, accueillant aux idées nouvelles, glissant à une déchristianisation analogue à celle de la Touraine proche, et les bocages de l’ouest, aux structures sociales et mentales résistantes comme le sous-sol cristallin ». Alors que Saumur ou Baugé prêtent majoritairement serment (89 et 65 %), les Mauges le rejettent massivement. Quant à Angers, Châteauneuf, Vihiers, 30 % des ecclésiastiques sont jureurs et presque 50% dans le Segréen.
• • • Un Haut-Anjou dépourvu de collégiales majeures
Le Haut-Anjou, dans la partie septentrionale du Maine-et-Loire, se répartit entre Segréen vallonné aux confins de Marches de Bretagne, et Baugeois entre Touraine et Haut-Maine. Deux des petites villes les plus actives du voisinage, Craon et Château-Gontier, ayant été attribuées à la Mayenne, le réseau urbain subsistant se résume à Segré, Baugé, Jarzé et Beaufort. Dans ce contexte les lieux de musique se trouvent forcément limités.
• Au nord, dans le Segréen : l’organiste de Nyoiseau
La Carte générale de l’élection d’Angers précisait au sujet de la bourgade de Segré (700 habitants en 1790) : « En Craonnais sur l’Oudon ; petite ville qui ne subsiste que par le marché ». Les chantres de ses deux églises paroissiales n’ont pas surgi des sources examinées.
Notre-Dame de Nyoiseau, à quelques kilomètres de Segré, est une abbaye bénédictine de femmes. En 1790, Nyoiseau ou Nid-d’Oiseau compte 18 religieuses… et un organiste. Le nom de Jérôme GOUAULT est répertorié dans un des tableaux de 1790. Clerc tonsuré originaire de Bourgogne, il s’installe en Anjou dès 1763 puis, après la fermeture de l’abbaye de Nyoiseau en 1792, part en Mayenne, avant de terminer sa vie en 1803 à Chevreuse [Yvelines]. Bien des points de son itinérance restent cependant en suspens.
• Le quart nord-est de l’Anjou s’organise autour de Baugé
Baugé est une ancienne sénéchaussée secondaire située au nord-est d’Angers. Le développement de Baugé [le Neuf] a pour origine l’édification d’une forteresse puis d’un château au Moyen Âge. La bourgade, de 3 100 habitants en 1790, est à distinguer du bourg initial, le Vieil-Baugé, siège d’une collégiale tombée en désuétude dès le XIe siècle.
Le jugement de l’érudit Célestin Port sur le Baugeois est sévère : une région boisée, une ville assez misérable, mal desservie et enclavée. Un regard attentif pondère cependant cette vision. En effet Baugé compte des édifices religieux, un collège et un Hôtel-Dieu. Les Baugeois fréquentaient initialement l’église Saint-Laurent insérée dans le château et devenue dangereuse au fil du temps. Une nouvelle église paroissiale fut édifiée, Saint-Laurent et Saint-Pierre, terminée en 1611. Les dons des paroissiens contribuèrent tant à l’embellir qu’à la sonoriser.
En effet, une fondation faite à la fabrique en 1646 par l’abbé Chevreux a permis la construction d’un orgue ainsi que la rémunération de son organiste. Jean TASSIN, qui avait préalablement exercé à la collégiale Saint-Maurille d’Angers, est à la tribune de 1789 à 1795. Les orgues de Baugé ont connu plusieurs restaurations menées notamment par les facteurs angevins DANGEVILLE et LUCK pour cette période.
En 1806, l’orgue est restauré par le facteur parisien MOMIGNY et expertisé par l’organiste de La Flèche Pierre COLLET. Il semble qu’il soit ensuite confié au frère de ce dernier, François COLLET, ancien organiste de la collégiale Saint-Tugal de Laval.
Baugé jouit également d’un collège dont Charles CAILLEAU, prêtre originaire de La Jumellière dans les Mauges, devient principal en 1781. Jusqu’en 1790 CAILLEAU mêle ses fonctions de principal à celles de chantre occasionnel contre des gages symboliques de 18 livres par an.
• En Baugeois : Jarzé et Beaufort entre tradition et prospérité
Jarzé, bourgade développée autour de son château, recense 1 800 habitants en 1790. À la fin de l’Ancien Régime, le chapitre Saint-Cyr et Sainte-Julitte est réduit à quatre prébendes dont une « prébende cantoriale ». Aucune trace de musique n’y a été décelée.
Beaufort vit naître le musicien Jehan Cardavoine (1538-1580) qui composa moulte chansons afin « de divertir, voire de faire danser les gens de Cour et du peuple ».
C’est une des villes les plus peuplées (6 200 habitants en 1790) et dynamiques du département notamment grâce à sa manufacture de toiles de voiles. La cité est également dotée d’institutions hospitalières, collège, confréries ainsi que d’une loge maçonnique fréquentée par l’organiste Pierre HYARD.
L’aisance économique de Beaufort se reflète toutefois peu dans la vie de son église paroissiale. En effet, en 1790, la paroisse Notre-Dame a peu de ressources financières malgré la présence d’un clergé important, quatre vicaires et sept prêtres habitués dont le futur évêque constitutionnel Hugues Pelletier.
