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ROMAGNESI, Antoine Joseph Michel (1781-1850)

ROMAGNESI, Antoine Joseph Michel (1781-1850)

État civil
NOM : ROMAGNESI     Prénom(s) : Antoine Joseph Michel      Sexe : M
Autre(s) forme(s) du nom : ROMAGNESY
Date(s) : 1781-9-1   / 1850-1-9 
Notes biographiques

Entre ses 7 ans et ses 12 ans, Antoine Michel Joseph ROMAGNESI, natif de Paris, sert deux églises en tant qu'enfant de chœur, la cathédrale de Soissons (1788-1790) et la paroisse parisienne Saint-Séverin. Sans doute a-t-il bénéficié des réseaux de protection de son père, un peintre assez connu ayant perdu la vue. Le jeune homme renoue à la fin de l'Empire avec la musique après un passage aux armées et dans les bureaux de la Guerre. Doué pour la composition de romances de salon, il doit néanmoins approfondir sa formation musicale sous les auspices de musiciens célèbres comme CHORON et CAMBINI. Ses tentatives de percée à l'Opéra-Comique échouent mais il se fait une solide réputation grâce à son enseignement et à ses méthodes de musique. Il devient éditeur de musique et fait partie du Tout-Paris musical sous la Monarchie de Juillet.

• 1er septembre 1781, Paris : Antoine Michel Joseph ROMAGNESI vient au monde ; il est baptisé le lendemain en l'église paroissiale Saint-Laurent. Il est le fils de Michel, peintre académicien, et d'Antoinette Élisabeth Chassey qui demeurent faubourg Saint-Martin. Le couple s'est uni dans la même paroisse le 11 février 1772. Un contrat a été signé devant le notaire Pierre Étienne Collet le 2 février précédent.

Sa famille est originaire de Ferrare en Romagne et commence son élévation en 1672 grâce au prince Luigi Sforza qui récompense les mérites militaires de Marc Antoine et d'Augustin Romagnesi. Augustin suit le duc de Mantoue en France et s'y fixe. Ses deux fils, Marc Antoine et Augustin, sont naturalisés par le roi Louis XIV en 1693. Michel Romagnesi, fils de Marc Antoine, effectue une carrière artistique. En 1750, c'est un peintre reconnu comme semble l'admettre Natoire, "Ses portraits étaient bons de couleur et vrais de ressemblance". En 1766, il est reçu maître peintre sculpteur de l'Académie de Saint-Luc mais devient rapidement aveugle. Une pension lui permet néanmoins de vivre et de se consacrer à la poésie.

• [1788]-1790, Soissons [Aisne] : Le jeune garçon est enfant de chœur à la cathédrale Saint-Gervais-et-Protais. La perte des registres capitulaires empêchent de connaître avec précision la date et les modalités de recrutement. Il est formé à son arrivée par Charles DENNERY mais l'on ne connaît pas le nom du maître de musique en 1790. Le poste était peut-être vacant. L'étape soissonnaise est confirmée par l'auteur de la notice parue dans la "Biographie universelle et portative des Contemporains".

• 1791-Janvier 1793, Soissons [Aisne] : Il sert la nouvelle structure cathédrale et paroissiale Saint-Gervais comme enfant de chœur.

• [Fin 1792], Soissons : Avec les sept autres enfants de chœur Nicolas Philippe DEMONCHYGabriel Ambroise Théodore ROBERTLouis François Auguste PERMAGEOT, Jacques Antoine LEROYJean Stanislas LEVERDLouis NIVELLE et Joseph CHARPENTIER, il demande une gratification à titre d'indemnité pour la perte de son état. 
• 4 février 1793, Soissons : Le conseil permanent du Département de l'Aisne arrête que conformément à l'article 9 de la loi du premier juillet 1792, un mandat de 300 livres sera délivré aux six premiers pétitionnaires (dont il fait partie) à titre de gratification sur le receveur du District de Soissons. Quant à leurs lit et linge, il n'y a pas lieu de délibérer. NIVELLE et CHARPENTIER n'obtiennent rien car leur admission est postérieure à la suppression du chapitre. Cette délibération prouve que ROMAGNESI a bien été reçu avant la suppression du chapitre en 1790. 

