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Pour citer Muséfrem
COURIOT, Guillaume (1761-1829)
Autre(s) forme(s) du nom : COURRIOT
COURRIOL
COURIOLLE
COURIOL
Date(s) : 1761-5-31 / 1829-3-21
Guillaume COURIOT offre l'exemple d'une trajectoire de vie brisée. Après une formation en tant qu'enfant de chœur, il a commencé une carrière normale de musicien d'Église, s'est marié et établi au Mans... Mais des accusations de vol réitérées l'envoient au bagne, à deux reprises.
• Guillaume COURIOT naît le 31 mai 1761 à Brûlon [Sarthe]. Il est fils d'un "marchand" de village. Son parrain est le curé d'une grande paroisse voisine, Loué. Ce parrain jouera-t-il un rôle dans l'entrée du jeune garçon à la psallette de la cathédrale ?
• [Vers 1768-vers 1780], Le Mans : Guillaume COURIOT est enfant de chœur à la Cathédrale Saint-Julien pendant douze ans, ce qui est la durée normale de service à la psallette de la cathédrale mancelle. Il y est formé d'abord par Jean-Baptiste BOURGOIN, puis par trois éphémères maîtres successifs (François COUET, Jean-Charles BIZANNE, Louis DOUGLAS) et enfin, plus longuement par René LEMERCIER à partir d'août 1773.
• 2 juin 1780, Bourges : Clerc tonsuré du diocèse du Mans, Guillaume COURIOT reçoit une attestation du chapitre Saint-Étienne de Bourges pour avoir "chanté dans notre église pendant quelques mois". On peut penser qu'il quitte alors la ville de Bourges. Les "quelques mois" n'ont peut-être duré que de Pâques à juin.
• 31 juillet 1780, Rennes : Le sieur "COURIOLE" est reçu choriste de la cathédrale de Rennes, aux gages de 25 sols 6 deniers par jour. Il est chargé de chanter le plain chant et la musique. Quelques jours plus tard, il reçoit 24 livres pour ses frais de voyage, sans qu'il soit précisé d'où il arrive. Il s'agit vraisemblablement de Guillaume COURIOT.
• Le 2 octobre 1780, le sieur "COURIOLLE" qui est dit "choriste et Musicien de la cathédrale" de Rennes, obtient du chapitre une petite avance de 9 livres.
• [À partir de 1782 environ], Le Mans : Si l'on en croit sa requête de fin 1790 "expositive" qu'il a servi la cathédrale du Mans "l'espace de vingt ans, savoir douze ans comme enfant de chœur et huit en qualité de Musicien", Guillaume COURIOT serait devenu musicien du chapitre de la cathédrale Saint-Julien vers 1782.
Les registres capitulaires de cette période sont perdus, ce qui interdit toute vérification nette. Néanmoins, son engagement au Mans correspondrait parfaitement à l'épisode raconté par le chanoine Nepveu de La Manouillère dans son journal : le jeune et ambitieux LESUEUR "qui tient la Psalette depuis le 12 May dernier" [1782] se plaint au chapitre manceau "qu’il n’y avoit point de Musiciens pour rendre sa Musique". Le chapitre prend des mesures énergiques : en quinze jours "on a arresté ou fait venir trois Musiciens". Parmi ceux-ci, on identifie Jean BARILLET ("une haute-contre qui est bon musicien, mais dont la voix est faible"). Guillaume COURIOT est très vraisemblablement la "haute taille très bonne" dont le chanoine diariste précise : "c’est un jeune homme qui sort d’estre enfans de cœur". En faisant abstraction des deux ans durant lesquels le jeune homme a vicarié, cela correspond à son profil. Quant au troisième homme recruté, "une taille dont la voix n’est point forte", il n'a pas été identifié avec certitude. Le diariste conclue "ils sont tous bons musiciens".
• 24 novembre 1787 : Guillaume COURIOT, "musicien de la Cathédrale", est parrain d'une fille d'André GAILLOURDET, baptisée paroisse Saint-Vincent. La marraine est Rose Pouce, future accusatrice de Couriot en 1796-1797.
• 1er juillet 1788, Le Mans : Guillaume COURIOT épouse Marie-Louise Cosson, fille d'un ancien meunier de Montbizot, un village du nord du Mans, manifestement installée en ville, où elle est peut-être domestique. C'est le curé de Neuvillette, cousin germain de l'époux, qui célèbre le mariage, à l'autel du Crucifix dans la cathédrale Saint-Julien.
• 1790, Le Mans : Guillaume COURIOT est toujours musicien de la cathédrale Saint-Julien du Mans, à 705 livres de gages annuels. Contrairement à d'autres, sa spécialisation n'est jamais spécifiée et il est le plus souvent qualifié de musicien sans précision. Sous la direction de François MARC, il y chante aux côtés de Martin-Antoine ARNOULT, André Louis CLAUSE, de Jean BARILLET, Jean-Baptiste FRANÇOIS et Pierre VILLETTE. Le chant est soutenu par les serpents Jean-Baptiste CARTIER, Antoine-Firmin DURAND et René LEMERCIER, ainsi que par François PICHON au violoncelle, et par René COINDON à l'orgue.
• 27 mai 1790, Le Mans : Lors du baptême de leur fils Guillaume, paroisse Saint-Vincent, le père est dit "musicien", sans précision.
• [fin 1790], Le Mans : Guillaume COURIOT, musicien de la cathédrale, adresse une requête aux administrateurs du district du Mans afin d'obtenir une pension. Le 16 janvier 1791, le district estime qu'il mérite une pension viagère de 150 livres.
• 1er octobre 1792, Le Mans : Le département lui octroie seulement une gratification de 700 livres.
• 1er janvier 1793, Le Mans : Avec CARTIER, CLAUSE, DURANT et FRANÇOIS, tous également anciens musiciens de la cathédrale, Guillaume COURIOT est musicien de la garde nationale, sous la direction de François PICHON. Chacun reçoit 200 l / an.
• Thermidor an III (août 1795), Le Mans : Guillaume COURIOT, "musicien du Mans", et Marie Cosson, qui avaient été accusés de vol par le ci-devant chanoine Le Royer des Forges, sont acquittés.
• En septembre 1797, Guillaume COURIOT est à nouveau accusé de vol (de tissus à des comédiens, place des Halles, vol commis dans la nuit du 27 au 28 janvier 1796). Après un procès à Laval, il est condamné à six heures d'exposition aux regards en place publique à Laval, puis à seize ans de travaux forcés… Sa femme, acquittée, demande et obtient le divorce (janvier 1798).
• Revenu au Mans en 1817, Guillaume COURIOT vit avec un ancien forçat libéré, et va de temps en temps, à pied, passer quelques jours près d'Angers chez un autre camarade de bagne. Il est condamné à nouveau en 1824, pour divers vols dans des pavillons de jardin, et cette fois à perpétuité en tant que récidiviste.
• Il meurt le 21 mars 1829 à l'hôpital du bagne de Brest.
Mise à jour : 16 janvier 2019