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Pour citer Muséfrem
COINDON, René (1762-1835)
Autre(s) forme(s) du nom : COHINDON
COÏNDON
Date(s) : 1762-12-14 / 1835-6-15
Dernier organiste de la cathédrale du Mans avant, et premier après la Révolution, René COINDON illustre plusieurs des facettes du métier de musicien d'Église, puisqu'il fut d'abord enfant de chœur puis organiste, puis, beaucoup plus tard, maître de chapelle. Venu de Poitiers au Mans, il s'implanta si bien dans sa nouvelle région qu'il termina sa vie comme maire d'un gros village et notable respecté vivant dans une belle maison de maître appelée "le château".
• 14 décembre 1762, Poitiers : René COINDON est baptisé à Saint-Hilaire-le-Grand. Il est le 4ème enfant et le 1er fils de Jacques Coindon et Marie Drouillau. Son père est maître cordonnier, mais il semble ensuite entrer dans l'administration puisqu'au moment du mariage de son fils (1790) il est dit "commis à l'intendance". Toutefois, il peut aussi s'agir alors d'une déclaration faussée par une stratégie de distinction...
• De 1769 à février 1780, Poitiers : René COINDON est éduqué à la psallette de la collégiale Saint-Hilaire-le-Grand par le maître de musique Thomas Claude BERTON. Le chapitre semble l'avoir en haute estime (acompte de 60 livres dès juillet 1778, puis forte gratification de sortie, faisant cadeau de l'acompte de 1778).
En avril 1776 son jeune frère Pierre Jacques COINDON est également reçu enfant de chœur à Saint-Hilaire-le-Grand, mais il en est renvoyé dès avril 1777.
• 1780 à 1785 : On ignore actuellement où René Coindon vit et exerce durant ces années. Peut-être occupe-t-il une tribune secondaire à Poitiers, en attente d'un poste plus lucratif.
À la fin d'octobre 1787, le chapitre de Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers verse 36 livres au Sr COINDON fils “pour certaines considérations” : même si à cette date-là René Coindon est déjà installé au Mans depuis un an et demi, il pourrait s'agir d'un paiement tardif pour des services ponctuels à l'orgue de la collégiale.
• Février 1786, Le Mans : René COINDON succède à Michel BOYER, lequel avait brièvement remplacé Louis Jacques MALLET, à l'orgue de la cathédrale Saint-Julien… Il y reste jusqu'à la suspension du culte (vers fin 1792). Peut-être continue-t-il à toucher l'orgue ensuite, au sein de la cathédrale devenue Temple de la Raison.
• Janvier 1790, Le Mans : René COINDON épouse Marguerite Deniau-Lamarre, fille d'un marchand de draps aisé, en présence du maître de musique, François MARC, et du serpent de la cathédrale, Jean-Baptiste CARTIER. À la naissance de son premier fils, René Jean Victor, dix mois plus tard, il se déclare lui aussi marchand. Quatre autres enfants suivront (1792, 1794, 1796, 1799). La naissance n°2 est déclarée par le musicien Jean BARILLET.
• 16 janvier 1791, Le Mans : Le Directoire lui refuse toute indemnité car il "jouit d'une fortune aussi solide que brillante". René COINDON traverse la période révolutionnaire en vendant du drap... et des leçons de piano.
• Après le Concordat, il redevient organiste de la cathédrale du Mans, au moins à partir de 1806.
• 17 janvier 1823, Le Mans : Devenu veuf, René COINDON épouse Pauline Lemercier, 23 ans, fille de Jacques LEMERCIER, qui chante la taille à la cathédrale, et nièce de Julien LEMERCIER, le maître de psallette.
• En 1824, René COINDON devient maître de chapelle de la cathédrale du Mans, son fils René Jean Victor lui succédant à l'orgue (dont il démissionne dès le 5 septembre 1826 "à cause du mauvais état de l'orgue"). René COINDON compose diverses pièces de musique. Un Regina Caeli de sa composition est conservé aujourd'hui (voir travaux Jean-Marcel Buvron). Mais il se heurte à de grandes difficultés, budgétaires et humaines. L’année 1824 est particulièrement difficile pour le chœur de musique de la cathédrale du Mans : les frères Charles et Étienne-Isidore RENOULT, basse-taille et haute-contre, meurent à trois mois d’intervalle.
• En 1831, René COINDON démissionne de son poste et quitte Le Mans pour Téloché (gros bourg au sud du Mans) où il a acheté une maison de maître. Il devient maire de la commune en décembre 1831 et meurt trois ans et demi plus tard, le 15 juin 1835, dans une commune voisine, Saint-Mars d'Outillé.
Son fils aîné, René-Jean-Victor, était devenu lui aussi professeur de piano, organiste, et poète. Il meurt dès 1840 au Mans, rue de Quatre-Roues.
Ce fils s'était marié le 16 décembre 1813 à Clermont-Créans avec Rosalie Quétin. De leur union naissent trois filles. L'aînée de celles-ci, née au Mans le 12 octobre 1814, est Victorine Rosalie Geneviève Coindon.
Le 29 janvier 1858, grâce à son héritage grand-paternel, cette petite fille de René COINDON achète une grande maison au Mans rue de la Barillerie, ancien hôtel particulier construit vers 1745 par un riche négociant en étamine, Cureau. Elle y installe un pensionnat et une école laïque pour filles qu’elle fait vivre et rayonner pendant plusieurs décennies. C’est là qu’elle s’éteint, le 16 novembre 1899, à l’âge de 85 ans. Dans son testament olographe du 1er juin 1893, Victorine Coindon lègue sa maison à la ville du Mans, à la condition expresse qu'elle soit affectée à une destination laïque et féminine. Revenu en mains privées un siècle plus tard, ce bâtiment est toujours connu au Mans sous le nom d'"Hôtel Coindon".
Même si plus personne ne connaît l'ancien enfant de chœur poitevin... son nom fait partie du patrimoine manceau.
Mise à jour : 2 octobre 2015