• 1793, Paris : Il revient ensuite dans la capitale et devient l'un des quatre enfants de chœur à la paroisse Saint-Séverin. Il se lie avec Alexandre Étienne CHORON, qu'on présente comme maître de chapelle de cette église, qui lui enseigne les mathématiques dans la perspective d'être reçu à Polytechnique. Son jeune âge, il n'a pas les seize ans exigés, fait échouer ce projet.
• 25 juillet 1793, Paris : Sa mère meurt.

• [1795-1799] : Antoine Michel Joseph ROMAGNESI entre vers 1795 dans les bureaux de Jean Guillaume Locré de Roissy, qui vient d'être nommé secrétaire-rédacteur du Conseil des Anciens, poste que ce personnage occupe jusqu'en 1799.

• [1799-1800] : Il sert de secrétaire au général François Leigonyer, affecté à l'armée de l'Ouest en tant que membre de la direction des hôpitaux [ce dernier a été nommé en 1799 et il est réformé en 1800]. Fétis indique qu'au début de 1803, il obtient un "grade de lieutenant dans les équipages de l'armée des côtes de l'Océan". La chronologie de cette période reste incertaine.

• [1801-1804], Paris : De retour dans la capitale, ROMAGNESI tient les livres chez un négociant, puis à l'agence des receveurs-généraux, supprimée en 1804.

• [1805-1806] : Il devient secrétaire du comte d'Empire Pierre Daru, et fait avec lui la campagne d'Autriche. Daru a été nommé commissaire général de la Grande Armée. En novembre 1805, il est nommé grand intendant d'Autriche sous les ordres de Clarke, gouverneur. Son rôle est de lever des contributions de guerre et de faire exécuter le traité de Presbourg. ROMAGNESI est de retour en France, à Strasbourg, en février 1806.

• [1806-1808] : Selon Fétis, ROMAGNESI accepte au début de l'année 1806 une place de commis chez l'éditeur de musique LE DUC dont CHORON était l'associé. Ce dernier l'aide à corriger ses fautes d'harmonie dans les accompagnements pour piano qu'il compose à cette période. Il étudie pendant trois ans la composition musicale [il analyse les partitions d'opéras italiens de l'époque] sous la direction du violoncelliste Giuseppe Maria CAMBINI et prend un maître de solfège. Enfin, c'est GÉRARD, professeur au Conservatoire de Paris, qui lui donne des leçons de chant.

• 1808 : "ROMAGNESI, à Paris, rue Pinon n° 14", figure parmi les souscripteurs des "Principes de Composition des Ecoles d'Italie : Adoptés par le Gouvernement Français pour servir à l'instruction des Elèves des Maîtrises de Cathédrales" d'Alexandre CHORON, publiés chez Auguste LE DUC.

• 1808-1816 : Il travaille dans les bureaux du ministère de la Guerre. "Des suppressions ayant été ordonnées sous le prince Berthier, Romagnési devait être conservé, tandis qu'un de ses amis, père de famille et n'ayant que son emploi pour subsister, se trouvait compris dans l'exeat du ministre. Romagnési qui avait déjà eu quelques succès en musique par la publication de ses romances O douce Nuit, et Depuis long-temps j'aimais Adèle, etc, n'hésita pas à demander qu'on le congédiât et qu'on donnât sa place à son ami, ce qu'il obtint".

• 5 février 1813, Paris : Son père s'éteint à son tour.

• 1815 : Il compose un opéra pour l'Académie royale de Musique, "La Guirlande", sur un livret de Marmontel mais "mais M. Choron, son ancien maître, alors chargé de la direction de ce spectacle, l'ayant perdue peu de temps après, l'ouvrage ne put être joué".

