MILLIÉ, Jean (1708-1785)

Jean MILLIÉ, fils et frère de musiciens dans le ville épiscopale de Béziers [Hérault], était déjà reconnu comme joueur d'instrument quand il se maria à l'âge de 22 ans. Mais, au contraire de son père qui exerça comme maître de musique à la cathédrale Saint-Nazaire et Saint-Celse jusqu'à un âge avancé et de son jeune frère qui y détiendra plus longtemps encore un poste de basson, il finit par intégrer, au milieu du XVIII^e siècle, l'activité du commerce.

• 24 septembre 1708, Béziers [Hérault] : Jean MILLIÉ est "présenté aux cérémonies de baptême" dans l'église Saint-Félix. Cependant, le registre paroissial indique qu'il est né le 15 août et qu'il a été ondoyé trois jours plus tard. Mais ce qui surprend bien davantage, c'est que ses parents, Bernard MILLIÉ, fils aîné du maître menuisier Jean Millié et de Marie Calvet, et Jeanne Lafosse, fille du maître boulanger Honoré Lafosse et de Anne Fabre, se sont épousés ce même 24 septembre à Sainte-Magdelaine. Le prêtre qui a rédigé l'acte de baptême de leur enfant, peut-être un peu exaspéré par cette situation, n'a pas pris la peine de nommer les parrain et marraine. Néanmoins, il est aisé de comprendre que ce sont les deux premiers de la liste des "présents", le grand-père paternel et la grand-mère maternelle, qui ont rempli cette responsabilité auprès de leur petit-fils.

• 3 mai 1729, Béziers : Jean MILLIÉ, musicien, épouse Cécile Prax à l'église Saint-Félix. Cécile est la fille de défunt Pierre Prax et d'Élisabeth Hugues. Une anomalie surgit du côté du marié : voilà que la mère de Jean MILLIÉ est nommée Jeanne "Onorate" et non pas Jeanne Lafosse. Les actes de baptême des enfants du jeune couple apportent-ils un éclaircissement? Deux mois après ce mariage, soit le 17 juillet 1729, naît Bernard. Son père est toujours musicien, comme Bernard, le grand-père, qui lui transmet son prénom en tant que parrain. Mais le 18 juillet 1730, à la naissance de Jeanne, la marraine est de nouveau "Jeanne Honorat, épouse de Bernard MILLIÉ". Pour Joseph qui est baptisé le 31 mai 1751, il est présenté par sa tante maternelle Marie Millié avec son mari Joseph Bouisset. Or, en 1739, les époux Bernard MILLIÉ, le maître de musique, et sa femme Jeanne Lafosse, sont présents au mariage de leur fille Marie avec ce Joseph Bouisset. Nul doute que Jean MILLIÉ, l'époux de Cécile Prax, est bien le fils de Bernard, le maître de musique. Les patronymes "Honorat" et "Onorate" indument attribués, seraient-ils une féminisation occitane de Honoré, le prénom du maître boulanger, peut-être davantage utilisé que son patronyme Lafosse?

• 1729-1754 : MILLIÉ et Cécile Prax ont fait baptiser onze enfants à l'église Saint-Félix. Un an après la naissance de Bernard, est née Jeanne, puis Jean en décembre 1731 et Pierre qui meurt en juillet 1739 à l'âge de deux ans. Jean-Baptiste reçoit le baptême le 15 juin 1745, en présence, comme beaucoup de ses frères et sœurs, de son grand-père, le maître de musique Bernard MILLIÉ. Deux ans s'écoulent avant la naissance de Anne. Puis, ce sont Françoise en 1750, Joseph le 31 mai 1751, un second garçon prénommé Jean-Baptiste le 7 novembre 1752 et Anne le 30 juin 1754. Jean MILLIÉ, leur père, est qualifié de musicien jusqu'au baptême de son fils Joseph. Mais en 1752 et 1754, on le dit marchand.

• 10 mai 1769 : Il est toujours marchand quand sa fille Françoise épouse, à Saint-Félix, Antoine Royère, marchand et fils de marchand.

• 16 juillet 1776 : Il est "consul de cette ville". Avec Cécile, il accompagne leur fille Marie qui prend pour époux un jeune marchand de broderie, le sieur Roch Aurières. Quatre marchands et un négociant forment le groupe des témoins. Jean MILLIÉ vit pleinement dans le milieu professionnel du commerce.

• 13 janvier 1785 : Il est enterré au cimetière de la paroisse Saint-Félix, à l'âge de 77 ans. Le rédacteur note sur le registre qu'il était marchand et marguillier de cette paroisse, mais n'évoque pas son passé de musicien. Tout au contraire de Jean-Baptiste MILLIÉ,  son frère cadet, qui décéda en décembre de cette même année et fut instrumentiste jusqu'à la fin de sa vie.

Jean MILLIÉ est demeuré fidèle à l'église Saint-Félix de son enfance. Il semble, au contraire, avoir abandonné le métier de musicien depuis une trentaine d'années. Mais qui est donc ce prêtre nommé Millié et commis à plusieurs reprises pour officier aux grands événements de la famille, notamment aux mariages de Françoise et de Marie, en 1769 et 1776 ?

Mise à jour : 2 mars 2021