LOBJOY, François (1743-1807)

Après avoir été enfant de chœur à la cathédrale Notre-Dame de Laon [Aisne] de 1751 à 1761, François LOBJOY se tourne vers le préceptorat et part pour les Provinces-Unies, où il épouse une ancienne comédienne. De retour en France, il se fait élire député de l'Aisne à l'Assemblée législative. En 1793, il sauve une précieuse icône qui paraissait promise à la destruction. Membre du Conseil des Anciens en 1799, il soutient le coup d'État de Napoléon Bonaparte et devient député du Corps législatif. Il meurt avant la chute de l'Aigle en 1807.

• 26 septembre 1743, Brancourt-en-Laonnois [Aisne] : François LOBJOY, fils de François Lobjoy (Lobjois dans l'acte de baptême), marchand mercier, et de Marie Jeanne Jacquemain, né le jour précédent, est baptisé. 

• [1751], Laon [Aisne] : François LOBJOY devient enfant de chœur à la cathédrale Notre-Dame. Il a eu pour maîtres Pierre DORLÉANS puis Joseph GARNIER.

• 26 mars 1759, Laon : Les chanoines de la cathédrale autorisent LOBJOY, enfant de chœur, à aller rétablir sa santé dans sa famille.

• 10 juin 1760, Laon : Le chapitre permet à LOBJOY, enfant de chœur, de s'absenter pendant dix jours.
• 17 décembre 1760, Laon : LOBJOY, ancien des enfants de chœur, est dispensé de tonsure rigoureuse.

• 20 mai 1761, Laon : Les chanoines accordent à LOBJOY, enfant de chœur dont les dix ans de service sont expirés, la récompense ordinaire et la fondation de M. Triplot. Ils consentent par ailleurs qu'en raison de la solennité de la fête du Saint Sacrement qui tombe le lendemain 21, il reste pendant l'octave à la maîtrise à cause des encensements qui sont à faire.

• 19 octobre 1768, Laon : Un certain LOBJOY, maître de quartier au collège de Louis-le-Grand, écrit au chapitre au sujet de la non-admission de l'enfant de chœur César Nicolas Alexandre ROBIN, jugé trop âgé. S'agit-il de François ? 

• 28 août 1780, Laon : Le chapitre accorde à Julien Bernard Dubois la chapelle choriale "sous l'invocation de tous les saints de la congrégation de la Madeleine [qui] est depuis longtemps vacante par la desertion de François L'Objeois, ancien enfant de chœur de cette église, qui depuis huit ans avoit changé d'état".

• 28 juillet 1782, La Haye [Provinces-Unies] : François LOBJOY, précepteur des enfants de l'ambassadeur de France Paul François de Quelen de La Vauguyon, épouse la chanteuse et actrice Rose Albertine Françoise Anselme, fille de Jean-Baptiste Anselme et de Françoise Gravillon, en l'église catholique romaine de l'Assendelftstraat. Née à Valenciennes [Nord] en 1740, issue d'une famille de comédiens, l'épouse de LOBJOY, connue sous le nom de scène de Rosette Baptiste, est installée aux Provinces-Unies depuis le début des années cinquante. En 1760, elle prend avec sa mère la direction de la Comédie française de La Haye. Avec Louis COMPAIN DES PERRIÈRES, premier chanteur de la Comédie, elle participe également à des concerts de cour. Entre 1760 et 1779, elle entretient une liaison avec un noble du parti orangiste, Jacob Jan van Wassenaer Obdam. 

• Mars 1784, La Haye : Rose Anselme trouve un compromis avec la famille de Jacob Jan van Wassenaer Obdam. Celui-ci avait consenti à sa maîtresse d'importants legs (une rente annuelle de 2 000 florins, une maison, la plus grande partie des biens mobiliers), mais mourut couvert de dettes en 1779. L'affaire réglée, LOBJOIS et sa femme rentrent en France.

• 19 septembre 1789, Colligis [Colligis-Crandelain, Aisne] : Le musicien florentin Jean-Baptiste ZINGONI assiste à l'inhumation du père de François LOBJOY, mort la veille à l'âge de 86 ans, en compagnie de Jacques Anselme, beau-frère de François. ZINGONI, qui a travaillé pour le compte du stathouder des Provinces-Unies, était un ami de LOBJOY et l'a suivi lorsque celui-ci a regagné la France avec sa belle-famille. La même année, une de ses messes est chantée à la cathédrale de Laon lors de l'inauguration d'un autel. Il mourra à Colligis en 1811 à l'âge de 91 ans.