• 1816 et années suivantes, Paris : Antoine Michel Joseph ROMAGNESI commence à se consacrer exclusivement à la musique et publie jusqu'en 1828 près de "deux cents Romances, Nocturnes, Duos et Trios, des Contredanses. et une Fantaisie pour le piano. La plupart de ces compositions ont eu beaucoup de vogue, et l'ont méritée par la grace, l'esprit et la fraîcheur de la mélodie. [...] Ses chants suaves, harmonieux, constamment appliqués à des poèmes souvent de lui, se trouvèrent sur tous les pianos, devinrent la proie des orgues de barbarie et sont encore la providence des vaudevillistes" [C. F. Vergnaud-Romagnési]. Certaines romances sont passées à la postérité comme Le chien du régiment. Parallèlement, il donne des leçons de chant et de musique à des élèves de prestige comme la reine Hortense, la duchesse de Berry, la duchesse d'Aumale.

• 1818, Paris : Il devient éditeur et marchand de musique et s'installe au 8, rue Richelieu. Il publie, au commencement de chaque année, un recueil d'Étrennes musicales, très recherché des amateurs.

• 1819 : Pierre Jean de Béranger compose le texte de L'Exilé. ROMAGNESI en fera une version à deux voix à une date inconnue.

• 27 Juillet 1822, Paris : ROMAGNESI fait représenter au théâtre Feydeau son opéra-comique en trois actes, "Nadir et Sélim ou les Deux artistes" sur des paroles de M. Justin Gensoul. "Cet ouvrage, qui se distinguait surtout par une mélodie abondante et pure (qualité qui devient de jour en jour plus rare, parce qu'il est plus difficile à des hommes sans génie de faire du chant que des accords mathématiques), obtint quinze représentations. Un début aussi flatteur aurait encouragé M. Romagnesi à suivre avec ardeur la carrière dramatique, si les tracasseries que l'esprit de coterie lui fit éprouver me l'eussent forcé de retirer sa pièce, et, de renoncer aux succès qu'il devait se promettre encore". Selon C. F. Vergnaud-Romagnési, cet opéra rencontra "un succès mérité, mais les exigences des acteurs, et surtout d'une actrice, qui voulait qu'il substituât un morceau plein de naturel et d'à-propos un grand air à roulades et à tour de force, l'engagèrent à retirer son œuvre du théâtre". Il s'agit sans doute de madame Ponchard qui chante le rôle de Délia, "jeune esclave, amante de Sélim", le peintre chanté par M. Alexis. Nadir, le musicien, est chanté par M. Ponchard. L'action de passé à la cour du nabab de Lahore, dans l'empire des Indes. C'est M. Darancourt qui chante le rôle du roi Olkar et M. Vizentini, celui du chef des eunuques. On lit sur la partition que "le rôle de Nadir quoiqu'il a été crée par Mr Ponchard, appartient à l'emploi des Martin comme à celui des amoureux. C'est à MM. les Directeurs des théâtres de départements à distribuer ce rôle de la manière qu'ils jugeront la plus convenable". Fétis mentionne cet ouvrage comme étant une "faible production".

• 2 septembre 1828, Paris : Antoine Michel Joseph ROMAGNESI, compositeur et éditeur de musique, âgé de 47 ans, demeurant au 9 rue Saint-Marc, se marie avec Amélie Marie Clothilde Chirat, 32 ans, en présence de Jean-Baptiste Guillaume Goyer Duplessis, avocat à la cour royale de Paris, 40 ans, Charles Nicolas BAUDIOT, premier violoncelle de la Musique du Roi, 55 ans, demeurant 22 rue d'Artois, de Bernard Gibert, 65 ans, rentier et de Laurent Fauré, comédien du Roi, 48 ans, rue Neuve des Petits-Champs. Tous signent.
• Octobre 1828, Paris : La revue L'Abeille musicale commence à paraître. C'est un "journal mensuel de chant avec piano et guitare" qui sera publié jusqu'en 1839, auquel collabore ROMAGNESI, qui écrit également dans dans revues musicales dont Le Troubadour des Salons.