Son seul faste tient à la présence d’un orgue installé dès 1535, probable bienfait de Jeanne de Laval, et dont l’entretien est devenu problématique. L’orgue a été relevé à plusieurs reprises au fil des siècles. Lorsque DANGEVILLE intervient en 1765, il ne procède qu’à de menues réparations. À partir de cette date les organistes qui se succèdent à la tribune sont connus : Claude MENUAU, Jacques DRUET, François HURSON ainsi que Pierre HYARD. Ce dernier terminera sa vie à Beaufort après avoir, semble-t-il, contribué à sauver l’orgue pendant les années révolutionnaires. Cette rotation importante d’organistes est certes imputable aux qualités médiocres de l’instrument mais aussi aux conditions imposées par une fabrique économe qui, depuis 1646, a regroupé les offices d’organiste et de sacristain. Concernant la pratique du chant, les noms des psalteurs sont encore inconnus.
• • • Le Saumurois, des lieux de musique potentiels en nombre et… peu de musiciens
Le Bas-Anjou est marqué par deux territoires contrastés. Alors que le Saumurois s’étire au sud le long du fleuve et présente de riches vignobles, les Mauges sont un pays de bocage aux vallées encaissées. Elles seront le théâtre de guerres fratricides (1793-1795), une lutte sans merci entre « Bleus » et « Blancs » qui réduisent le pays à néant, laissant terres et villes brûlées, familles décimées.
« Outre-Loire » se détache le vaste territoire de l’ancien gouvernement et sénéchaussée de Saumur, restreint en 1790 aux dimensions d’un district. Selon l’Abbé Gallard (« Clergé Saumurois pendant la Révolution ») : « en 1789 le district de Saumur comptait 80 paroisses, dont 61 relevaient de l’évêque d’Angers et 19 de l’évêque de Poitiers ». Le clergé d’origine locale est instruit et prête à 89 % le serment à la Constitution le 30 janvier 1791. Les quelques réfractaires se situent principalement dans l’ouest mitoyen des Mauges et du Choletais. Le département ne manque pas de s’enorgueillir de la situation auprès du Comité ecclésiastique en citant le Saumurois comme « l’exemple de notre département, et peut-être de la France entière, par sa soumission aux lois, par son patriotisme, par la conduite de ses ecclésiastiques qui, tous, ont fait le serment ».
• Saumur : une organisation religieuse atypique
La ville, excentrée, est implantée à plus de 60 km au sud-est d’Angers. À la fin de l’Ancien Régime, Saumur émerge d’un repli de cent ans, consécutif à la perte de sa forte population protestante. En 1790, la seconde cité du département recense 12 500 âmes.
Hors la musique d’Église, Saumur bénéficie d’une salle de spectacles, une construction appelée « théâtre » par Mme Cradock lors de sa visite en septembre 1785 : une « vieille grange en planches, éclairée par trois chandelles de suif […] Dans un endroit réservé qu’on nomme l’orchestre, un malheureux musicien jouant d’un violon à trois cordes. Une pièce mauvaise, et tous les acteurs excepté un seul, encore plus mauvais ». Un théâtre édifié entre 1785 et 1788 remplace cette méchante salle.
Les registres paroissiaux ont en outre laissé émerger des noms de musiciens tels que Jacques Lempereur et Jacob Leinveber, musiciens des carabiniers du Comte de Provence, mais aussi Michel MANCKEL, organiste de passage originaire de Hesse Cassel. Des maîtres à danser exercent également dans la ville. René-Augustin FOURNEAU par exemple se marie à La Flèche le 22 avril 1765, alors qu’il demeure paroisse Notre-Dame de Nantilly à Saumur.
La vie religieuse de Saumur est structurée autour et sous l’influence de l’abbaye bénédictine de Saint-Florent. Des trois églises à sa présentation, les deux plus importantes sont Notre-Dame de Nantilly et Saint-Pierre.
L’église Notre-Dame de Nantilly, église paroissiale, est située dans les faubourgs. Elle date du XIe siècle. Elle est dite « matrice et plébéane », c’est-à-dire qu’elle est première et a autorité sur Saint-Pierre appelée « succursale ». Elles sont pourvues respectivement de collèges de 19 et 14 chapelains qui se revendiquent chanoines. À la fin du XVIIIe siècle, l’urbanisation de Saumur et ses nouveaux ponts donnent la prééminence à l’église Saint-Pierre au cœur de la ville.
À l’église Notre-Dame de Nantilly tout comme à Saint-Pierre, le chant est imparti aux ecclésiastiques sans mentions d’intervenants extérieurs, à l’exception d’un seul nom retrouvé.
La série L répertorie en effet pour Saumur le nom de Jean LANGLOIS, porte-croix, rétribué 43 livres par an par la fabrique de Saint-Pierre depuis 1784. LANGLOIS se fait connaître de l’administration en mai 1791 en lui adressant une supplique. Le « chantre » LANGLOIS expose qu’il a consacré sa « jeunesse à l’église » comme « officier de chœur » et qu’il sert toujours malgré son âge : une argumentation persuasive puisque le district lui accorde environ 40 livres de « secours » versés sous forme de pension annuelle.
Des orgues en tribune dans chacune des églises viennent embellir la louange divine. Notre-Dame de Nantilly et Saint-Pierre possèdent des instruments avec grand orgue et positif (Inventaire des Orgues…, 1983). Les comptes de fabrique font état de travaux de restauration pour l’une et l’autre église, effectués pour Saint-Pierre en 1768 par le facteur BURON.
L’organiste en place répond à une volonté musicale formalisée contractuellement. George DENIS signe avec Notre-Dame de Nantilly deux contrats successifs en 1777 et 1783. Il est originaire de Verdun où il était « bourgeois et organiste ». Notre-Dame de Nantilly attend de lui qu’il « touche son instrument suivant l’usage ordinaire du diocèse d’Angers » et qu’il en assure l’entretien moyennant 300 livres par an. Il est également appointé environ 200 livres lorsqu’il intervient à Saint-Pierre. George DENIS décède en novembre 1789. Bien que sa fille Marie Elizabeth DENIS soit l’impétrante présumée à la succession, aucune décision n’est entérinée par les registres de délibération.
