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JOROT, Philibert (1753-1818)
Autre(s) forme(s) du nom : JORROT
JOREAU
Date(s) : 1753-5-12 / 1818-3-22
Né dans une famille de vignerons installée dans un faubourg de Beaune, le petit Philibert JOROT était destiné à devenir vigneron. Mais à l'âge de 7 ans, il est reçu enfant de chœur à la collégiale de Beaune. À partir de là, et toute sa vie, il sera musicien. La Maison du Colombier, face à l'église Notre-Dame, peut, encore aujourd'hui, parler de lui.
• 12 mai 1753, Beaune [Côte d'Or] : Fils de Philibert Joreau, vigneron du faubourg de Perpreuil, et de Marie Paquelin, Philibert JOROT est baptisé le lendemain, 13 mai, paroisse Sainte-Marie-Madeleine de Beaune. Tous les protagonistes de l'acte sont vignerons ou enfants de vignerons. Seule la marraine sait signer.
• 18 juillet 1760, Beaune : Après un concours qui a fait se confronter six garçons, Philibert JOROT "natif du fauxbourg Magdelaine" est reçu enfant de chœur à la collégiale Notre-Dame de Beaune, à la place laissée vacante par la sortie de Nicolas ROZE. Le maître est alors le sieur MICHEL, qui le reste jusqu'en mai 1762. Parmi les enfants de chœur alors présents à la maîtrise se trouvent plusieurs futurs musiciens tels Pierre FAVIER, Louis GAGNEROT, Joseph JOLY…
• 31 juillet 1762, Beaune : Un nouveau maître arrive à la collégiale, Lazare GOOSSENS. Philibert JOROT et lui vont collaborer sans discontinuer jusqu'à la Révolution, à des postes divers.
• 15 novembre 1765, Beaune : À la suite d'un concours, deux nouveaux garçons arrivent à la maîtrise, Gaspard SAUSSET et Pierre DESFORGES. Avec eux aussi, le compagnonnage musical sera durable.
• 28 mars 1767, Beaune [Côte d'Or] : Après le mariage de Lazare GOOSSENS, qui lui a fait perdre la maîtrise collégiale, les enfants de chœur voient arriver un nouveau maître de musique, Nicolas SAVART.
• 3 février 1768, Beaune : Nicolas SAVART annonce brutalement qu'il a accepté la maîtrise de Saint-Martin de Tours. Il est aussitôt remplacé à Beaune par Nicolas ROZE. C'est avec lui que Philibert JOROT va terminer ses derniers mois de formation maîtrisienne.
• 10 novembre 1768, Beaune : JOROT, l’aîné des enfants de chœur, est licencié à cause de la mutation de sa voix. Et aussi, sans doute parce que Louis GAGNEROT, le marguillier, vient d'être brutalement renvoyé : le jour même de son licenciement de la maîtrise, JOROT est nommé pour exercer la fonction de marguillier du chœur pendant un an. Il disposera d’une maison. Il a alors quinze ans et demi.
• 7 août 1771 : JOROT, qualifié de "chorial", obtient du chapitre collégial le remboursement de 10 livres qu'il a dépensées pour faire venir de Dijon des embouchures et anches pour le serpent et le basson "dont il joue quelquefois au chœur". Il est alors âgé de 18 ans et sa vocation musicale s'affirme.
• 7 août 1772, Beaune : Après le départ du sieur ALOTTE maître de musique, c'est JOROT qui est chargé de veiller sur les enfants de la maîtrise, tandis que Lazare GOOSSENS est commis pour s'occuper de la musique et des célébrations de l'Assomption. Cette répartition des tâches dure jusqu'à l'arrivée du nouveau maître, Laurent DUPUIS, mi-décembre 1772. Le jeune homme a alors 19 ans et demi.
• Mai 1773 : JOROT est associé à LEVESQUE pour chanter le graduel lors d'une grande messe célébrée dans l’église de Saint-Baudel. Il le chante debout et est cité en exemple à LEVESQUE qui, lui, est resté assis... Philibert JOROT a vingt ans.
• 15 juin 1774 : C'est JOROT, chorial, qui est chargé d'aller chercher les enfants de chœur qui ont fait une fugue collective jusqu'à Nuits, à une quinzaine de km, et se sont cachés dans la maison de la mère de l'un d'eux, PERROTIN. Le chapitre verse ensuite 6 livres à Jorot pour cette expédition. On peut lire dans cet épisode la confiance que lui accorde le chapitre, et deviner qu'il joue un rôle de sous-maître des enfants de chœur, sans en avoir le titre. Il a 21 ans.
• 12 août 1774 : Philibert JOROT est choisi pour être le parrain du petit Philibert, baptisé à Notre-Dame, fils de "sieur Jean Louis LEVESQUE musicien à la collégialle de Beaune, y demeurant, et de Reine Leblanc". Il est dit "aussy musicien en cette église".