• 1830, Paris : Un autre opéra-comique en un acte de ROMAGNESI, "Trois jours en une heure", ne rencontre pas non plus le succès. Il avait été monté dans la foulée des journées de Juillet en collaboration avec Adolphe ADAM.
• 1830 : Selon le Musée virtuel de la musique maçonnique, ROMAGNESI est franc-maçon. Cela serait attesté par la dénomination de Frère qui lui est donnée dans de nombreux documents, notamment dans La Lyre des Francs-Maçons parue cette année-là. Elle publie de lui un Cantique de banquet. D'autres œuvres maçonniques auraient été composées en 1812-1814, un Cantique de la Rose-Croix, un hymne sur les vertus maçonniques. Deux partitions de lui ont été retrouvées, datant de 1816, élaborées pour la Saint-Jean-d'Été de la loge d'Anacréon, un chant maçonnique pour l'inauguration d'un buste de Louis XVIII et un chant anacréontique. En 1821-1822, il aurait composé la musique d'une cantate sur réunion de l'Écossisme français et américain, une autre cantate pour les Obsèques maçonniques du comte de Valence, ainsi que celle d'une complainte d'un Chevalier Rose-Croix.

• 1832, Paris : ROMAGNESI "établit une maison de commerce de musique destinée au chant, il y publia une collection complète de ses romances, en 3 volume gr. in-4°" [Fétis].

• 9 janvier 1843, Paris : Antoine Michel Joseph ROMAGNESI prend rang parmi les chevaliers de l'ordre royal de la Légion d'Honneur, son titre est signé le 27 décembre 1845.

• 1846, Paris : Il publie L'Art de chanter les romances, les chansonnettes, les nocturnes, et généralement toute la musique de salon, accompagné  de quelques exercices de vocalisation, et suivi de dix romances pour servir d'application à la méthode, chez Duverger, 1846, in-8°, 32 pages avec 24 pages de musique puis la même année chez le même éditeur une Psychologie du chant. Méthode abrégée de l'art de chanter contenant des exercices de vocalisation et de mélodie de genres différents, in-8° de 40 pages avec 22 pages de musique. On présente généralement ces publications autour de l'art de chanter les romances et la musique de salon "comme des principes appliqués à des méthodes telles qu'ils les savait faire et chanter, et dont les paroles sagement pensées, bien écrites, d'un goût pur, sont encore rendues plus remarquables par la musique appliquée à la poésie".

• 9 janvier 1850, Paris : Antoine Joseph Michel ROMAGNESI, compositeur de musique, chevalier de la Légion d'Honneur, meurt à l'âge de 68 ans, à deux heures du matin en son domicile, au n° 41, rue du Faubourg Montmartre. Ansart Daubigny, avocat, 44 ans ans, demeurant rue de Louvois, n° 2, et René Joseph Romagnesi, sculpteur, 35 ans, demeurant rue du Faubourg St-Martin, n° 111, neveu du défunt, déclarent un peu plus tard le décès. "Il s'était endormi paisiblement le soir, et sans avoir été malade, il ne se réveilla plus" [Fétis]. Ses obsèques ont eu lieu à l'église Notre-Dame-de-Lorette. "Son modeste convoi était accompagné d'artistes, de musiciens et de littérateurs. M. Samson, de la Comédie-Française, a prononcé quelques phrases sur sa tombe, et M. Boulatignier, conseiller d'état, a exprimé avec une profonde émotion, les regrets et les adieux de ses nombreux amis". Au moment de son décès, "il était occupé, à la bibliothèque nationale, au classement général des nombreux morceaux de musique entassés dans ce vaste établissement. Qui finira cette tâche laborieuse à laquelle il donnait tous ses soins ? Romagnési laisse un opéra inédit et à peine terminé, et diverses autres compositions poétiques et musicales, dont sa veuve bonne cantatrice elle même, fera sans doute jouir le public" [C. F. Vergnaud-Romagnési, qui fait paraître à Orléans une "Notice biographique sur M. Romagnési" peu après la mort de ce dernier]. Le corps du défunt est inhumé au cimetière de Montmartre le 10 janvier.

Mise à jour : 12 février 2023

Sources
Biographie universelle et portative des Contemporains [...], 1834 ; F-Ad02/ Q 789 ; F-Ad75/ 5MI1/ 2054 ; F-Ad75/ 5Mi1 1405 ; F-An/ F19/1128 ; F-An/ F19/1259/1 ; F-An/ LH/ 2376/ 3 ; F-BnF/ site Gallica  ; F-Filae ; F.J Fétis, Biographie universelle des musiciens [....], 1870 ; Notice biographique sur M. Romagnési [...], 1850 ; Site Musée virtuel de la Musique Maçonnique

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