Marie Elizabeth DENIS n’est pas la seule femme organiste de Saumur. Elle est la troisième répertoriée après la Demoiselle MORALEC qui avait postulé à la collégiale Saint-Laud d’Angers en 1758 et Madame BONVALLET mentionnée en 1761. Leurs carrières restent encore dans l’ombre.
Des enfants de chœur figurent dans les comptes de fabrique de chacune des deux églises. Cette documentation relève de l’exception en Maine-et-Loire. Ils sont en 1790 trois ou quatre selon la structure, ne sont cités que par leur patronyme et se renouvellent fréquemment. À suivre l’état de leur rémunération (entre 9 et 12 livres par an), leur formation est vraisemblablement plus d’ordre cérémoniel que musical.
En définitive, le clergé de Saumur pratique le plain-chant assigné essentiellement à des prêtres ou chapelains. Parallèlement, il n’a pas hésité, et ce depuis le XVIIe siècle, à investir dans des orgues et organistes qui embellissent les offices. Enfin, alors que Saumur s’inscrit dans la tradition, la présence de trois femmes organistes interroge quant à leurs formations, leurs carrières qui restent encore trop succinctement connues.
D’autres lieux de musique à Saumur…
Notre-Dame des Ardilliers, lieu de pèlerinage marial et chapelle du collège des Oratoriens disposait également d’un orgue. Deux autres instruments existaient semble-t-il chez les Récollets, ainsi que chez les Cordeliers.
• Une mosaïque de collégiales rurales en déshérence
Le Saumurois ne compte pas moins de sept collégiales rurales dont certaines menacent ruine. Leur origine est souvent liée à un dispositif défensif datant du Moyen Âge. En 1790, les églises attenantes à un château seigneurial semblent une rémanence d’un autre temps. Le chapitre du Puy-Notre-Dame, lieu de pèlerinage réputé, fait exception.
Le Puy-Notre-Dame, du diocèse de Poitiers, est campé aux confins des provinces d’Anjou et du Poitou. En 1790 le bourg compte 1 500 âmes. L’endroit, rebaptisé Le Puy-la-Montagne en 1793, semble vivre en autarcie avec des gens ancrés dans leur terroir.
Cette ancienne cité fortifiée s’est développée autour de son église fréquentée par les pèlerins cheminant vers Saint-Jacques de Compostelle ou par ceux venant au Puy vénérer la Sainte Ceinture de la Vierge réputée favoriser naissances et descendance mâle. L’église Notre-Dame édifiée au XIIIe siècle est dotée en 1482 par Louis XI d’un chapitre et d’une psallette. La renommée de la collégiale à la cour est sans conteste due à la fameuse relique. La naissance du futur Louis XIV lui serait imputable…
La collégiale du Puy-Notre-Dame est bien documentée à travers registres et comptes capitulaires (1766-1784).
En 1790 le chapitre de la collégiale, fort de 3 600 livres de revenus, est constitué d’un doyen, d’un chantre sous-doyen et de neuf chanoines qui rémunèrent deux musiciens. L’architecture de l’édifice est imposante tout comme le mobilier intérieur. Des orgues que les chanoines avaient voulues identiques à celles de la cathédrale de Saintes avaient été édifiées au XVIIe siècle par Jean Oury moyennant un marché de 2 700 livres. Elles seront pillées pendant les années révolutionnaires.
L’organiste en titre en 1790 est Marie VALLIOT. Depuis sa prise de fonction en 1784, elle reçoit comme gages 31 livres 15 sols par an, y compris les rétributions de la Saint-Jean, ce qui correspond à la rémunération de son prédécesseur, Charles Antoine BOULANGER. Ces gages ne peuvent constituer qu’un bien maigre appoint.
La psallette est quant à elle dirigée par un maître, Jullien Louis THOMARÉ, ancien sous-chantre de la collégiale Saint-Laud d’Angers, originaire du Bas-Maine. Il a été reçu en 1766 avec des émoluments annuels de 300 livres. Le titre hérité des années dorées a peu à voir avec sa fonction tant sa charge est variée. Il instruit les trois enfants de chœur ROCHEREAU, GAUTIER et CHOLLET dit BORIT. Il veille aussi à la réparation des toitures, s’occupe de la commande de tissu pour les aubes… et chante les heures.
Après la fermeture du chapitre, Marie VALLIOT et THOMARÉ – devenu « notaire public » – obtiendront une pension de l’État.
Doué [Doué-la-Fontaine], bourgade de 2 000 habitants, est une petite ville avec un collège réputé dont François-Yves Besnard, ancien élève, s’est fait l’écho dans ses Souvenirs d’un nonagénaire. Le chapitre Saint-Denis bénéficiait toujours en 1790 de six prébendes à la présentation de l’évêque, totalisant un revenu de 1 800 livres. Cependant les offices avaient dû être transférés à l’église paroissiale Saint-Pierre car la collégiale menaçait de s’effondrer. L’église paroissiale est alors dotée d’un « vicaire chantre », Charles Nicolas DOUSSAIN, originaire de Doué comme la plupart de ses pairs et principal du collège (1781-1785).
Montreuil-Bellay, ville close baignée par le Thouet (1 800 habitants), était du diocèse du Poitiers avant 1790. La chapelle du château construite au XIe siècle, érigée en collégiale au XVe siècle, était alors dotée de dix chanoines et de 1 750 livres de revenus. Micheline de Grandmaison (Congrès archéologique d’Anjou, 1964) rapporte une tradition significative des usages féodaux de cette collégiale castrale : les chanoines, « lorsqu’ils prenaient possession de leur canonicat, étaient tenus à "faire entrée" dans la collégiale à cheval, bottés, éperonnés et portant le faucon sur le poing ».