• 7 août 1776, Beaune : JOROT "gagiste, ayant dessein de se mettre en ménage", en informe le chapitre et obtient de lui la fixation de ses gages à 24 livres par mois, soit 288 livres / an, pour remplacer ce qu'il touchait antérieurement dans les distributions capitulaires. Ce faible salaire suppose l'exercice d'une autre activité en parallèle. Cette laïcisation de son statut entraîne des changements dans sa fonction : de chorial il devient gagiste. Depuis le départ du maître Laurent DUPUIS en avril 1775, c'est Pierre FAVIER, prêtre habitué, qui gère les enfants de chœur, et Jorot ne semble plus du tout s'en occuper.
• Il se marie sans doute courant août 1776, avec Huguette Deschaux. La jeune femme est enceinte : leur premier enfant, François, est baptisé paroisse Saint-Pierre de Beaune le 3 mars 1777. La marraine est la grand-mère paternelle, Marie Pathelin/Paquelin, veuve de Philibert Jorot vigneron.
• Février 1777 : On apprend incidemment que JOROT est "chargé de chanter" la messe de paroisse avec GRATTEPANCHE, lequel, malade, n'y est guère ponctuel.
• 27 juin 1777 : GRATTEPANCHE est remplacé par LEVESQUE gagiste, pour chanter les messes de paroisse, toujours en binôme avec JOROT. Ils auront pour cela 24 livres par an chacun.
• 5 octobre 1777, Beaune : Le chapitre de la collégiale Notre-Dame accorde un congé de huit jours à PERRIER et de trois jours à JOROT.
• 1778-1782, Beaune : Plusieurs autres enfants Jorot voient le jour dans les années suivantes : Émiland, futur musicien, le 25 mai 1778, Anne le 28 août 1779, Louis le 12 janvier 1781, Françoise le 4 juin 1782... Lors de chacun de ces baptêmes, Philibert JOROT est dit "musicien à Beaune" sans que son poste à la collégiale soit mentionné, ce qui laisse supposer que ses activités musicales étaient plus larges que son service à Notre-Dame. Les parrains et marraines sont choisis en dehors du bas chœur, dans le milieu des marchands et maîtres artisans urbains. Parmi eux, on peut signaler le parrain de janvier 1781, Louis Bonnet, sculpteur. Le couple Jorot/Deschaux pratique la mise en nourrice de ses enfants dans des villages proches : Anne meurt âgée de quinze jours à Aubaine (au nord-ouest de Beaune), et Louis à un mois à Puligny-Montrachet (au sud-ouest).
• 10 août 1780 : En tant que marguillier du chœur, JOROT est chargé d’allumer les cierges, couvrir et découvrir l’autel, ainsi qu'aller chercher "le feu nécessaire pour les encensements qui se font lorsqu’on chante les cantiques Magnificat et Benedictus". En cas d'absence de Jorot, le chapitre souhaiterait le faire remplacer par le grand enfant de chœur, mais Pierre FAVIER, toujours chargé des enfants de chœur, n'y est pas favorable car cela le dissiperait beaucoup.
• 30 avril 1781, Beaune : Avec plusieurs autres musiciens, JOROT signe un avis concernant les trois cloches de la collégiale qui sont discordantes entre elles. Les autres experts consultés sont GUILLERMIER l'organiste, DURAND, FAVIER, CHAUFFETET, GOOSSENS, PERRIER, ESCARD, DESFORGES, Jean [Pierre] GAUTHEY et Amable BAS.
• 1er novembre 1783 : Le sieur JOROT, marguillier du chœur, étant tombé malade, le chapitre demande au sieur MEULDRE, prêtre et musicien, de le suppléer dans ses fonctions.
Il semble que Jorot ait ensuite repris ses fonctions. Il reste en tout cas au service du chœur et de manière active.
• Avril 1785 : JOROT, musicien, ayant acquis une maison rue Bussière qui dépend du chapitre, celui-ci lui fait remise d'une partie des lods et vente et d'une dette de 54 livres, en raison de son assiduité au chœur. Il s'agit sans doute déjà de la maison aujourd'hui dite du Colombier, puisque la rue Bussière est l'actuelle rue Charles-Cloutier, vers laquelle ouvre la façade de la maison (voir ci-dessous, en 1794 et en 1818).
• 15 mars 1786, Beaune : Philibert JOROT, "musicien en cette ville", et son beau-père François Deschaux, maître tourneur à Beaune, assistent à l'inhumation au cimetière de la paroisse Saint-Pierre d'une fille Jorot née, ondoyée et décédée la veille.
• Jusqu'en 1790 : Philibert JOROT est toujours au service de la collégiale de Beaune comme gagiste. Tout au long de l'année 1790, il est souvent présent et signataire aux sépultures de la paroisse Notre-Dame, desservie dans l'église collégiale.
En 1790, au chœur de Notre-Dame de Beaune, on trouve six musiciens sous la direction du maître de musique ÉVRARD : Léonard BALONCHARD, Jean-Baptiste FOURCHOTTE, Philibert JOROT, Jean-Louis LEVÊQUE, MÉRANDON et Gaspard SAUSSET. À cet effectif s'ajoutent l'organiste Jean-Nicolas MORISSET, un certain nombre "d'habitués" comme Pierre DESFORGES, Jacques DROUHIN, GAUTHEY et François DURAND, ainsi que d'anciens enfants de chœur ayant le statut de "chorial" et mobilisés les dimanches et fêtes comme Claude TRUCHEUR ou Jacques-François CHAMPEAUX.
