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Pour citer Muséfrem
RIBALLIER, Pierre Jean François, père (1752-1817)
Complément de nom : père
Autre(s) forme(s) du nom : RIBALIER
Date(s) : 1752-12-27 / 1817-10-11
"J'ai fait mon état durant 23 années, soit à St Tugal, soit à la Trinité et dans l'église des cidevant Cordeliers tout à la fois" écrit Pierre RIBALLIER en 1794. Issu du milieu de l'artisanat textile dominant dans la ville de Laval, il avait été formé à la musique comme enfant de chœur de la collégiale Saint-Tugal. Il fut le dernier organiste d'Ancien Régime de la Trinité de Laval, et le premier d'après le Concordat.
• 27 décembre 1752, Laval : Pierre-Jean-François RIBALLIER naît et est baptisé paroisse Saint-Vénérand. Il est le fils de Pierre François Riballier, tisserand, et de Marie Magdelaine Garnier. Ses parents s'étaient mariés le 26 février 1734, paroisse Saint-Vénérand. Le marié était alors dit tissier, comme son père, et son beau-père était lavandier. Néanmoins, il savait signer son nom. Le couple Riballier/Garnier avait eu au moins 8 enfants. Pierre-Jean-François est le dernier.
• [Vers 1760-1761 environ], Laval : Pierre RIBALLIER devient enfant de chœur à la collégiale Saint-Tugal.
• 8 octobre 1763 : Sa sœur Madeleine-Andrée se marie avec René-François Gentil, tisserand, paroisse Saint-Vénérand. Pierre RIBALLIER est présent et signe, sans précision sur son état du moment, de même que son autre sœur Jeanne. Jean DUCLOS, alors enfant de chœur à Saint-Michel, et son aîné de deux ans, signe également l'acte.
• 3 septembre 1770 : Son père, tisserand, âgé d’environ 60 ans, meurt paroisse Saint-Vénérand.
• 19 avril 1772, Laval : RIBALLIER, premier enfant de chœur de la collégiale de Laval, écrit au maître de musique de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon pour lui présenter sa candidature. Il dresse la liste de tous ses talents : il "touche un peu l’orgue", "chante avec goût", et joue du violon d'une "main assez brillante", quoique dit-il, il ne soit "pas grand violon". Il explique sa démarche : "je suis à placer et on me donne à chercher".
Sa requête de 1794 ne mentionnant pas de poste en dehors de Laval, il est vraisemblable qu'il ait été engagé à la Trinité dès sa sortie de la psallette (à moins qu'il n'ait patienté quelque temps en restant attaché à Saint-Tugal ?). On ignore à quel organiste il a succédé au poste d'organiste de la Trinité : Jean-Baptiste BOURLIER, né en 1734, y avait organiste "dans sa jeunesse", mais jusqu'à quand exactement ?
• 31 octobre 1780, Laval : En compagnie de François BOURDAIS et de Joseph Roullin, Pierre RIBALLIER "organiste de cette église" est témoin au mariage de Jean Georges VOGL, maître de musique, dans l'église de la Trinité. C'est une trace intéressante des liens que les musiciens d'église entretiennent avec la musique profane, voire mondaine.
• 18 août 1787, Laval : Sa mère, Marie Garnier, âgée de 72 ans, meurt et le lendemain est inhumée dans le cimetière de La Trinité en présence des sieurs François BOURDAIS, François Adam, Jean Carpantier et Jean Le Gentil, qui sont tous qualifiés d'amis. On peut penser que la défunte avait quitté Saint-Vénérand pour venir s’installer chez ou près de son fils, alors organiste de la Trinité.
• 1790, Laval : Pierre RIBALLIER est toujours organiste de l'église paroissiale de La Trinité et, secondairement, du couvent des Cordeliers. À la Trinité, il touche donc l'orgue "magnifique" entièrement reconstruit en 1770 par, dit-on, François-Henri CLICQUOT.
• Lors de la création de l'éphémère cathédrale constitutionnelle de Laval, dans l'église de la Trinité, Pierre RIBALLIER en devient l'organiste. On peut penser qu'il le reste jusqu'à sa suppression, vers la fin de 1793, lorsque la cathédrale devient Temple de la Raison.
• Au mois de novembre 1793, le bel orgue de la Trinité est détruit (mais la tribune sur laquelle il était installé subsiste).
• 14 février 1794, Laval : Riballier rédige une requête (autographe) au District pour obtenir une pension de retraite, il y met en avant 23 ans de service "soit à St Tugal, soit à la Trinité et dans l'église des cidevant Cordeliers tout à la fois", à Laval. Comment a-t-il calculé ces 23 années ? Si ses années d'enfant de chœur avaient été incluses, il arriverait à près de 30 ans en 1790, et à 33 lors de sa requête. S'il fait aller les 23 années évoquées jusqu'à fin 1793, alors cela suppose un début de carrière en 1770 (qui correspond peut-être à l'année de sa tonsure).