En 1790 la cité est en déclin sur les plans religieux et économique. La navigation sur le Thouet a été abandonnée, la misère sévit. Le séculaire chapitre Notre-Dame est toujours constitué de dix chanoines qui limitent leurs dépenses au strict minimum.
Le chapitre peut s’enorgueillir d’un orgue depuis le XVIIe siècle. L’instrument « façon de cabinet » est placé sur le jubé. À la fin de l’Ancien Régime, la musique de la collégiale Notre-Dame repose sur l’organiste François BECQUET (1756-1793), rémunéré 150 livres par an et qui sera pensionné. En effet, le sieur HELIOT, dernier « maître de psallette » en titre, a été inhumé en 1782 et n’a toujours pas trouvé successeur en 1788. En attendant son remplacement, le chapitre confie l’instruction des quatre puis trois « enfants de chœur » à des maîtresses d’école contre 4 livres par mois. C’est dire qu’ils n’ont plus d’activité musicale.
Martigné-Briand est situé au nord-ouest du Saumurois sur les côteaux du Layon, aux confins des Mauges. Partagé entre vie des champs et vie des vignes, le bourg (2 000 âmes en 1790) s’enroule autour du château dont les toitures calcinées en 1793 offrent aujourd’hui une vue singulière.
De la collégiale Saint-Simplicien appuyée sur le mur d’enceinte de la cité ne subsistent de nos jours qu’une partie du chœur et une tour. Le chapitre seigneurial avait été érigé vers 1240.Le Pouillé de 1783 précise que le chapitre est composé d’un « chefcier » et de six prébendes à la présentation et collation du seigneur de Martigné-Briand, tout comme la cure Saint-Simplicien. Le revenu du chapitre n’est que de 1 400 livres par an.
Les registres capitulaires ont permis d’identifier deux puis un seul psalteur. François RENOU est entré au service du chapitre en 1768. Il y avait été enfant de chœur. Cependant ses gages en 1790 ne sont que de 36 livres argent et trois setiers de blé par an. Un second psalteur, Étienne PAUVERT, avait été recruté en mars 1778 car le chapitre considérait « que plusieurs de Messieurs les chanoines [étaient] devenus infirmes et hors d’état de pouvoir chanter ». L’engagement s’était néanmoins fait sous condition : PAUVERT devait « s’appliquer à apprendre à bien lire le plain-chant ». Sa rémunération était identique à celle de RENOU. PAUVERT quitte Saint-Simplicien en 1780, avant de rejoindre Angers, puis de vicarier en direction de Nantes, Vannes, Luçon et La Rochelle. Le chapitre ne le remplace pas.
Les deux enfants de chœur identifiés en 1783 sont les frères Nicolas et Charles GRIGNON, fils du bedeau-cordonnier. Ils sont rémunérés en nature : 15 boisseaux de blé froment par quartiers.
En 1790, le chapitre de la collégiale Saint-Simplicien semble à bout de souffle. Le bas chœur n’est plus constitué que d’un psalteur ; les deux enfants de chœur, loin de constituer une psallette ou de recevoir une formation musicale, semblent assignés à une fonction cérémonielle.
Plusieurs chapitres modestes, n’ont plus que des activités résiduelles, tels le chapitre Notre-Dame-des-Vertus [La Grézille], à Ambillou, celui de Sainte-Croix de Montsoreau ou encore celui de Saint-Aubin de Blaison.
• L’empreinte de deux grandes abbayes
L’abbaye bénédictine d’hommes de Saint-Florent est bien documentée. Les sources la concernant foisonnent aux Archives départementales de Maine-et-Loire. Fondée fin du VIIIe siècle, l’abbaye de Saint-Florent connaît son apogée au Moyen Âge. Mais de quel Saint-Florent s’agit-il ?
En Saumurois il s’agit de Saint-Florent le Jeune ou Saint-Florent-lès-Saumur [Saint-Hilaire-Saint-Florent], séparée dès le IXe siècle de Saint-Florent-du-Mont-Glonne, située en aval en bord de Loire à une centaine de kilomètres. Cette scission est partie intégrante de la longue histoire de l’abbaye. Depuis cette époque, si les deux maisons ne font qu’un établissement, le titre d’abbaye revient à Saumur qui abrite le prieur. Saint-Florent-le-Vieil devient prieuré bien que par usage elle continue d’être appelée « abbaye ». Alors que la Réforme et les pillages iconoclastes avaient miné les deux maisons, l’arrivée des religieux mauristes en 1630 leur avait donné une nouvelle impulsion.
Cependant en 1790 les deux abbayes sont quasiment vides. Saint-Florent-le-Jeune ne recense plus qu’une dizaine de religieux et un musicien « pensionnaire », le sieur PROUST, serpent. Le district propose de lui attribuer une maigre pension de 50 livres.
La puissante abbaye de Fontevraud, distante d’une quinzaine de kilomètres de Saumur, dépendait quant à elle du diocèse de Poitiers. La cité monastique ne compte pas moins de sept à huit clochers, de nombreux édifices, de hauts murs ainsi qu’un bourg attenant. L’arrivée à Fontevraud impressionne autant par le caractère monumental de l’enceinte abbatiale que par la blancheur de la pierre. Le plain-chant est implicite à l’abbaye, confié à un chœur ou corps chantant anonyme derrière l’austère clôture d’où s’élèvent les voix.