• 1790 : LOBJOY est élu maire de Colligis.

• 8 septembre 1791-20 septembre 1792, Paris : François LOBJOY est député de l'Aisne à l'Assemblée législative (élu huitième sur 14, par 568 voix sur 580 votants).

• 17 mars 1792 : Il est l'auteur d'un rapport ayant pour objet d'obliger le Ministre des relations extérieures à communiquer les pièces officielles au Comité diplomatique. 

• 1792-1794, Laon : Il est vice-président du District.

• 22 novembre 1793, Laon : L'icône du treizième siècle appelée "Sainte Face" est transférée de l'église de La Neuville au siège du District (précédemment, elle se trouvait en l'abbaye de Montreuil). Pour éviter une possible destruction, François LOBJOY décide de la dissimuler. Plus tard, il dira à son ami Devisme sur le ton de l'humour que "la Sainte Face devait son existence et sa conservation à deux enfants de chœur de la cathédrale". Le premier était l'aumônier du pape Jacques Pantaléon de Troyes, qui aurait, d'après la tradition, envoyé l'image pieuse à sa sœur Sybille, abbesse de Montreuil, en 1249 (il devint lui-même pape en 1261 sous le nom d'Urbain IV). Le second n'était autre que LOBJOY lui-même, formé à la maîtrise de la cathédrale. L'icône sera remise aux administrateurs de la paroisse Notre-Dame lors de la réouverture de l'ex-cathédrale le 7 décembre 1795.

• 22 germinal an V (11 avril 1797) : Il est élu député le l'Aisne au Conseil des Anciens par 183 voix sur 205 votants.

• Novembre 1799 : LOBJOY adhère au coup d'État de Napoléon Bonaparte.

• 25 décembre 1799-6 septembre 1807, Paris : François LOBJOY est député de l'Aisne à l'Assemblée législative (nommé en décembre 1799 par le Sénat conservateur). Il est réélu le 17 février 1807.

• 21 avril-6 mai 1802, Paris : Il occupe le siège de président du Corps législatif. Le 6 mai, il prononce au Corps législatif un discours d'approbation du traité d'Amiens, qui rétablit la paix en Europe.
• 1802 : Il fait partie de la délégation qui félicite le Premier Consul d'avoir déjoué la conspiration de Cadoudal et de Pichegru.

• 26 novembre 1803, Paris : Il reçoit la Légion d'honneur.

• 6 octobre 1807, Colligis : François LOBJOY, membre du Corps législatif et de la Légion d'honneur, toujours marié à Rose Albertine Françoise Anselme, meurt à son domicile à l'âge de 64 ans. Le décès est déclaré le 7 par son neveu François Sieux, propriétaire, 30 ans, et son ami Jacques François Montois, président du canton de Craonne et maire de Trucy.
• 16 octobre 1807, Paris : Dans la Gazette nationale, Jacques François Laurent Devisme, procureur général du tribunal criminel de l'Aisne, lui rend un vibrant hommage. Il évoque "ses vertus douces, ses manières aimables, son extrême obligeance, [qui] lui gagnaient tous les cœurs". LOBJOY avait du respect pour ses adversaires politiques et laisse nombre d'amis parmi les plus hauts personnages de l'État. D'une immense culture, il était en train de terminer, au moment de sa mort, un ouvrage critique sur l'histoire antique sur lequel il travaillait depuis longtemps. Privé d'enfants, il savait néanmoins s'en faire aimer. Sa femme et lui formaient un couple uni : "On ne peut rien imaginer de plus touchant que cette émulation de soins et de complaisances qui régna constamment entre lui et sa digne et inconsolable compagne".

• 12 juin 1816, Colligis : Rose Albertine Françoise Anselme, propriétaire, décède. Les déclarants sont son frère Jacques Anselme, propriétaire, 84 ans, et son ami Jacques François Montois, chevalier de l'ordre royal de la Légion d'honneur et maire de Trucy, 57 ans.

Mise à jour : 21 décembre 2022