• 21 février 1794 : Sa pension est fixée à 133 livres 6 sols et 8 deniers par an, il est alors dit "ci-devant organiste de la Cathédrale de Laval".
• 28 février 1794 : Pierre-Jean-François RIBALLIER se marie. Il épouse "la citoyenne Jeanne Françoise Duchesne, marchande, née le 9 juin 1763" à Laval. Lui-même est dit simplement "musicien", et sa signature réaffirme cet état (le mot musicien est écrit en biais, au cœur du paraphe qui souligne son nom). On remarque la présence à ce mariage de François BOURDAIS, l'ancien maître de Saint-Tugal, lui aussi dit sobrement "musicien".
• Entre 1792 et 1798, Pierre RIBALLIER constitue son dossier : serment de Liberté et d'Égalité (25 septembre 1792, il y est mentionné "organiste à la Cathédrale"), de Haine à la Royauté (16 septembre 1797 où il est mentionné comme "pensionnaire de l'état"), Certificat de Résidence/vie/Individualité (avec témoins, 24 juin 1798), un deuxième d'individualité (26 juin 1798, où il est dit "organiste"), et un Serment de non rétractation (5 juillet 1798, où il est désigné comme "organiste"). Le dossier comporte également un extrait de naissance.
• En 1798, son signalement est le suivant : "taille de cinq pieds 7 pouces, cheveux et sourcils chatains les yeux roux bouche moyenne nez moyen menton rond visage plein"...
• 21 octobre 1798, Laval : Pierre RIBALLIER, musicien, demeurant [rue du] Val de Mayenne, assiste et signe au mariage de son neveu, le citoyen François LE GENTIL, musicien, qui demeure également rue du Val de Mayenne, avec la citoyenne Marie-Jeanne-Renée-Françoise Noury, marchande, Grande Rue.
• Selon l'abbé Angot, Pierre RIBALLIER serait qualifié en 1799-1800 d'"imprimeur du Département domicilié rue Renaise n°289". Angot ne pense pas qu'il s'agisse alors d'une reconversion professionnelle, mais seulement que Riballier aurait alors servi de prête-nom au titulaire de ce poste emprisonné pour incivisme.
• 8 septembre 1800 [21 fructidor an VIII], Laval : Le citoyen Pierre-Jean-François RIBALLIER, maître de musique, rue du Val de Mayenne, déclare la naissance d'un fils né la veille, prénommé Pierre-Charles. Il signe en terminant son paraphe par une clé de sol…
• 1806, Laval : La fabrique de la Trinité achète un nouvel orgue qui, aux dires d'Isidore Boulier, était "trop faible" et même "fort mesquin", car initialement construit pour un local bien plus petit que la Trinité, dont la vaste tribune a été conservée. Ce petit orgue d'occasion, qui provient peut-être d'un couvent parisien (selon J.-Y. Rublon), est installé par le facteur d'orgues Jean-Baptiste SCHWEICKART (ancien élève de Karl-Joseph RIEPP).
Pierre RIBALLIER en redevient l'organiste, tout en vivant de leçons de musique. Il est bien attesté comme organiste de La Trinité au milieu de l'année 1807.
• 22 août 1807 : M. RIBALLIER l'organiste demande et obtient l'autorisation de faire lever un des panneaux de vitrages de l’église de la Trinité du côté du nord sur la tribune de l’orgue "pendant le temps de chaleur". Il a alors 55 ans.
• Durant l'année 1812, RIBALLIER reçoit 300 francs en tant qu'organiste de La Trinité de Laval.
• 11 octobre 1817 : Son neveu François LE GENTIL, devenu "marchand", déclare à la mairie le décès de Pierre RIBALLIER, survenu à cinq heures du matin, à son domicile, rue du Val de Mayenne. Il était professeur de musique, et époux de Jeanne-Françoise Duchesne.
Son fils, Pierre Charles RIBALLIER, a alors tout juste 17 ans : il succède directement à son père. Il est ensuite régulièrement attesté comme organiste de la Trinité dans les comptes de la fabrique. Selon Jean-Yves Rublon, il le restera jusqu'en 1853, date où il se brouilla avec la fabrique et quitta Laval pour aller tenir l'orgue de la cathédrale de Soissons.
L'orgue installé à La Trinité en 1806 y resta en fonction jusqu'en 1852, date de son remplacement par l'orgue actuel de CAVAILLÉ-COLL. Toujours selon Jean-Yves Rublon, le vieil orgue peut-être parisien sera alors transféré par Cavaillé-Coll dans l'église de Saint-Pierre d'Oléron, où il existe toujours. Sur un tampon de laye (partie inférieure du sommier de l’orgue, qui abrite les soupapes et emmagasine l’air que les porte-vents lui envoient de la soufflerie) on voit écrit le nom de RIBALLIER....
Mise à jour : 28 janvier 2016