L’abbaye est royale, mixte, régie par une mère abbesse, Mme de Pardaillan d’Antin. Elle est structurée en plusieurs espaces où deux monastères prédominent : le Grand Moûtier qui regroupe les moniales, l’âme de Fontevraud, tandis que les religieux - frères, prêtres – sont établis dans leur propre clôture de Saint-Jean-de-l’Habit. Chaque espace est hiérarchisé sous l’autorité de l’abbesse, puis d’une ou un prieur et de sous-prieurs. On y aperçoit chantre, sous-chantre, organiste.
Hors clôture, le logis de l’abbesse et le pensionnat sont les principaux lieux de musique de l’abbaye, mais d’une musique plutôt profane.
L’abbaye de Fontevraud est réputée pour son pensionnat qui accueille des jeunes filles issues de l’aristocratie. La musique y fait partie des enseignements, ainsi que la danse, la rhétorique, la théologie et la philosophie. Fontevraud a notamment accueilli entre 1738 et 1748 quatre des filles de Louis XV. Barthélemy de CAIX (1716-1795) – fils du violiste lyonnais François Joseph – a été leur maître de musique et elles y ont reçu de leur père un clavecin. Vers 1770 Pierre-Marie BOUCHER y exerce également comme maître de musique avant de poursuivre sa carrière à Chartres. Entre 1780 et 1790, les pensionnaires composent des pastorales données lors de la fête de Mme l’abbesse d’Antin. La copie d’une de ces piécettes d’un genre naïf est accessible aux archives départementales.
Dans la clôture, la tradition du plain-chant
Du Graduel de Fontevraud, dit d’Alienor de Bretagne datant du XIIIe siècle et conservé à Limoges, aux deux cérémoniaux des XVIIe et XVIIIe siècles, le plain-chant est prégnant. Jusqu’en 1790, la psalmodie d’origine a été perpétuée « jour après jour, année après année, siècle après siècle », ainsi que l’écrit le musicologue Daniel Saunier.
Trois orgues sont documentés à Fontevraud, dont deux à l’abbatiale du Grand Moûtier. Selon Patricia Lusseau (L’abbaye royale de Fontevraud…, 1986), un orgue de chœur, présent dès le XVe siècle, était joué sur demande de la prieure pour les fêtes de 1re et 2nde classes. Un grand orgue avait été édifié vers 1760. Le cérémonial du XVIIIe siècle précise que les deux orgues étaient joués en alternance avec le chant du chœur lors des grandes fêtes, afin de donner plus de solennité à l’office. L’abbaye accueillait des artistes dont Jean-Baptiste CLICQUOT (1678-1746), réputé y avoir joué de l’orgue.
L’inventaire de Saint-Jean-de-l’Habit répertorie en 1790 un orgue ainsi qu’un serpent.
Le monastère des frères de Saint-Jean-de-l’Habit conteste régulièrement l’autorité de l’abbesse. Il met à profit les évènements révolutionnaires pour s’affranchir définitivement de l’autorité féminine. Lors de l’inventaire du 30 avril 1790, les 22 frères profès se présentent par ordre hiérarchique en déclinant leur état civil ainsi que leur fonction. Mathieu Marie AUGER apparu en quinzième position seulement est dit « Grand » chantre ce qui interroge sur sa fonction. Jean Pierre de CAZES est diacre et sous-chantre. Quant à Benoit Antoine COLLETTE, il est frère convers et organiste, une position subalterne le plaçant juste avant le palefrenier. Aucun joueur de serpent n’est mentionné en 1790. Le dernier connu semble être Jacques CHAUFFIER, parti au Mans en 1756.
Le Saumurois abrite d’autres abbayes, dont aucune ne semble disposer d’orgues en 1790.
L’abbaye de Saint-Maur ou Glanfeuil, puissante abbaye médiévale reconstruite par les Mauristes en 1680-1685, n’abritait plus en 1790 que six religieux dont certains étaient francs-maçons actifs. Les abbayes d’Asnières et de Saint-Georges-sur-Loire sont quant à elles presque vides à leur fermeture en 1790.
• • • Les Mauges : vivier de chantres en terres brûlées
« Du Layon aux confins du pays de Rezé, de la Loire à la Moine, s’étendait un vaste territoire, les Mauges, […] destiné à être disputé sans cesse et dépecé par les gens de guerre. » Célestin Port (Dictionnaire historique..., « Introduction »).
Les Mauges occupent le sud-ouest de la province d’Anjou, partagées sous l’Ancien Régime entre les diocèses d’Angers, Poitiers et La Rochelle. Les Mauges sont pieuses, pauvres, attachées tant à leurs petites écoles qu’à leurs nombreux chantres de villages exerçant plusieurs métiers pour faire vivre leurs familles, figures emblématiques du chœur, officiant aux côtés du prêtre, chantant sur le livre en latin « d’une voix forte » (Xavier Bisaro), entourés d’enfants ou « choristes ». Une gloire équivoque a touché certains d’entre eux, tel le célèbre Jacques CATHELINEAU, dit le « Saint d’Anjou ».
• L’exception chemilloise
Implantée aux confins de l’Anjou, des Mauges et de la Vendée, Chemillé surprend par ses nombreuses églises et chapelles regroupées autour des vestiges du château. Le bourg de 4 100 habitants en 1790, jouit d’un dynamisme économique lié à ses foires, son commerce et ses nombreux tisserands.
L’historien situera également la ville par rapport aux guerres de Vendée et au « grand choc de Chemillé » de 1793 marqué entre autres par l’incendie de l’église Saint-Gilles et de la collégiale Saint-Léonard dont ne subsistent de nos jours que quelques vestiges.