• 25 septembre 1790 : Sur la demande des sieurs JOROT et SAUSSET "musiciens de cette église", les chanoines leur accordent huit jours "pendant lequel temps ils seront tenus présents", c'est-à-dire qu'ils seront comptés comme étant présents au chœur et en toucheront donc les distributions.
Le district estime que Philibert JOROT mérite une pension de 300 livres.
• Selon Ch. Aubertin (Quelques renseignements sur la musique & les musiciens à Beaune, 1891), Philibert JOROT et Jacques BRICKER, organiste à Saint-Pierre, auraient été musiciens de la Garde nationale beaunoise dès sa création en mars 1790. Aubertin décrit Jorot comme "violoniste et clarinettiste habile, artiste renommé à son époque".
• 7 messidor an II (25 juin 1794), Beaune : Lorsque, à l'issue de la Terreur, son ami l'ancien clerc habitué Pierre DESFORGES se marie avec Pierrette Rigey, Philibert JOROT est l'un des quatre témoins présents. Il demeure "rue Diogène" [rue Bussière, actuelle rue Charles-Cloutier, il s'agit donc toujours de la maison dite du Colombier].
• 19 thermidor an VI (6 août 1798), Beaune : Son fils Émiland, 20 ans, se marie avec une très jeune fille (16 ans), Jeanne-Marie-Michèle Delorme, fille d'un "négociant" de la ville. Philibert JOROT et son épouse sont présents. Parmi les témoins, on remarque Pierre DESFORGES, devenu "instituteur en cette commune section de l'unité" – ce qui confirme les liens d'amitié entre les deux familles –, ainsi que deux artisans (chaudronnier, poëlier) et un aubergiste.
• Vers 1800-1802, Beaune : "À la réouverture de l'église", selon Ch. Bigarne, Philibert JOROT est chargé, avec Pierre FAVIER, de l'instruction musicale des enfants de chœur. DESFORGES est nommé "chef de chœur". À ses côtés chantent FAVIER et "BINGER", tandis que TRUCHEUR joue du serpent. La structure musicale de l'église Notre-Dame devenue paroissiale repose donc essentiellement sur d'anciens enfants de chœur de la ci-devant collégiale.
Selon Ch. Aubertin, "dans les premières années de l’Empire", Philibert JOROT et son fils Émiland font partie des musiciens actifs à Beaune. Émiland JOROT aurait été formé par son père "dans l’étude du violon, de la clarinette et de la flûte". Sont également cités par Aubertin comme musiciens dans ces mêmes années Émiland MOUGIN, dijonnais, et Louis CUINIER, ainsi que l'ancien organiste alsacien Jacques BRICKER, Pierre DESFORGES devenu maître de chapelle à Notre-Dame, et trois violonistes, "Denis" CHAUVENET, Nicolas DAUNAS et le jeune Sébastien DIOT.
• 6 mars 1810, Beaune : Philibert JOROT "musicien demeurant à Beaune, 58 ans aieul paternel de l'enfant" accompagne son fils Émiland déclarer à la mairie la naissance d'un nouvau fils "auquel il a déclaré donner le prénom de Philibert". On peut supposer que Philibert en est le parrain.
• 23 avril 1810, Beaune : Avec son épouse Huguette Deschaux, Philibert JOROT, "professeur de musique et propriétaire", se rend chez le notaire Morelot pour y faire dresser acte de leur consentement au mariage de leur fils aîné, François. Celui-ci, devenu sculpteur, s'est installé depuis huit ans à Marseille. Le 19 mai 1810 il y épouse une jeune Marseillaise de pas encore 17 ans, fille d'un menuisier.
• 22 mars 1818, Beaune : Philibert JOROT, "musicien", s'éteint à quatre heures du matin, en son domicile, rue du Pont Notre-Dame. L'acte de décès, dressé le jour même, le dit "époux de Huguette Dechaux" et précise sa date de naissance.
Selon le CAUE de la Côte d'Or, la Maison du Colombier (XVIe siècle), monument emblématique de Beaune avec sa haute tour octogonale en poivrière et son échauguette, aurait appartenu à "un influent professeur de musique, Philibert Jorot-Déchaux" (Le Bien Public, 27 juillet 2014). En effet, la rue du Pont-Notre-Dame, devenue pendant la Révolution "la rue du Pont-de-la-Raison", est l'actuelle rue Édouard-Fraysse, sur l'autre côté de la maison par rapport à la façade de la rue Charles-Cloutier.
Lorsque, le 28 août 1832, Émiland JOROT, toujours musicien lui-même, vient déclarer le décès de sa mère, Huguette Deschaux, survenu la veille à l'âge de 81 ans, il la dit "veuve de Philibert JOROT musicien". L'identité musicale de Philibert JOROT ne s'est pas estompée.
Mise à jour : 20 février 2018