L’installation de la collégiale Saint-Léonard et de son chapitre remonte au XIe siècle. Saint-Léonard, but de pèlerinages fréquentés, détient la relique de « la Sainte Larme du Christ que recueillit Madeleine quand il pleura Lazare ». Le chapitre, qui perçoit des revenus de 4 150 livres, est composé de neuf chanoines. Il fait figure d’exception dans le département de Maine-et-Loire – hors Angers – car il est le seul à disposer d’un corps de musique aussi complet.
Le jeune organiste Jean-Clément POIDEVIN a reçu une solide formation à la cathédrale d’Angers auprès de Pierre-Joseph COLLETTE et de Pierre VOILLEMONT. Il a été reçu à Saint-Léonard à sa sortie de la psallette en 1788.
Quatre psalteurs laïcs sont régulièrement recensés dans les tableaux de l’administration révolutionnaire qui va jusqu’à les qualifier de « républicains ». Comme c’est l’usage dans les autres collégiales, ils exercent une double activité de tisserand ou sabotier. En 1790 sont répertoriés Jean BRUNETIÈRE et Laurent BOURMEAU, originaires de Chemillé et des environs ; René BOMPAS et René LOISEAU sont quant à eux nés respectivement à Cholet et Angers. Leur rémunération de 300 livres annuelles est d’ailleurs équivalente à celle des collégiales angevines.
Les quatre enfants de chœurs sont fils de psalteurs : Charles BRUNETIÈRE, Martin BOURMEAU, Augustin BOMPAS et Pierre LACROIX, dont le père, Pierre LACROIX, était en service à la collégiale jusqu’à son décès en 1787. Ils sont rémunérés 92 livres par an, ce qui correspond peu ou prou aux appointements relevés à Angers pour de grands enfants de chœur.
• Cholet : trois églises paroissiales, des petites écoles et des tisserands
Sous l’Ancien Régime, la ville de Cholet dépendait du diocèse de La Rochelle. Son histoire mouvementée pendant la période révolutionnaire a éclipsé un dynamisme économique qui avait contribué à faire de Cholet la troisième ville du nouveau département (8 400 habitants). S’y côtoient bourgeois et riches négociants, tisserands et agriculteurs. La vie religieuse s’organise autour des deux principales églises paroissiales sans qu'aucun psalteur ou chantre n’ait été rapporté au district.
À bien examiner les rares sources disponibles, le chant d’Église est imparti à des régents-chantres exerçant au sein d’écoles paroissiales ou « écoles de charité ». En effet, les paroisses Saint-Pierre et Notre-Dame entretiennent chacune une école de garçons et de filles dont les maîtres ou régents exercent comme chantres à l’église. Leurs rémunérations sont maigres, oscillant entre 100 et 150 livres annuelles, ce qui impose un métier exercé en parallèle.
Les registres paroissiaux ont ainsi livré à l’église paroissiale Saint-Pierre les noms de Jacques SICARD (1721-1779) puis de son fils Jacques Laurent SICARD (1753-1831), maîtres d’école et maîtres chantres originaires de Cholet. Jacques MACÉ est cité comme maître d’école de la paroisse Notre-Dame lorsqu’il intègre le Comité révolutionnaire en 1794.
Les maîtres d’école et chantres de Cholet souscrivent aux idées nouvelles au contraire du clergé qui refuse majoritairement le serment. Jacques Laurent SICARD s’engage dans les « Bleus » puis s’installe avec sa famille dans le Saumurois vers 1795-1800. Il reprend alors son métier d’autrefois sous une autre terminologie – instituteur – et fera partie des petits notables.
• Beaupréau : un petit chapitre mal documenté
Beaupréau [prononcer Bôprô], située non loin de Cholet, 2 700 habitants, « avait deux églises paroissiales, une collégiale et un très petit chapitre. Il s’y fabriquait des mouchoirs, des toiles de Cholet », ainsi que l’écrit Prudhomme dans son Dictionnaire universel daté de 1804. Selon le Pouillé de 1783, le chapitre Sainte-Croix de Beaupréau était composé d’un chefcier et de six prébendes, à la présentation et collation du seigneur de Beaupréau, avec un revenu global de 2 000 livres.
Les sources étant lacunaires, il est difficile de circonscrire la vie musicale du chapitre dont la mission était avant tout pédagogique. Lors de sa fondation, il devait instruire vingt enfants pauvres dont six enfants de chœur. En 1774, le nombre des enfants est réduit à neuf – dont les six enfants de chœur –, placés sous la responsabilité du chanoine Louis Jacques PICHONNIERE. La ville s’est dotée parallèlement d’un autre centre d’instruction, un collège, fondé en 1710.
• Saint-Pierre-Montlimart
La bourgade de Saint-Pierre Montlimart [devenue Montrevaut-sur-Èvre] compte près de 1 500 âmes en 1790 et relève du district de Saint-Florent-le-Vieil. L’église Saint-Pierre est à la fois collégiale et paroissiale, a des revenus moyens de 1 790 livres par an. Le chapitre est constitué d’un « chefcier » et six prébendés. Le défaut de documents n’a pas permis d’identifier les "quatre psalteurs" inscrits dans les dépenses prévisionnelles du district moyennant 600 livres.
• Saint-Florent-le-Vieil, une « abbaye » et un chef-lieu de district
Perchée sur un promontoire dominant la Loire, l’église abbatiale de Saint-Florent accroche le regard. Elle est le cœur de la ville éponyme de 2 400 habitants qui s’est développée autour d’elle.
Fondée au VIe siècle, l’abbaye prend le nom de Saint-Florent-le-Vieil au IXe siècle, au moment de la constitution de la communauté de Saumur. Cependant, en 1790, l’abbaye s’est vidée et seuls sept religieux y résident.
Les Florentais fréquentent l’église Saint-Pierre, incendiée en 1793. La répartition entre les lieux des trois chantres et du serpent répertoriés par l’administration révolutionnaire laisse interrogatif. Le serpent MOUSSAULT exerce vraisemblablement à l’abbaye (situation analogue à celle de Saint-Florent de Saumur). Cependant les situations d’EMERIAU, à la fois chantre, sacriste et « répondant », et des chantres OGER et POISSONNEAU restent indéfinies.
Botz-en-Mauges est un village voisin de Saint-Florent-le-Vieil. Sans surprise, la voix d’un chantre résonne dans l’église paroissiale. Le sieur Jean GUIAIS est présent avec sa nombreuse famille, debout devant le lutrin, visible autant qu’audible. Il est un incontournable de la société villageoise. Ses gages modestes de 80 livres annuelles constituent un appoint à son métier de tisserand.
• Litanie des chantres de petits chœurs
Des exemples de psalteurs originaires des Mauges mettent en valeur le poids des pratiques cantorales du village en concordance avec celles de la ville. Les chapitres d’Angers recrutent volontiers leurs psalteurs dans le vivier de la Vendée angevine. Les plus belles voix, les plus talentueux accéderont à la cathédrale après des débuts obscurs au sein de leur modeste paroisse :
René BOMPAS (1747-1820) est originaire de Notre-Dame de Cholet qu’il ne quitte que vers 1787 pour rejoindre la collégiale Saint-Léonard de Chemillé jusqu’en 1790. Il y est psalteur et tisserand.
Pierre GEINDREAU, né à Cholet, a été reçu en 1765 comme gagiste à Saint-Pierre d’Angers avant d’en devenir officier de chœur. Il sera pensionné après 1790, poursuivra son activité dans d’autres paroisses d’Angers jusqu’au Concordat où la cathédrale semble l’avoir brièvement recruté.
L’église paroissiale de Saint-Laurent-sur-Sèvre a son chantre et maréchal taillandier, Jean-Baptiste CHAILLOU qui s’installe à Cholet en 1776 et officie dans la modeste église paroissiale Saint-Mélaine où il fait aussi fonction de sacristain.
Jacques LALLEMAND est originaire d’Andrezé, près de Beaupréau, qu’il ne quitte qu’après 1782 pour venir à Angers.
Étienne PAUVERT commence sa modeste carrière en proposant ses services à Martigné-Briand, avant de rejoindre Angers puis Nantes, Vannes, Luçon, La Rochelle…
Jean et René POHU, recrutés par la cathédrale, ainsi que Jean BOUSSION, sous-chantre de Saint-Martin d’Angers, sont tous trois originaires de La Poitevinière, bourg de 1 200 habitants voisin de Beaupréau.
De petites paroisses citent leurs chantres dont les gages sont inférieurs à 100 livres, tels Pierre LEDUC de Mozé, François BLOUIN et son fils de la Séguinière, Julien MARTIN de Chalonnes, GAUTREAU de Vauchrétien, DRILLAULT et MACÉ de Coron, Jean SERRÉ de Saint-Lambert de la Potterie, ROUILLER de Montrevault, etc. D’autres indiquent la fonction du chantre sans le nommer, comme aux Gardes ou Saint-Mélaine. La figure du chantre de campagne est ancrée dans le territoire angevin, explicite dans les Mauges, existant vraisemblablement au niveau de l’ensemble du département.
• • •
L’enquête Muséfrem reconstitue le schéma directeur de la musique d’Église en Maine-et-Loire en 1790 en retrouvant la plupart des musiciens éligibles à pension ou gratification, ceux-ci exerçant majoritairement à Angers. L’exercice de la « musique » est à son apogée en la cathédrale Saint-Maurice, tandis que les collégiales angevines restent fidèles à la pratique du plain-chant. Cette photographie ne saurait toutefois occulter un tissu musical dense, fait d’hommes et de femmes exerçant comme organistes dans des églises paroissiales ou des communautés religieuses dotées d’orgues, comme l’ancienne église prieurale de Cunault, les Cordeliers d’Angers et de Saumur, ou encore ces multiples psalteurs ou régents-chantres soutenant la liturgie des églises de campagne, probablement sur tout le département, mais de manière quasi systématique dans les Mauges où les registres paroissiaux les identifient volontiers comme tels.
Ainsi Muséfrem a identifié près de 135 musiciens et chantres d’Église exerçant en 1790 – dont six femmes organistes –, répartis entre la cathédrale Saint-Maurice, douze collégiales, treize abbayes, divers monastères ou couvents, et d'innombrables églises paroissiales. L’enquête naturellement reste à parfaire, bien des noms ayant inévitablement échappé aux investigations…
Béatrice BESSON-GUY,
Programme Muséfrem
(septembre 2019)
Mise à jour : septembre 2020
Le travail sur les musiciens de ce département a bénéficié des apports notamment de :
Xavier Bisaro (†), Jean-Marcel Buvron, François Caillou, Youri Carbonnier, Jehanne Crépin, Bernard Dompnier, Bernard Girard, Sylvie Granger, Isabelle Langlois, Christophe Maillard, Sarah Maugin…
Mise en page et en ligne : Sylvie Lonchampt et Agnès Delalondre (CMBV)
>>> Si vous disposez de documents ou d’informations permettant de compléter la connaissance des musiciens anciens de ce département, vous pouvez signaler tout élément intéressant ICI. Nous vous en remercions à l’avance.
L’amélioration permanente de cette base de données bénéficiera à tous.
Les lieux de musique d'Église actifs en 1790 dans le Maine-et-Loire
Les lieux de musique documentés pour 1790 dans le département sont présentés par diocèses et par catégories d’établissements : cathédrale, collégiales, abbayes, monastères et couvents, autres établissements (par exemple d’enseignement, de charité…), paroisses (ces dernières selon l’ordre alphabétique de la localité au sein de chaque diocèse).
Diocèse d’Angers
- Cathédrale
- Collégiales
- ANGERS, Collégiale Saint-Martin
- ANGERS, Collégiale Saint-Laud
- ANGERS, Collégiale Saint-Pierre
- ANGERS, Collégiale Saint-Maurille
- ANGERS, Collégiale de La Trinité
- CHEMILLÉ, Collégiale Saint-Léonard
- DOUÉ [LA-FONTAINE], Collégiale Saint-Denis
- JARZÉ, Collégiale Saint-Cyr et Sainte-Julitte
- MARTIGNÉ-BRIAND, Collégiale Saint-Simplicien
- SAINT-PIERRE MONTLIMART, Collégiale Saint-Pierre
- Abbayes, monastères et couvents
- ANGERS, Abbaye bénédictine du Ronceray (femmes)
- ANGERS, Abbaye mauriste Saint-Aubin (hommes)
- ANGERS, Abbaye mauriste Saint-Serge (hommes)
- ANGERS, Abbaye génovéfaine de Toussaint (hommes)
- ANGERS, Couvent des Cordeliers (hommes)
- ÉCOUFLANT, Abbaye cistercienne Notre-Dame du Perray-aux Nonnains (femmes)
- NYOISEAU, Abbaye bénédictine Notre-Dame (femmes)
- SAINT-FLORENT-LE-VIEIL, Abbaye mauriste de Saint-Florent du Mont-Glonne (hommes)
- SAINT-HILAIRE SAINT-FLORENT, Abbaye mauriste de Saint-Florent le Jeune (hommes)
- SAUMUR, Couvent des Cordeliers (hommes)
- SAUMUR, Collège des Oratoriens (hommes)
- SAUMUR, Couvent des Récollets (hommes)
- Églises paroissiales
- ANGERS, Église paroissiale Saint-Julien (rattachée au séminaire)
- ANGERS, Église paroissiale Saint-Maimbeuf
- ANGERS, Église paroissiale Saint-Michel du Tertre
- BAUGÉ, Église paroissiale Saint-Pierre & Saint-Laurent
- BEAUFORT, Église paroissiale Notre-Dame
- BOTZ-EN-MAUGES, Église paroissiale Saint-Gilles
- CHALONNES, Église paroissiale Saint-Maurille
- CUNAULT, Église paroissiale Saint-Maxenceul
- JUIGNÉ-SUR-LOIRE, Église paroissiale Saint-Germain
- MOZÉ-SUR-LOUET, Église paroissiale Saint-Samson
- LA POITEVINIÈRE, Église paroissiale Saint-Pierre
- LE PIN-EN-MAUGES, Église paroissiale Saint-Pavin
- SAINT-FLORENT LE VIEIL, Église paroissiale Saint-Pierre
- SAINT-LAMBERT-LA-POTHERIE, Église paroissiale Saint-Lambert
- SAINT-MÉLAINE-SUR-AUBANCE, Église paroissiale Saint-Mélaine
- SAUMUR, Église paroissiale Notre-Dame-de-Nantilly
- SAUMUR, Église « paroissiale » Saint-Pierre
Diocèse de Poitiers
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Diocèse de La Rochelle
- Églises paroissiales
- CHOLET, Église paroissiale Saint-Pierre
- CHOLET, Église paroissiale Notre-Dame
- LA SÉGUINIÈRE, Église paroissiale Notre-Dame
- LE LONGERON, Église paroissiale Notre-Dame
- SAINT-CHRISTOPHE-DU-BOIS, Église paroissiale Saint-Christophe
- SAINT-GEORGES DU PUY-DE-LA-GARDE, Église paroissiale Saint-Georges
Pour en savoir plus : indications bibliographiques
SOURCES IMPRIMÉES
- Affiches, annonces et avis divers d’Angers [et autres déclinaisons de ce titre], 1775-1794.
- Louise de BOURBON, Cérémonial de l’ordre de Fontevrauld, chez J. de Heuqueville, Paris, 1628.
- Madame CRADOCK, Voyage en France (1783-1786), Paris, 1896.
- Julien MARTIN, « Du rétablissement des maîtrises » (3e article), Revue et Gazette Musicale de Paris, n° 7, 1841, p. 51-52.
- Xavier PÉTIGNY, (de), Un bataillon de volontaires (3e bataillon de Maine et Loire) 1792- 1796, Angers, Germain et Grassin, 1908.
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BIBLIOGRAPHIE indicative
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- Christophe AUBERT, Le temps des conspirations : la répression politique en Maine-et-Loire entre 1814 et 1870, Coudray Macouard, Cheminements, 2006.
- Xavier BISARO, Chanter toujours, Plain-chant et religion villageoise dans la France moderne (XVe-XIXe siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010.
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- Bruno BLANVILLAIN, « La franc-maçonnerie en Anjou pendant la deuxième moitié du XVIIIe siècle », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, t. 92, n° 4, 1985, p. 411-418.
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- Joseph Henri DENÉCHEAU, www.Saumur-jadis.pagesperso-orange.fr.
- Dictionnaire de l’ordre monastique de Fontevraud https://dictionnaireordremonastiquedefontevraud.wordpress.co